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Toquée du lipstick

Publié le 1 octobre 2007
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Sandra Sibel a décidé d’ajouter deux cordes supplémentaires à son arc : l’esthétique et la dermocosmétique. Pour réaliser un vieux rêve.

Petite, Sandra est tombée dans un pot de maquillage. Sa potion magique à elle. À 41 ans, cette préparatrice du Gard a décidé de réaliser ses rêves d’enfant en devenant conseillère en dermocosmétique et esthéticienne. C’est sans artifice qu’elle accepte de se raconter. Et on l’écouterait parler des heures. Enfin, si on est une femme… Car Sandra Sibel est intarissable sur les secrets d’une crème de soin, la façon d’appliquer un contour des yeux. « Il faut éviter le coin interne de l’oeil afin que les glandes lacrymales n’éliminent pas trop vite les principes actifs ». Ou encore sur la nécessité de réaliser un gommage, « Imagine un meuble à restaurer. Il faut d’abord le poncer, puis le traiter avant de le patiner et le peindre. C’est exactement pareil pour le visage ! ».

Tu ne maquilleras point. « La cosméto, c’est ma passion depuis que je suis née, plaisante Sandra. C’était ludique tous ces crayons de couleurs ! Je les épointais avant de me maquiller. J’avais 5-6 ans » Et c’est en toute logique qu’elle épilera un jour la moitié des filles de sa classe en primaire ! Aussi, quand sonnera l’heure du choix de l’orientation au collège, la petite Sandra ne se torturera pas pour trouver sa voie. Ce sera esthéticienne ou rien. Mais, pour ses parents, c’est niet. « Pas d’avenir », lui rétorquent-ils. Sandra est une élève moyenne qui ne bosse pas trop ses cours. Mais elle a une excuse. Fille unique, elle aide ses parents qui tiennent un bar-restaurant à Brignon, un petit village du Gard entre Alès et Nîmes. Elle sert les menus routiers entre midi et deux, les paellas pour les fêtes votives et organise les lotos avec son père. « Je ne savais pas ce qu’était un Noël ou un anniversaire, je bossais tout le temps », se souvient Sandra. Mais cette éducation va lui apporter autonomie et indépendance. « À 18 ans, j’avais la mentalité d’une femme de 40 ans… »

Dans la santé tu travailleras. Un vague projet d’infirmière en tête, et obéissant à l’injonction de ses parents, Sandra entame alors un BEP Carrières sanitaires et sociales à Nîmes… qu’elle lâche en deuxième année pour suivre ses copines en CAP de pharmacie en 1983. « Si elles avaient choisi les métiers de bouche, je serais peut-être devenue charcutière ! », plaisante-elle. Or, dans les rayons des pharmacies, il y aussi le maquillage. Une carrière commence à se dessiner…Apprentie à Alès, Sandra finit son BP en 1989 à la Pharmacie Cauzid-Esperandieu à Brignon. La même année, elle épouse son « premier flirt » avec lequel elle gère une entreprise de peinture en bâtiment. Bosseuse, elle fait les factures de 6 à 8 heures avant d’aller travailler à la pharmacie. Et rentre le soir pour s’occuper des employés, puis de son ménage qui s’agrandit avec Emmanuel et Laura. Pas de répit pour la préparatrice qui continue à se former. MAD, interactions médicamenteuses, brevet de secourisme, « dans une officine de village, tu dois être polyvalente » sans oublier la dermocosmétique, plaisir oblige…Sandra dévore la presse féminine dans laquelle elle étudie les photos de maquillage et les nouveaux produits de soins. Par le biais de l’entreprise gérée par son mari, Sandra a la chance de voyager. Mexique, Thaïlande, Indonésie, Malaisie, Singapour ou le Maghreb lui permettent de découvrir l’univers du bien-être et de la beauté dans ses différences culturelles, que ce soit les hammams ou les spas. Elle se souvient ainsi avec délice d’un spa qu’elle a déniché au Sri Lanka après avoir interrogé un chauffeur de bus. Une baignoire en pierre de lave l’attendait sous les eucalyptus !

Connaissances tu acquerras . Écouter, regarder, c’est bien, mais ça ne suffit pas, Sandra a besoin de bases théoriques. Divorcée à 32 ans, elle affirme sa liberté. Elle retourne à l’école, avec le sentiment d’avoir 20 ans à l’âge des 40. « J’ai décidé de m’inscrire à la formation de conseillère en dermocosmétique de Botticelli pour acquérir un vocabulaire », explique-t-elle. Elle commencera les cours au CFA d’Avignon en janvier 2007. Plus de deux heures de trajet par semaine durant 18 mois pour plonger dans la biologie, la législation ou le marketing. Les cours de cosmétique avec émulsionnants et liposomes de 6e génération la laissent éveillée jusqu’à une heure du matin pour étudier. Elle navigue sur Beautetest.com, Chimieetbeauté.com à la recherche des principes actifs qui vont nourrir ses dossiers et s’abonne aux Nouvelles esthétiques. « Nous étudions 7 gammes, 5 officinales (Vichy, Roc Biotherm, Lierac et Galénic) et 2 en parfumerie (Dior et Guerlain), pour lesquelles nous décortiquons les actifs phares et la composition des produits », précise Sandra qui a eu 20 à l’oral pour son examen blanc. Elle planche déjà sur le dossier final où elle met en parallèle deux gammes non traitées en cours, Kenzoki de Kenzo et l’officinale Dermatherm.

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Plaisir et revanche tu prendras. Sandra n’en a pas moins oublié ses premières amours et son vieux rêve d’esthéticienne. En plus de Botticelli, elle entre en septembre 2007 en 2e année de CAP d’esthétique à l’école Pigier de Nîmes. Et passe ses mercredis à épiler ses condisciples âgées de 16 à 25 ans. Ses facultés d’adaptation, sa relative aisance financière (les cours coûtent 600 euros) sont un atout. Sa forme physique – elle court et mange sainement -, son côté franc-tireur – « Je ne demande rien à personne » — et son extrême rigueur également. Si tout va bien, elle passera son CAP d’esthéticienne en candidate libre l’année prochaine. « J’ai appris sur le tas dans les magazines et à la pharmacie, je confirme avec Botticelli et j’affine avec Pigier… » Celle qui possède un miniréfrigérateur dans sa salle d’eau pour conserver ses crèmes se fiche de ce qu’elle va faire de ces diplômes. Elle n’a pas envie de sacrifier son confort de vie pour se lancer dans un projet quelconque. Et n’a rien à prouver. « C’est pour moi. Ne me demande pas pourquoi, c’est comme si c’était tracé. »

Portrait chinois

• Si vous étiez un végétal, lequel seriez-vous ? Un bonzaï, résistant et fragile à la fois. Il a besoin de trouver le lieu adéquat pour s’épanouir. Moi, j’ai trouvé mon univers, c’est la cosmétique.

• Si vous étiez une forme galénique ? Une mousse démaquillante. C’est une forme innovante. C’est aérien, esthétique, ludique et fin.

• Si vous étiez un matériel ou dispositif médical ? Un pèse-personne pour la constance et la régularité. Je fais attention à tout au moral comme au physique. Je suis recta. J’aime que tout le soit.

• Si vous étiez un médicament ? La vitamine C car elle permet d’être toujours en forme. J’aime être tout le temps au top !

• Si vous étiez un vaccin ? Contre la vieillesse. Pour rester jeune et autonome, avoir la forme et ne rien demander à quiconque.

• Si vous étiez une partie du corps ? Les yeux, car tout passe dans le regard. Le sourire comme l’abattement se voient dans les yeux.

Sandra Sibel

Âge : 41 ans.

Formation : préparatrice

en pharmacie.

Lieu d’exercice : Brignon (Gard).

Ce qui la motive : La beauté et le bien-être.