Délivrance Réservé aux abonnés

Pourquoi prendre des oméga-3 ?

Publié le 1 mars 2006
Mettre en favori

Les promesses des oméga-3, compléments alimentaires très en vogue aujourd’hui, ne manquent pas d’intérêt. À condition de savoir quand et comment les utiliser.

Acides gras essentiels

Parmi les acides gras polyinsaturés, l’acide linoléique et l’acide alphalinolénique sont appelés acides gras essentiels car ils ne peuvent être synthétisés par l’homme. Le premier est un précurseur de la famille des oméga-6 tandis que le second inaugure celle des oméga-3, où l’on retrouve notamment l’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA). Ces deux composés sont les oméga-3 à longues chaînes auxquels on rattache directement les vertus thérapeutiques de cette classe d’acides gras.

Protection cardiovasculaire

À la base de la médiatisation des oméga-3, il existe des preuves scientifiques dans la prévention du risque cardiovasculaire. Les chercheurs se sont intéressés au faible nombre de maladies cardiovasculaires dans les populations inuit et ont montré qu’il était corrélé à l’alimentation riche en poissons gras et, par conséquent, en oméga-3. Ces données furent confirmées par la suite dans de multiples travaux. Le bénéfice cardiovasculaire des oméga-3 est associé à une diminution de la triglycéridémie et du LDL (le « mauvais » cholestérol). Les oméga-3 sont d’ailleurs utilisés en tant que principes actifs dans plusieurs médicaments (Maxepa, Triglistab, Omacor) indiqués dans les hypertriglycéridémies ou en postinfarctus.

Des pistes prometteuses

Dans d’autres domaines, des données épidémiologiques montrent un intérêt, mais les observations ne sont pas confirmées par des essais cliniques. C’est notamment le cas des maladies séniles (dont la maladie d’Alzheimer), dermatologiques (eczéma), inflammatoires (polyarthrite rhumatoïde…), voire du cancer (prostate, côlon ou sein). Le risque de développer ces pathologies semble inversement corrélé au taux, dans l’organisme, d’oméga-3.

D’autres pistes encourageantes concernent la prévention de la dégénérescence maculaire liée à l’âge et la périnatalité (amélioration du terme et du poids de naissance). Mais l’effet d’une surconsommation d’oméga-3 n’étant pas établi, les recommandations prônent un comportement raisonné.

Quant aux promesses assurant un « bien-être psychique », elles seraient liées à l’importance naturelle des oméga-3 dans le cerveau. Les oméga-3 semblent jouer un rôle dans le stress, la concentration ou la dépression, mais leurs allégations reposent la plupart du temps sur des données non précises.

Publicité

Priorité à l’alimentation

La mesure la plus simple est évidemment d’assurer un apport alimentaire suffisant et de consommer régulièrement des aliments riches en oméga-3 : poissons gras, huile de colza, de noix, de germe de blé, de soja, oeufs bio (alimentation des poules riche en graine de lin)…

Attention aussi à limiter les apports en acides gras oméga-6 (contenus dans l’huile de tournesol, de maïs, la viande…). En effet, pour être métabolisés, et donc être utilisables, les deux acides gras font appel au mêmes enzymes. Résultat, un phénomène de compétition s’installe, d’autant plus que les oméga-6 prédominent dans notre alimentation. Le rapport actuel entre les apports oméga-3 et oméga-6 est de 15 alors qu’il ne devrait pas dépasser 5 ! Notre apport en oméga-3 est donc insuffisant : d’après l’Institut national du cancer, il serait de 0,10 à 0,20 g par jour. Pourtant, nous devrions en consommer 2 g par jour (1,6 g pour les femmes) et respecter un apport combiné EPA + DHA de 0,65 g quotidiennement. Ce qui correspond, environ, à une consommation de poisson deux fois par semaine et une prise quotidienne d’huile de colza.

La supplémentation

Pourquoi ?

• Malgré les conseils nutritionnels, bon nombre de personnes ne parviendront pas à rééquilibrer leurs apports en acides gras. Les oméga-3 étant des composés naturels de l’organisme, il est a priori inoffensif de les consommer dans la limite recommandée.

•Les produits disponibles à l’officine sont d’origine marine ou végétale. Les dérivés végétaux apportent principalement de l’acide alphalinolénique, les ingrédients d’origine marine sont source de DHA et d’EPA, différemment dosés. Le DHA agit plutôt sur la sphère neuronale et l’EPA sur la sphère cardiovasculaire. Précurseur de ces deux composés, l’acide alphalinolénique possède une action combinée.

Pour qui ?

•L’AFSSA recommande l’apport d’oméga-3 chez des patients à antécédents cardiovasculaires. Dans le domaine du stress, les cures s’envisagent de manière ponctuelle.

•Pour les enfants et, de surcroît, les femmes enceintes, il est conseillé de demander l’avis d’un médecin.

•Les produits se prennent généralement en cure de deux ou trois mois.

•Seuls les troubles du pancréas constituent une contre-indication. •

Oméga-3 : vos conseils

• À éviter en cas d’allergie aux poissons et aux crustacés.

• Les personnes sous traitement anticoagulants doivent avoir l’accord de leur médecin.

• Risque de troubles du transit.

• Prise avant les repas pour éviter l’arrière-goût de poisson.

• Questionner sur ses apports alimentaires (poisson, huile de colza…) pour confirmer le besoin en supplémentation.

• Rappeler que la supplémentation complète mais ne remplace pas l’équilibre alimentaire.