Automobile : pleins feux sur l’électrique

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Automobile : pleins feux sur l’électrique

Publié le 17 avril 2023
Par André-Arnaud Alpha
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Poussé par les aides publiques et la cherté du pétrole, le marché des voitures électriques prend petit à petit son envol. Les bonnes raisons de franchir le pas ne manquent plus. 

Si les immatriculations de voitures particulières (VP) électriques neuves restaient en France sous la barre des 50 000 par an jusqu’à fin 2019, elles n’ont cessé depuis d’augmenter. Fiscalité avantageuse aidant, elles sont passées de 110 911 en 2020 à 162 106 en 2021 et à 203 121 en 2022… dans un marché global de la VP neuve, à l’inverse, plombé depuis 2019 (-30 % d’immatriculations de voitures neuves en deux ans). En février 2023, la voiture électrique a représenté 15 % des immatriculations de VP neuves (contre 6 % en février 2021), en hausse de 2,5 points par rapport au mois précédent. Et son potentiel reste énorme : en octobre 2022, plus d’un million de véhicules électrifiés rechargeables circulaient sur nos routes. Les modèles électriques et hybrides rechargeables équivalent à 2,4 % du parc automobile français, et à 1,5 % si l’on considère uniquement les véhicules 100 % électriques (soit près de 615 000)*. De plus, pour atteindre leurs objectifs climatiques ambitieux, l’Union européenne et la France ont revu à la hausse leurs objectifs de réduction des émissions de CO2 du transport routier et de production de véhicules électriques. Les avantages et incitations publics à s’équiper devraient donc encore soutenir cette tendance dans les années à venir. Aux côtés des constructeurs automobiles, c’est tout un écosystème, notamment composé de courtiers, conseillers fiscaux, commerciaux, etc., qui s’est mis en place. « Actuellement, vous trouverez près de vingt-six loueurs/financeurs spécialisés sur les véhicules électriques, dont les trois plus gros captent la majorité du marché. À cela s’ajoute une dizaine de courtiers, des installateurs d’infrastructures de recharges regroupant des entreprises spécialisées ou, par exemple, des électriciens ayant suivi une formation pour en installer », explique Solal Botbol, président de Beev, lui-même, courtier et installateur de telles infrastructures. 

De nombreux avantages fiscaux.

À l’achat, les aides et avantages fiscaux ne manquent pas pour les entreprises. « À commencer par le bonus écologique de 3 000 €, qui est versé rubis sur ongle », affirme Martin Lauthier, directeur général de Myvee, spécialiste du leasing de véhicule électrique et hybride. « L’acquéreur reçoit un virement de l’agence de service et de paiement sur son compte. Attention, le bonus s’applique uniquement pour un achat de moins de 47 000 € et de 2,4 tonnes maximum ». Des réductions fiscales et sociales peuvent également s’ajouter. La principale étant la possibilité de déduire du résultat de l’entreprise jusqu’à 30 000 € d’amortissement pour un véhicule électrique (contre 18 300 € pour un véhicule peu polluant ou 9 900 € pour ceux les plus polluants). La batterie, qui représente jusqu’à plus de 30 % du prix d’un véhicule, est aussi amortissable selon le même principe mais, bonne nouvelle, jusqu’à 100 % de son prix d’achat. Seule condition : avoir une facture détaillée mentionnant son prix fournie par le vendeur ou le loueur. Ainsi, l’acquisition d’une Tesla Model 3 à 43 800 € TTC dont 14 500 € TTC pour la batterie pourra être totalement passée en amortissement déductible (43 800 € étant inférieur à 30 000 € + 14 500 €). Du côté de l’Union de recouvrement des cotisations de Sécurité sociale et d’allocations familiales (Urssaf), le véhicule électrique allège aussi quelque peu l’avantage en nature, base de calcul des cotisations sociales. Pouvant être fixé forfaitairement à 9 % du coût d’achat du véhicule, cet avantage en nature, jusqu’au 31 décembre 2024, ne tient pas compte des frais d’électricité engagés par l’employeur pour la recharge du véhicule et est diminué d’un abattement de 50 % dans la limite de 1 800 € par an. Enfin, pour l’électricité de recharge, la TVA est récupérable à 100 % (contre 80 % pour le gasoil).

Les taxes auxquelles vous échappez.

Le véhicule électrique bénéficie aussi d’une exonération totale de la taxe sur l’affectation des véhicules de tourisme à des fins économiques, dite taxe sur les véhicules de société, qui peut aller jusqu’ 937 € par an pour une voiture diesel. Les frais sur la carte grise sont également exonérés dans la plupart des régions de France, à l’exception du Centre-Val-de-Loire, la Bretagne, l’Alsace et les Dom-Tom. Enfin, les véhicules électriques ne sont soumis ni au malus au poids, fixé à 10 €/kg pour les véhicules de plus de 1800 kg ni, évidemment, au malus écologique allant de 50 € pour des émissions de CO2 de 123 g/km à 50 000 € pour celles supérieures à 226 g/km. 

Moins cher et plus confortable.

« Même si l’électricité s’est renchérie, la recharge d’un véhicule électrique reste toujours moins chère que pour un thermique. Compter entre 3 et 4 € pour rouler 100 km, soit un total de 24 € maximum pour parcourir 600 km. On est encore très loin du prix d’un plein d’essence sur une voiture thermique », constate Solal Botbol. Et puis, il y a le confort de conduite. « Puissante et silencieuse, la voiture électrique est moins stressante à l’usage. Le bruit est de plus en plus reconnu comme un facteur de stress. Les conducteurs d’un véhicule électrique ont, en général, une expérience de conduite plus apaisée », poursuit-il. Si les VP électriques sont souvent décriées pour leur coût à l’achat et leur manque d’autonomie, l’amélioration de leur fabrication – somme toute encore récente – devraient venir à bout de ces difficultés. 2020 sera-t-elle la décennie de la voiture électrique ? 

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* Source : Association pour le développement de la mobilité électrique (Avere)