Délivrance Réservé aux abonnés

« Quels apports en fluor pour les enfants ? »

Publié le 1 avril 2004
Par Aurélia Milan
Mettre en favori

Si le fluor est efficace contre les caries, la supplémentation fluorée ne doit plus être systématique, estiment l’Afssaps et l’Union française pour la santé buccodentaire. Tout dépend de l’âge et des habitudes hygiénodiététiques de l’enfant.

Des posologies adaptées à l’âge

En renforçant la résistance de l’émail aux attaques bactériennes et acides, le fluor est un oligoélément qui joue un rôle essentiel dans la prévention de la carie dentaire. C’est pourquoi, jusqu’à présent, les pédiatres prescrivaient systématiquement des compléments fluorés de la naissance jusqu’à 12 ans. Aujourd’hui, les experts sont plus nuancés. Pour éviter tout risque de surdosage et d’apparition de fluorose (taches blanches sur les dents), ils recommandent un apport en fluor sous des formes et des posologies adaptées à l’âge de l’enfant et à sa susceptibilité à la carie. Quant à la prescription de fluor chez la femme enceinte, en vue de consolider les futures dents de bébé, elle n’a plus aucune raison d’être.

De 0 à 2 ans

Préférer les compléments fluorés

L’apport en fluor ne pouvant se faire sous la forme de dentifrice, à cet âge, la prise de compléments fluorés suivant les prescriptions du pédiatre est recommandée, à condition de ne pas utiliser de sel fluoré et de faire boire à bébé des eaux dont la teneur en fluor ne dépasse pas 0,3 mg/l. Les parents doivent donc choisir des bouteilles portant la mention « Convient pour la préparation des aliments des nourrissons ». S’ils utilisent l’eau du robinet, recommandez-leur de demander à la DDASS le taux local de fluor. En France, si 85 % du territoire produit une eau fluorée à moins de 0,3 mg par litre, certains départements comme l’Aisne ou la Gironde fournissent une eau trop fluorée pour la consommation quotidienne des jeunes enfants.

De 2 à 6 ans

Un bilan fluoré avant toute supplémentation

Il est souhaitable que les parents demandent au dentiste de faire un bilan personnalisé des apports journaliers de leur enfant. Le fluor pouvant provenir du dentifrice, de l’eau de boisson, du sel et des aliments (notamment la pomme, la salade, l’œuf), il lui faut analyser les habitudes alimentaires et buccodentaires de son jeune patient. Il pourra ainsi adapter la prescription de complément fluoré et éviter les surdosages.

La teneur en fluor du dentifrice ne doit pas dépasser les 500 ppm/100 g (50 mg/100 g). Rappelez qu’il est important d’apprendre à l’enfant à ne pas mettre trop de dentifrice sur sa brosse (la valeur d’un petit pois suffit) et à bien se rincer la bouche. On estime en effet que les petits avalent 80 % du dentifrice utilisé.

Après 6 ans

Le dentifrice fluoré suffit le plus souvent

Le dentiste choisira ou non de continuer à prescrire des compléments fluorés à l’enfant en fonction de son bilan fluoré mais aussi des résultats de son test salivaire. Ce test, à effectuer au cours de la sixième année, permet d’évaluer, d’après une simple analyse de la salive, le risque de carie dentaire sur une échelle de 1 à 14.

Publicité

Le dentifrice doit être dosé maintenant entre 1 000 et 1 500 ppm/100 g. Rappelons qu’après 12 ans, la minéralisation des dents étant terminée, il est inutile de continuer à prendre des compléments.

Le scellement des sillons, une méthode efficace et remboursée

Depuis une vingtaine d’années, les dentistes ont mis au point une méthode préventive contre la carie, le « scellement des sillons ». Encore trop peu connue du grand public, elle consiste à recouvrir les sillons dentaires d’une résine protectrice invisible. En obturant les moindres interstices, ce vernis va empêcher les déchets alimentaires de s’y accumuler et les bactéries de s’y développer. Totalement indolore, cette technique est depuis peu intégralement prise en charge par la Sécurité sociale lorsqu’elle est pratiquée sur les dents définitives.