Enseignante en CFA pharmacie

Celui ou celle qui pense que les travaux pratiques se résument à suivre une recette de cuisine ont le don de faire sortir de ses gonds Solange Laugier. « J’explique à mes élèves que la pratique est de la pharmacie galénique, c’est-à-dire la fabrication du médicament. De plus, la manipulation de substances chimiques, de toxiques et de poisons permet de comprendre la responsabilité de l’acte de délivrance au patient, revendique Solange. Je veux leur faire comprendre que l’on ne fait pas des crêpes ! »

Solange débute sa carrière pédagogique dès l’obtention de son BP, incitée par ses professeurs. La jeune diplômée, reçue troisième de l’académie, enseigne alors les reconnaissances, la botanique, puis le commentaire technique écrit et la galénique. Cumulant pendant dix ans enseignement et comptoir, elle se consacre exclusivement à ses 200 élèves à partir de 1982. Mais désormais, le diplôme de préparatrice ne lui confère le droit d’enseigner que les travaux pratiques, et la galénique sur dérogation. Lorsqu’elle est nommée responsable du laboratoire de travaux pratiques en 1996, elle prend l’initiative d’appliquer à la lettre la législation de l’officine, non seulement pour des raisons de sécurité mais aussi dans un souci pédagogique. « Je dois rendre le cours attrayant et attirer les élèves dans l’univers de leur futur métier afin qu’ils soient opérationnels », explique Solange, qui tient par-dessus tout à révéler les potentialités de ses élèves. Son activité hebdomadaire consiste à cumuler 22,5 heures de « face-à-face pédagogique », c’est-à-dire de cours, avec 12,5 heures « d’activités liées » comprenant l’organisation des travaux pratiques, les visites d’entreprises, mais aussi la négociation et l’achat des matières premières. « Ce n’est pas en enseignant que l’on gagne beaucoup d’argent », dit-elle. L’enseignement de la peinture – Solange a exposé au palais des Papes avec d’autres peintres d’Avignon – et son sens de la psychologie développé dans la pratique font d’elle un interlocuteur apprécié des maîtres d’apprentissage. « J’essaie de faire coïncider le profil de l’élève à celui de l’officine qui l’emploiera, je ne vois pas l’intérêt de l’enseignement uniquement pour faire de l’enseignement. » Mais au bout de 29 ans de cérat de Galien et de glycérolé d’amidon, comment renouvelle-t-elle son intérêt ? Si le rêve de Solange est de se consacrer un jour entièrement à son art, elle avoue que la diversité des individus l’intrigue toujours et que les nouveaux profils d’élèves titille sa curiosité. D’ailleurs Solange Laugier est penchée sur son nouveau dada, l’assurance qualité dans les travaux pratiques.

Solange Laugier

1954 : naissance en Tunisie.

1973 : CAP d’aide-préparateur.

1975 : BP de pharmacie à Avignon (Vaucluse). Apprentissage à la Pharmacie Desruelles (Gard).

1975 à 1981 : professeur au CFA d’Avignon et préparatrice en officine.

1981 : enseignante en galénique et travaux pratiques au CFA de pharmacie, désormais géré par la chambre de commerce d’Avignon. Prend la direction du laboratoire de travaux pratiques en 1995.

1987-1991 : école des beaux-arts (histoire de l’art et arts plastiques).

1992-1994 : formatrice en arts plastiques à Villeneuve-lès-Avignon (Gard).