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La grippe

Publié le 1 novembre 2004
Par Florence Bontemps
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La plus souvent bénigne et guérie en quelques jours, la grippe atteint 2 à 8 millions de Français chaque hiver. Elle est surtout préoccupante chez les personnes âgées ou fragiles, pour lesquelles la vaccination est recommandée.

Définition

La grippe est une maladie respiratoire virale très contagieuse. Fièvre, douleurs musculaires, sensation de malaise ou céphalées surviennent en une ou deux heures, clouant les patients au lit. Le plus souvent bénigne, la grippe peut être grave, entraînant parfois le décès de patients âgés ou fragiles.

But du traitement

La prévention par la vaccination est le premier traitement envisagé pour les patients à risque et certainement le plus efficace. Il existe aussi des médicaments antiviraux utilisés en prophylaxie ou en traitement curatif pour écourter l’infection. Le repos, les antalgiques, les antipyrétiques et les antitussifs visent à soulager le malade.

Vaccination

Trois souches de virus

Tous les vaccins injectables utilisés en France sont des vaccins inactivés : le virus est cultivé sur œuf de poule embryonné puis tué, par exemple par action du formol. On injecte des fragments de virus et des antigènes de surface du virus qui provoquent la production d’anticorps. Les vaccins associent trois souches de virus influenzœ (deux souches de type A et une souche de type B). Certains sont associés à un rappel de vaccination contre le tétanos.

Immunité annuelle

La vaccination est renouvelée tous les ans à l’automne à cause des mutations du virus. La composition du vaccin tient compte des dernières souches en circulation. Les anticorps apparaissent deux à trois semaines après la vaccination et l’efficacité est de l’ordre de 70 à 90 % chez les personnes en bonne santé de moins de 65 ans. Si l’efficacité est un peu moins bonne chez les personnes âgées, elle limite les complications graves (pneumonies…) et les décès.

Les vaccins

Indication : toute personne voulant éviter la grippe. La vaccination est recommandée aux personnes de plus de 65 ans, celles souffrant d’une affection qui les rend vulnérables (insuffisance respiratoire ou cardiaque, asthme…), enfants vulnérables (asthme…), professionnels de santé et personnes en contact avec des personnes fragiles pour éviter la transmission du virus. Contre-indications : allergie vraie aux protéines de l’œuf (les vaccins contiennent des traces de protéines d’œuf) ou aux dérivés mercuriels (pour les vaccins contenant du thromesal comme conservateur) ; maladie fébrile ou infection aiguë (la vaccination sera reportée). Administration : l’injection se pratique en sous-cutané ou intramusculaire. Exception faite pour le vaccin Gripguard qui s’injecte exclusivement en intramusculaire (car il contient un adjuvant qui amplifie la réponse immunitaire). L’injection est unique chez l’adulte et l’enfant de plus de trois ans. Chez l’enfant de moins de trois ans, on injecte une demi-dose puis une deuxième demi-dose un mois plus tard, sauf si l’enfant a déjà été vacciné ou s’il a déjà eu la grippe auparavant. Effets secondaires : parfois une douleur locale ou une induration au point d’injection ou un peu de fièvre et un malaise général qui disparaît spontanément.

Les antiviraux

Inhibiteurs de la neuraminidase

Les inhibiteurs de la neuraminidase sont des antiviraux utilisés en prophylaxie et/ou traitement curatif. Le zanamivir et l’oseltamivir peuvent écourter la grippe débutante à condition d’être pris suffisamment tôt. Ils agissent au moment de la phase de multiplication du virus, c’est-à-dire dans les premières 18 heures de la grippe, empêchant la multiplication du virus. Une fois passés les deux premiers jours, le virus s’est déjà abondamment répliqué et les inhibiteurs de la neuraminidase sont inefficaces. Leur prescription n’est pas indispensable et ils ne sont pas remboursés. En période d’épidémie chez les personnes non vaccinées ou vaccinées depuis moins de quinze jours, l’oseltamivir peut être utilisé en prophylaxie pour quelques jours ou quelques semaines.

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Zanamivir (Relenza)

Indications : patients présentant des symptômes typiques de grippe, en période épidémique. Réservé à l’adulte et à l’enfant à partir de 12 ans. Contre-indications : femme enceinte ou qui allaite. Administration : Relenza se présente sous forme de Diskhaler (comme Ventodisks). Bien montrer au patient comment s’utilise le système. Les premières prises (deux inhalations buccales par jour) étant les plus efficaces sur l’évolution de la grippe, le traitement doit être débuté le plus tôt possible. Si le patient se présente à la pharmacie en milieu de journée, lui conseiller une première inhalation immédiate, la suivante se faisant alors en fin de soirée, puis reprendre le rythme matin et soir (par exemple 8 h 00 et 20 h 00). Effets indésirables : bronchospasme ou détresse respiratoire sont rares. Chez les patients souffrant d’asthme sévère, Relenza ne doit être administré que sous surveillance médicale effective pour pouvoir réagir en cas de brochospasme.

• Oseltamivir (Tamiflu)

Indications : patients présentant des symptômes typiques de grippe, en période épidémique ; prophylaxie de l’adulte et de l’enfant de plus de treize ans non vaccinés ou en attendant que la vaccination devienne efficace (15 jours à 3 semaines après l’injection). Contre-indications : femme enceinte ou qui allaite. Administration : voie orale sous forme de gélules chez l’adulte et l’adolescent et de sirop chez l’enfant à partir de un an. Le traitement curatif dure cinq jours alors que la prophylaxie peut durer plusieurs semaines (pendant la période d’épidémie de grippe). Effets indésirables : rares effets digestifs bénins (nausées, vomissements, diarrhées…).

Amantadine (Mantadix)

Essentiellement utilisée dans la maladie de Parkinson, l’amantadine a une AMM dans la prophylaxie et le traitement de la grippe influenzœ A et de certaines autres infections respiratoires virales. Elle n’est plus guère utilisée en raison d’effets indésirables parfois importants.

Traitement symptomatique

Antalgique-antipyrétique

Un antalgique-antipyrétique (paracétamol, aspirine, ibuprofène) peut être prescrit contre la fièvre et les douleurs musculaires. À prendre de façon systématique toutes les quatre à six heures (trois fois par jour) pendant quelques jours.

Antitussif

Un antitussif sera prescrit si le patient souffre de tous sèche : codéine, pholcodine, dextro-méthorphane…

Vitamine C

Traditionnellement, la vitamine C est proposée à raison de 1 g le matin pour son rôle anti-infectieux et antiasthénique.

Évolution

Guérison

La guérison se fait spontanément en quatre à sept jours. La fièvre disparaît brutalement, mais la toux et l’asthénie peuvent persister encore plusieurs semaines. Rarement, on peut observer une réascension de la fièvre durant 24 heures appelée le « V » grippal. La grippe entraîne la formation d’anticorps spécifiques, mais ceux-ci ne protègent pas d’une nouvelle infection l’hiver suivant : le virus mutant chaque année, les anticorps acquis après infection sont incapables de le reconnaître l’année suivante.

Complications

• Les surinfections bactériennes sont fréquentes car le virus de la grippe fragilise l’épithélium des voies respiratoires. Des bactéries peuvent s’installer et compliquer la grippe (Hœmophilus influenzœ, pneumocoques et staphylocoque doré) : la fièvre persiste et les expectorations deviennent purulentes. Chez l’enfant, cela s’exprime plutôt par des otites, sinusites ou laryngites. Des antibiotiques sont alors prescrits.

• Certaines grippes dites malignes évoluent en quelques jours vers une insuffisance respiratoire aiguë. Ces formes sont rares mais souvent mortelles.

• Chez la femme enceinte : la grippe contractée en deuxième ou troisième trimestre est grave et peut entraîner une fausse couche.

Hygiène de vie

Repos

Le repos alité est impératif pendant quelques jours, en général le temps de la fièvre (trois jours). Ne pas trop couvrir le malade tant que la fièvre est élevée.

Alimentation

La fièvre est souvent anorexigène (coupe l’appétit). Fractionner les repas en privilégiant les aliments faciles à digérer, sans sauce et peut gras. Respecter les envies du malade. Chez les personnes âgées, veiller à maintenant des apports caloriques suffisants, voire légèrement augmentés.

Hydratation

Privilégier une hydratation suffisante (1,5 à 2 l), notamment chez la personne âgée en cas de forte fièvre. Proposer selon l’envie eau, jus de fruits, tisanes, soupe…

Éviter la contagion

Extrêmement contagieuse, la grippe se transmet par les gouttelettes de salives expectorées (éternuements, toux…). Un patient grippé est contagieux dès la veille de l’apparition des symptômes, et le reste pendant environ sept jours. Éviter les lieux à forte proximité en période épidémique (transports en commun…), se laver les mains régulièrement en particulier après contact avec une personne malade. En période de forte épidémie ou en cas de grippe dans la famille, une prophylaxie par antiviral peut être discutée avec le médecin.

Vie sociale et professionnelle

La grippe entraîne la plupart du temps un arrêt de travail d’une semaine. L’asthénie peut persister pendant une quinzaine de jours. Prévoir une reprise des activités progressive, et limiter les efforts physiques intenses dans un premier temps.

Gros plan

Qui bénéficie d’un vaccin pris en charge ?

Vaccins pris en charge : tous.

Prix : 6,26 euros ; sauf Gripguard (7,50 euros) et Tétagrip (7,98 euros).

Bénéficiaires :

• Personnes âgées de 65 ans ou plus.

• Personnes atteintes des affections suivantes :

– Diabète (I ou II).

– Accident vasculaire, cérébral invalidant.

– Néphropathie grave.

– Affection neuromusculaire grave.

– Mucoviscidose.

– Certaines maladies cardiaques.

– Insuffisance respiratoire chronique grave.

– Déficit immunitaire primitif grave.

– Infection par le virus du sida.

– Drepanocytose (anémie hémolytique congénitale).

MODALITÉS

Les patients reçoivent fin septembre-début octobre un bon de la Sécurité sociale.

Le bon doit être validé par leur médecin qui indique le vaccin prescrit et y appose son cachet.

En échange du bon ainsi rempli, le vaccin antigrippal est délivré gratuitement au patient.

L’officine envoie à la caisse de Sécurité sociale l’ensemble des bons pour être remboursée.

Les patients concernés qui ne reçoivent pas leur bon doivent joindre leur centre de Sécurité sociale avant la mi-décembre.

Relenza : mode d’emploi

Relenza est une poudre d’inhalation orale qui s’administre grâce à un système appelé Diskhaler. Le médicament se présente sous forme de plaquette de quatre unidoses. Le Diskhaler est un boîtier plastique, dans lequel on insère la plaquette, puis qui va permettre l’inhalation grâce à un embout buccal.

Mise en place du système : 1 Retirer le capuchon bleu du Diskhaler. 2 Appuyer sur les bords latéraux pour faire sortir le disque. 3 Placer la plaquette de Relenza sur le disque, doses dirigées vers le bas. Pousser le disque dans le Diskhaler.

L’inhalation : 4 Soulever le couvercle verticalement pour percer une dose du disque puis le rabattre. 5 Expirer le plus à fond possible pour vider les poumons. Porter à la bouche le Diskhaler et le maintenir horizontal, les lèvres autour de l’embout. Inspirer profondément et de manière régulière par la bouche et retenir sa respiration quelques secondes.

Deux doses à chaque prise : 6 Faire sortir le disque puis le refaire glisser à l’intérieur, ce qui a pour effet de le faire tourner d’un cran. Soulever le couvercle pour percer une nouvelle dose et refaire l’inhalation.

Une plaquette par jour : après quatre inhalations (une journée de traitement), jeter le disque et en glisser un nouveau dans le porte-disque.

La grippe aviaire chez les poulets

Le virus de la grippe se propage directement d’homme à homme. Mais les animaux aussi peuvent souffrir de grippe, en particulier les oiseaux. Le virus qui les atteint (virus aviaire) est un peu différent du virus humain. Il est surtout contagieux chez les poulets et les dindes. En Extrême-Orient, où la population est très dense et vit en contact avec les animaux, il arrive que le virus aviaire, qui normalement n’atteint que les volailles, contamine l’homme. En Janvier 2004, l’OMS a lancé une alerte : 14 personnes au nord du Vietnam avaient été contaminées par un virus aviaire. Douze d’entre elles étaient décédées. Le virus aviaire ne semble pas contagieux l’homme à homme (bien qu’un cas récent soit suspecté), mais le mélange chez un même malade d’un virus humain avec un virus aviaire pourrait créer un nouveau virus très virulent. Des mesures ont été aussitôt prises en Extreme-Orient : abattage massif de volailles et mobilisation d’un réseau international de laboratoires

Comment choisit-on les souches des nouveaux vaccins chaque année ?

En fonction des mutations du virus qui apparaissent au cours de l’été en Extrême Orient.

Peut-on vacciner les femmes enceintes ou celles qui allaitent ?

C’est sans problème en cas d’allaitement, et recommandé chez la femme enceinte si celle-ci présente un risque de complications associées à la grippe.

Un vaccin par voie nasale sera-t-il prochainement commercialisé ?

Non. Le premier vaccin nasal, commercialisé en Suisse, a été retiré du marché en 2003 pour survenue de paralysie faciale.

Peut-on attraper la grippe même si on est vacciné ?

Oui. Le vaccin ne protège pas à 100 %.

Qu’est-ce qu’une grippe intestinale ?

C’est en fait une gastro-entente qui n’est pas due au virus de la grippe. Mais les symptomes sont similaires avec predominance toutefois, de diarrhée et vomissements.