À fleur de carapace
Daniel Trachet a le secourisme chevillé au corps depuis 1963. Aujourd’hui, cet ancien préparateur donne des cours en tant que moniteur national.
Se sentir utile. Le parcours de Daniel Trachet est centré, depuis plus de quarante ans, sur cette… prescription. C’est dans la nature de l’homme, entré à 15 ans et demi comme apprenti dans une pharmacie, et qui a débuté à 16, comme secouriste à la Croix-Rouge. « On peut se réaliser pleinement quand on est utile à son prochain. » Si, à 60 ans à peine, l’heure de la retraite professionnelle va sonner pour lui, Daniel ne lâchera pas comme ça le terrain du secourisme pour lequel il a tant donné. Secouriste et formateur-secouriste, totalement volontaire et bénévole, il dit avoir beaucoup d’énergie et de choses à entreprendre, encore. « Je me demande si c’est vraiment raisonnable de faire cela, surtout à une époque d’individualisme total et débridé, et de repli sur soi, tempère Daniel Trachet, les bénévoles du secourisme sont une espèce en voie de disparition. »
Du scoutisme au secourisme. Son sens du prochain, Daniel le doit à son éducation. Né de parents ouvriers, il suit une scolarité chez les Frères, dans une école libre, jusqu’à son BEPC. « C’était un milieu strict où l’on apprenait à aller vers l’autre. » De son expérience de louveteau, chez les scouts, quand il est enfant, il retient l’antienne « donner sans compter, travailler sans chercher le repos… ». Et naturellement, il se sent attiré par le domaine de la santé. Il entre en apprentissage en 1962 et parallèlement prend des cours à la Croix-Rouge. Après l’obtention du brevet national de secourisme en 1963, Daniel Trachet choisit toutefois de mettre en sommeil cette activité. « Je ne pouvais pas tout concilier » , explique-t-il. Vingt ans plus tard, il renoue avec sa passion et reprend ses marques dans les années 80, à la Protection civile du Val de Marne, association affiliée depuis 2003 au Centre français du secourisme. « Le service à la personne est très important pour moi. » Il n’a de cesse, alors, de se former au secours routier, au sauvetage déblaiement, comme sauveteur secouriste du travail ou encore à l’utilisation de défibrillateur automatique… « J’ai toute la « panoplie » de formations en poche… »
Garder tête et sang froids. En 1991, devenu moniteur national de secourisme, il forme à son tour, dans le cadre de son métier dans un CFA de préparateurs en pharmacie, mais aussi au sein de l’association intercommunale de protection civile de Chenevière-sur-Marne. Au programme : Brevet national de premiers secours, Attestation de formation aux premiers secours, Certificat de formation aux premiers secours en équipe… L’équipier secouriste intervient dans le 94, et sur Paris ou sa couronne. N’importe quand : la nuit, le jour, le dimanche, lors du déclenchement d’un Plan rouge. « On fait aussi de l’humanitaire. Par exemple, dans le Gard, lors des inondations. » Les situations difficiles, il les assume grâce à un caractère bien trempé. Des incendies, des accidents de la route ou domestiques. « Parfois des trucs un peu compliqués », lâche-t-il, laconiquement. Il n’a jamais oublié cette femme enceinte et son jeune enfant impliqués dans un incendie et qu’ils n’ont pu sauver. « On doit apprendre à relativiser après ces moments forts où il a fallu garder la tête froide, le sang froid. » Daniel Trachet ne demande pas qu’on l’encense. « Je n’attends rien, cela me fait plaisir de le faire. Il y a même un peu d’égoïsme la-dedans », relativise-t-il. Certes il faut être sérieux, mais quand c’est fini, « il y a des moments de franche rigolade pour aider à décompresser. »
Former les plus jeunes. Son métier de préparateur, il l’a choisi en connaissance de cause : un ami de ses parents l’exerçait. Daniel voulait travailler. Il a quitté prématurément l’école, au grand dam de ses parents, pour intégrer une pharmacie, avenue Jean Jaurès, à Paris. Il s’est spécialisé en dermocosmétique, s’est informé sur les accessoires, et déjà « curieux de tout » s’est investi dans toutes sortes de connaissances pour aller plus loin. « Cela m’a permis de valoriser ce métier que j’aimais », dit-il. Un métier de contact avec les gens qu’un concours de circonstance l’a conduit à quitter. C’était au début des années 80, époque où a été vendue la petite officine du Ve arrondissement, dans laquelle il travaillait. Il entre au Centre de formation des professionnels de la Pharmacie (CFPP) de la rue Planchat, dans le XXe, où il débute comme vacataire, dans l’enseignement de la préparation et de ses travaux pratiques. Il y est resté, depuis. « J’ai été amené à partager ce que j’avais appris des anciens, et transmettre est une source d’enrichissement. Même si aujourd’hui faire des préparations à partir des drogues de base jusqu’au produit fini, devient rare », explique-t-il. Il y a sept ans, un poste d’attaché de direction l’a déchargé des travaux pratiques. Il a, depuis, beaucoup plus de temps pour former les futurs préparateurs… au secourisme. Et leur transmettre, ainsi, son goût des autres. •
Daniel Trachet
Âge : 59 ans.
Formation : préparateur en pharmacie.
Lieu d’exercice : CFPP, Paris XXe.
Ce qui la motive : toutes les facettes du métier, le conseil, le contact.
Portrait chinois• Si vous étiez un végétal, lequel seriez-vous ? Un arbre costaud comme un chêne parce que je suis profondément ancré dans mes certitudes tout en sachant évoluer.
• Si vous étiez une forme galénique ? Un patch parce que j’espère être une personne constante et régulière. Et je suis un peu « collant », car j’aime les choses bien faites.
• Si vous étiez un médicament ? Un anxiolytique pour apporter de l’entrain. Je suis assez timide et réservé et j’ai tendance à me réfugier derrière une carapace « impénétrable ».
• Si vous étiez un matériel ou dispositif médical ? Un masque à oxygène. L’air c’est la vie et je suis un bon vivant qui tient à faire profiter les autres.
• Si vous étiez un vaccin ? Si j’osais… Un vaccin contre la connerie humaine et contre l’angoisse.
• Si vous étiez une partie du corps ? Les mains pour leur anatomie complexe qui permet de toucher et de sauver. En secourisme, le premier contact se fait par les mains qui permettent de « sentir » l’autre. Je suis très tactile.
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