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« Quel tensiomètre faut-il choisir ? »

Publié le 1 février 2006
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L’automesure tensionnelle est désormais reconnue utile dans la prise en charge des patients hypertendus. D’où l’importance de pouvoir répondre à leurs questions.

L’automesure : pour qui ?

L’automesure tensionnelle peut être utile à tous les patients – excepté les personnes anxieuses – car elle donne une estimation de l’hypertension artérielle (HTA) plus fiable que les mesures en cabinet ou à l’officine, biaisées par l’effet « blouse blanche ». Elle est souvent proposée par les médecins pour confirmer une HTA limite ou pour mieux appréhender l’HTA lorsque les résultats du traitement sont insuffisants. Enfin, elle joue un rôle de motivation en montrant l’impact du traitement antihypertenseur sur la maladie. Objectifs : rendre les patients acteurs de leur prise en charge et améliorer l’observance de leur traitement.

À noter : les personnes âgées, les enfants, les femmes enceintes, les patients hypotendus, arythmiques, obèses ou ayant une fréquence cardiaque élevée doivent discuter de l’opportunité de l’automesure tensionnelle avec leur médecin.

Mesure au bras ou au poignet ?

Le tensiomètre de poignet (radial)

Ce type d’appareil présente l’avantage d’être petit et facilement maniable (pas besoin de se déshabiller). Cependant, la variabilité des résultats est importante car les valeurs tensionnelles varient en fonction de la position du bras. Pour une mesure fiable, le poignet doit être maintenu à hauteur du coeur. Ainsi, de nombreux tensiomètres radiaux sont dotés de capteurs garantissant un bon positionnement du bras.

Le tensiomètre de bras (huméral)

Ces appareils sont plus encombrants et moins faciles à positionner mais n’ont pas l’inconvénient de la variabilité des mesures. Pour cette raison, les médecins les recommandent bien que les patients préfèrent les radiaux pour leur praticité.

Le choix du tensiomètre

Le profil du patient est déterminant : le brassard doit être adapté à la morphologie et à la taille du bras, pour éviter toute sur- ou sous-estimation de la tension, en particulier chez les personnes obèses et maigres. L’appareil doit également répondre aux besoins de la personne et à son mode de vie. On conseille généralement un tensiomètre radial aux personnes se déplaçant fréquemment.

La gamme d’appareil étant très large, le choix peut être adapté aux performances souhaitées : le nombre de mesures mémorisées, fonctionnement sur piles et/ou sur secteur, adaptation du gonflage du brassard à la tension mesurée, systèmes de détection d’arythmie…

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Tous les appareils sont-ils fiables ?

Les autotensiomètres sont des dispositifs médicaux nécessitant le marquage CE pour être mis sur le marché. Ce marquage garantit les normes essentielles de qualité. Dans un souci de conformité par rapport aux performances annoncées par les fabricants, l’Afssaps réalise régulièrement des expertises sur les appareils commercialisés. L’Agence a établi une liste de tensiomètres dits validés, régulièrement mise à jour et consultable sur internet*. Elle « affiche » donc des tensiomètres disposant d’un critère de validité supplémentaire (en termes de qualité de mesure) au marquage CE. Pour autant, elle ne remet pas forcément en cause la fiabilité des autres appareils.

Parmi les appareils validés par l’Afssaps, on trouve principalement certaines références des fabricants A & D, Braun, Hartmann (Tensoval), Microlife (Cooper, Magnien, Marque Verte, Microlife, Thuasne), Omron, Nissei.

Comment mesurer la tension ?

La mesure de la tension artérielle est basée sur les oscillations (ou pulsations) détectées et mesurées par le dispositif électronique.

La règle des 3

En routine, l’automesure tensionnelle est pratiquée dans les jours précédant la visite chez le médecin traitant, ce qui permet d’avoir une estimation moyenne des valeurs tensionnelles. Pour réaliser ces mesures, on parle de la « règle des 3 » : trois mesures le matin, trois mesures le soir, trois jours de suite. Les mesures consécutives doivent être espacées d’au moins deux ou trois minutes pour permettre à l’artère comprimée de retrouver sa forme initiale.

En pratique

•Le patient doit être calme, en position assise, pieds à plat, et il doit observer plusieurs minutes de repos avant de mesurer sa tension. Pendant la mesure, il ne doit ni bouger ni parler.

•La mesure doit toujours être réalisée sur le même bras, car il existe une certaine asymétrie tensionnelle. Par convention, on utilise généralement le bras gauche. Les manchettes destinées au bras sont positionnées à 2 cm au-dessus du pli du coude, le tuyau étant correctement dégagé sur le dessus. Pour les tensiomètres radiaux, la manchette doit être positionnée au-dessus de la protubérance osseuse du poignet.

•La mesure est réalisée le matin, entre le lever et le petit déjeuner, et le soir entre le dîner et le coucher. Chacune des mesures doit être consignée. Cependant, de nombreux tensiomètres sont dotés d’une mémoire électronique permettant de restituer l’historique des valeurs mesurées.

•Au total, lorsque le patient visitera son médecin, il aura effectué dix-huit mesures sur les trois jours précédents : c’est en effectuant la moyenne des douze valeurs centrales de l’automesure tensionnelle que le médecin appréciera la tension artérielle moyenne du patient.

Vos conseils à l’officine

• À l’occasion de l’achat d’un tensiomètre, prenez le temps de déballer l’appareil devant le patient et expliquez le fonctionnement en consultant avec lui la notice explicative. N’hésitez pas à réaliser une première mesure. Mieux vaut cependant conseiller de vérifier la bonne utilisation de l’appareil par le médecin.

• Soulignez que l’automesure tensionnelle ne doit pas conduire à une démarche d’automédication : des résultats anormaux doivent être discutés avec le médecin qui est le seul habilité à évaluer les mesures tensionnelles et à adapter le traitement.

• Rassurez le patient : il est inutile de mesurer sa tension tous les jours ! L’important tient à la régularité des mesures et/ou au respect des indications données par le médecin.

• Réexpliquez au patient la différence entre les valeurs systolique (lors de la contraction du coeur) et diastolique (lors du relâchement du coeur) de la tension artérielle.

• Rappelez l’importance du suivi régulier du traitement antihypertenseur.

• Insistez sur le respect des règles hygiénodiététiques : pas d’ajout de sel dans l’alimentation, alimentation appropriée, pratique d’une activité physique journalière (30 minutes de marche ou de natation par jour), suppression du tabac…

* http://agmed.sante.gouv.fr/ htm/5/tensio.htm

L’hypertension artérielle

• Un patient est considéré hypertendu lorsque trois mesures différentes ont montré une pression artérielle systolique supérieure ou égale à 140 mmHg et/ou une pression artérielle diastolique ou PAD supérieure ou égale à 90 mmHg.

• En ambulatoire (automesure), les valeurs limites définissant l’HTA sont inférieures : 135/85 mmHg.

• Chez le sujet de plus de 65 ans, la tension artérielle augmente naturellement avec l’âge ; un traitement n’est préconisé qu’à partir de 160 mmHg, si les mesures hygiénodiététiques ne suffisent pas. L’objectif fixé est alors de 150 mmHg. En revanche, l’élévation de la PAD – qui doit rester inférieure à 95 mmHg – est un mauvais facteur prédictif du risque cardiovasculaire.