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L’herpès
L’herpès est une maladie bénigne dont les crises sont le plus souvent stoppées par le traitement. Elle reste une maladie chronique pouvant entraîner un retentissement sur la vie affective et sociale du patient, notamment dans sa forme génitale.
Définition
L’herpès, aussi appelé Herpes simplex, est une infection chronique due à un virus qui reste à vie dans l’organisme et réapparaît lors de poussées, dont le rythme et l’intensité varient d’une personne à l’autre. Cette infection se caractérise par des lésions cutanées et des muqueuses et se présente surtout sous deux formes : l’herpès labial, ou « bouton de fièvre », qui est de loin la manifestation la plus fréquente, et l’herpès génital, qui est une des premières infections sexuellement transmissibles en France. L’infection peut cibler d’autres localisations, notamment l’œil où l’herpès est la première cause de cécité d’origine infectieuse.
Stratégie thérapeutique
Aucun traitement n’est actuellement capable d’éradiquer le virus de l’herpès. Des médicaments antiviraux permettent cependant de limiter la douleur, la fréquence des crises et de réduire la charge virale donc la contagiosité.
Traitement de la crise
Si les poussées d’herpès sont peu fréquentes ou s’il s’agit d’une primo-infection, un antiviral peut être prescrit par voie orale, et/ou par voie locale (crème, collyre) pendant cinq à dix jours. Ce traitement est d’autant plus efficace qu’il est débuté dès les premiers symptômes : démangeaisons, brûlures, picotements… S’il est très précoce, il peut parfois stopper la poussée. C’est pourquoi les patients habitués aux récidives peuvent disposer de boîtes prescrites d’avance afin de mettre en route le traitement le plus rapidement possible.
Traitement préventif
Un traitement préventif est proposé en cas de poussées récidivantes (au moins six par an) ou ayant un retentissement psychologique important pour le patient. Il consiste à prendre quotidiennement un comprimé antiviral par voie orale. Efficace, il réduit en moyenne la fréquence des crises de 90 %, d’où une amélioration de la qualité de vie des patients.
Dans l’herpès génital, un traitement préventif permettrait aussi de réduire le risque de transmission du virus à l’intérieur d’un couple. Bien toléré, il peut être pris au long cours : seuls 0,5 % des patients immunocompétents ont montré une résistance à un traitement continu.
Les antiviraux
Les antiviraux agissent en bloquant les systèmes enzymatiques (ADN-polymérase) du virus qui lui permettent, lors de sa réactivation, de se multiplier dans les cellules de notre organisme (phase de réplication). Leur action nécessite une transformation enzymatique par les thymidines-kinases virales qui ne sont actives que lorsque le virus s’est « réveillé ». Ils n’ont aucune action sur le virus au repos caché dans les ganglions entre deux crises, ils ne peuvent donc guérir définitivement la maladie.
Aciclovir
Indications : l’aciclovir a été la première molécule à montrer une efficacité dans le traitement de l’herpès. Destinée au traitement et à la prévention des crises, elle existe sous différentes formes : orales (comprimés réservés à l’adulte et aux enfants de plus de 6 ans et suspension buvable), locales (crèmes dermiques et ophtalmologiques) ; la solution pour perfusion intraveineuse (usage hospitalier) est réservée à l’herpès néonatal, aux complications et aux méningoencéphalites. Contre-indications : il n’existe aucune contre-indication absolue, sauf antécédents d’hypersensibilité à l’aciclovir. L’allaitement est à proscrire en cas de traitement par voie générale, il est possible en cas d’application locale. Précautions : des troubles neurologiques peuvent survenir chez les patients ayant des antécédents d’insuffisance rénale et chez les patients âgés, sujets à la déshydratation : veiller à un apport hydrique suffisant tout au long du traitement. Ne pas administrer de comprimé avant 6 ans en raison du risque de fausse-route. Les suspensions buvables contiennent un bouchon doseur gradué : la graduation 5 ml correspondant à une dose de 200 mg, la graduation 10 ml à 400 mg d’aciclovir.
Valaciclovir
Le valaciclovir est une prodrogue de l’aciclovir, c’est-à-dire qu’il se transforme en aciclovir lors du premier passage hépatique. Il présente l’intérêt d’augmenter la biodisponibilité de l’aciclovir et ainsi de limiter le nombre de prises. Indications : destiné au traitement et à la prévention des crises, il se présente sous forme de comprimés oraux. Contre-indications : hypersensibilité à l’aciclovir, allaitement. En l’absence de données, l’aciclovir n’est pas indiqué chez l’enfant de moins de 12 ans. Précautions : les mêmes que celles de l’aciclovir.
Ganciclovir
Le ganciclovir exerce son activité antivirale en inhibant la synthèse de l’ADN viral par deux mécanismes : inhibition compétitive des ADN-polymérases virales et incorporation directe dans l’ADN viral, ce qui a pour effet d’arrêter son élongation. Indications : gel ophtalmique utilisé dans le traitement des kératites herpétiques aiguës superficielles. L’administration se fait en instillation dans le cul-de-sac conjonctival inférieur de l’œil à traiter. Contre-indications : antécédent d’hypersensibilité au ganciclovir, grossesse, allaitement. En l’absence d’étude, l’utilisation chez l’enfant de moins de 4 ans n’est pas recommandée. Précautions : en raison de la présence de chlorure de benzalkonium, le port de lentilles de contact souples est déconseillé pendant la durée du traitement. Conservation : quatre semaines après ouverture.
Trifluridine
Antiviral au mécanisme d’action identique à celui du ganciclovir. Indications : collyre utilisé pour le traitement des kératites herpétiques. Contre-indications : hypersensibilité à la trifluridine. Aucune étude n’est disponible chez la femme enceinte. Précautions : présenté sous forme de lyophilisat et solvant pour collyre à reconstituer au moment de l’emploi. Le port de lentilles de contact est déconseillé au cours du traitement. Conservation : le collyre reconstitué se conserve quinze jours après ouverture.
Foscarnet
Contrairement aux autres antiviraux, le foscarnet exerce son activité antivirale par inhibition directe de l’ADN-polymérase virale et ne nécessite pas de transformation par la thymidinekinase, ce qui explique son efficacité dans les cas de résistance, en particulier sur des souches mutantes de HSV déficientes en cette enzyme. Il est réservé à l’usage hospitalier. Indications : solution injectable pour perfusion réservée au traitement d’attaque des infections mucocutanées à Herpes simplex virus résistants ou insensibles à l’aciclovir chez les patients immunodéprimés. Contre-indications : hypersensibilité au foscarnet, grossesse et allaitement.
Évolution
Si la guérison de l’herpès ne peut être envisagée (le virus demeure présent à vie), les crises sont généralement bien stoppées par le traitement. Les résistances sont rares : seuls 0,5 % des patients immunocompétents ont montré une résistance à un traitement continu préventif. Cependant, elles peuvent être favorisées par le non-respect des posologies ou de la durée de traitement, qu’il soit ponctuel ou continu, d’où l’intérêt de suivre scrupuleusement la prescription médicale.
Vie quotidienne
Hygiène
– Laver soigneusement et régulièrement à l’eau et au savon les lésions.
– Ne pas utiliser de produits alcooliques.
– En cas d’herpès génital, éviter les vêtements serrés et les sous-vêtements synthétiques qui gardent l’humidité. Soulager les mictions difficiles en versant de l’eau (douche) sur la région génitale.
Éviter la contamination
Le virus peut être présent dans les lésions, la salive, les sécrétions nasales ou des organes génitaux. L’infection, très contagieuse, se transmet par contact direct entre les individus.
Ne pas s’autocontaminer
– Se laver soigneusement les mains dès qu’on a touché les lésions pour éviter de contaminer une autre partie du corps.
– Éviter de toucher ses yeux lors des poussées, le virus pouvant se loger sous les ongles. De même, ne pas humecter ses lentilles avec la salive.
Ne pas contaminer le partenaire
– Ne pas partager les affaires de toilette (gants, serviettes).
– De préférence, utiliser continuellement un préservatif lors des rapports sexuels (pénétration génitale, anale ou fellation…) et de façon systématique dès les signes avant-coureurs de la crise (picotements, prurit, brûlures) et quelques jours après la poussée. En effet, même si les lésions ne sont pas visibles, le virus peut être excrété et la personne reste contagieuse.
– Pendant l’éruption des vésicules, éviter les relations sexuelles, mêmes protégées, car si les lésions sont situées à proximité des organes sexuels la contamination est possible.
– En cas d’herpès labial, ne pas embrasser et éviter les rapports buccogénitaux.
Ne pas contaminer l’entourage
– Éviter le contact direct avec une femme enceinte ou avec des personnes dont les défenses immunitaires sont affaiblies (nouveau-nés, personnes atteintes de sida, d’eczéma, ayant subi des greffes ou des transplantations d’organe, sous chimiothérapies…).
– Toujours respecter les règles d’hygiène élémentaires : se laver les mains, ne pas partager son linge de toilette et, en cas d’herpès labial, ne pas embrasser l’entourage.
Prévenir les crises
– Éviter les situations de stress qui favorisent l’apparition d’une crise par diminution des défenses immunitaires.
– En cas d’herpès du visage : éviter les expositions solaires intenses et les grandes variations de température. Utiliser une forte protection d’indice élevé en stick type Photoderm Max Stick, Antherpos La Roche-Posay, Avène Solaire Stick… Appliquer avant chaque exposition solaire et toutes les deux heures ensuite.
Psychologie : vivre avec l’herpès génital
57 %* des personnes atteintes d’herpès génital n’osent pas en parler à leur partenaire, 34 % ont des difficultés à avoir une vie sociale normale, 33 % souffrent d’un état dépressif. La maladie affecte bien sûr la vie sentimentale des patients mais elle a aussi des répercussions sur la vie quotidienne. Difficile en période de crise de se concentrer sur sa vie professionnelle, sociale, familiale. Comme toute maladie sexuellement transmissible, l’herpès reste par ailleurs pour les patients un sujet tabou, honteux, avec la sensation d’être sale et la peur d’être rejeté : souvent, ils éprouvent des difficultés à en parler et risquent de contaminer d’autres personnes. L’association « Herpès » apporte au grand public des conseils pratiques pour se protéger et mieux vivre la maladie. Contacts : numéro de téléphone Indigo : 0 825 80 08 08, site internet : Un numéro gratuit est réservé aux 12-25 ans : Fil Santé Jeune, 0 800 235 236.
Aciclovir sans ordonnance
Des présentations d’aciclovir à 5 % en crème (Activir, Virucalm, Kendix…) sont disponibles en produits conseil pour le traitement de la crise de l’herpès labial. En pratique, on les applique cinq fois par jour à intervalles réguliers sur les boutons de fièvre, dès les premiers picotements en débordant largement autour des lésions. Elles ne sont en aucun cas destinées aux lésions au niveau des yeux, dans la bouche ou le vagin et sont réservées aux adultes et enfants de plus de 6 ans. S’il n’y a pas d’amélioration au-delà de dix jours, une consultation médicale est recommandée.
Gros planHerpès labial et homéopathie
En cas de bouton de fièvre occasionnel, en particulier lors d’expositions solaires, un traitement homéopathique peut être proposé :
• En prévention : Vaccinotoxinum, 1 dose 7 CH le jour du départ, 1 dose 9 CH au milieu du séjour, 1 dose 15 CH à la fin du séjour.
• Dès les premiers signes tels que brûlures, picotements, œdèmes :
• Vaccinotoxinum 9 CH, 3 granules toutes les 3 heures.
• Rhus toxicodendron 5 CH, 3 granules toutes les heures.
• Natrum muriaticum 9 CH, 3 granules toutes les heures.
• Les jours suivants, continuer Rhus toxicodendron et Natrum muriaticum, 3 granules de chaque trois fois par jour, puis espacer en fonction de l’amélioration de l’état clinique.
• Vaccinotoxinum, utilisé dans les maladies se traduisant par une éruption de vésicules, peut aussi être un traitement de fond dans l’herpès récidivant. À raison de une dose deux fois par mois en hautes dilutions, il peut être associé à un traitement préventif antiviral.
Précautions
Ne pas gratter les lésions : cela ralentit la guérison et risque de transporter via les mains le virus vers une autre partie du corps.
Ne pas mettre de pansement sur les lésions, les laisser à l’air favorise la cicatrisation. On peut conseiller de les sécher avec un sèche-cheveux à très faible chaleur.
Ne pas couvrir l’herpès du visage sous un maquillage épais qui risque de provoquer un effet de macération.
Ne pas désinfecter un bouton de fièvre à l’alcool qui « brûle » les lésions et retarde la cicatrisation.
Ne jamais appliquer de pommades à base de corticoïdes qui risquent de faire « flamber » les lésions. L’application locale d’antibiotiques est par ailleurs inutile.
Gros planHerpès génital : précautions en cas de grossesse
La mère peut transmettre le virus de l’herpès pendant la grossesse par passage transplacentaire : suivant l’avancement de la grossesse, le virus peut être responsable d’un avortement, de mort in utero, de prématurité ou d’une infection néonatale. La transmission peut également se faire au cours de l’accouchement par voie basse par l’intermédiaire des sécrétions vaginales. L’herpès néonatal est une pathologie grave qui débute quelques jours après la naissance. La méningoencéphalite est la forme la plus sérieuse : elle associe des signes neurologiques (convulsions, troubles de la conscience) à une éruption cutanée localisée ou généralisée avec altération de l’état général et troubles respiratoires (dyspnée, cyanose…).
À condition de débuter le traitement antiviral en urgence (aciclovir par voie intraveineuse), certaines formes sont curables mais les risques de séquelles restent importants : microcéphalie, retard psychomoteur…
Si l’un des parents a des antécédents connus d’herpès ou présente les signes d’une primo-infection au virus :
– Prévenir le médecin qui va suivre la grossesse.
– Surveiller les signes précurseurs (picotements, démangeaisons, brûlures…), en particulier au niveau des organes génitaux.
– S’abstenir de tout rapport sexuel en période de poussée.
– Se protéger par un préservatif en dehors des poussées.
– En cas de crise au moment de l’accouchement, un antiviral (aciclovir) peut être donné par voie intraveineuse ou une césarienne pourra être décidée.
Si la mère n’a jamais montré aucun signe d’infection herpétique, elle peut être porteur sain du virus (50 à 75 % des herpès néo-nataux) : l’usage du préservatif les deux derniers mois de grossesse est conseillé systématiquement.
Vaccins en perspective
Plusieurs types de vaccins contre l’herpès sont à l’étude mais aucun n’est pour l’instant sur le marché. Un vaccin contre l’herpès génital est à un stade avancé de développement. Actif seulement sur la souche du virus HSV2, ce vaccin ne serait toutefois efficace que chez la femme, à condition qu’elle n’ait jamais développé antérieurement d’herpès buccal ou de bouton de fièvre. Dans ces conditions, le vaccin semblerait protéger trois femmes sur quatre contre la survenue d’un herpès génital et pourrait prochainement être proposé aux adolescentes de 10 à 13 ans.
Un animal peut-il transmettre l’herpès ?
Non, l’homme est le seul réservoir du virus.
Herpès et sida sont-ils liés ?
Non, ce sont deux maladies distinctes. Mais les lésions de l’herpès génital favorisent la contamination par le virus du sida.
Le sperme véhicule-t-il le virus de l’herpès ?
Non, seuls les contacts directs avec la peau et les muqueuses permettent une transmission du virus.
Faut-il stopper l’allaitement en cas de crise ?
Non, car le virus ne passe pas dans le lait maternel. C’est toutefois nécessaire si l’herpès se localise sur les mamelons.
La piscine est-elle contre-indiquée ?
Non, car le virus ne survit pas à l’extérieur du corps.
La contamination peut-elle se faire dans l’air ?
Non, elle nécessite un contact direct.
Peut-on attraper l’herpès sur des toilettes publiques ?
Non, car il n’y a pas contact direct entre le virus et les organes sexuels.
* Baromètre Louis Harris 1998.
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