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La voix du métier

Publié le 1 décembre 2007
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Côté pile, Jean-Marie Fonteneau est cadre formateur à Paris. Côté face, il est militant à la Cgt. Et reste fidèle à ses combats de jeunesse.

L’homme est massif. Et sa voix n’a pas besoin de mégaphone. Cadre formateur au CFA de pharmacie de Paris, Jean-Marie Fonteneau est militant à la Confédération Générale du Travail (CGT). Son engagement syndical ne faiblit pas depuis les années 70. Homme de convictions , Jean-Marie Fonteneau fustige les médias qui affichent un portrait peu ragoûtant du Et abhorre le : Il n’a cessé de se battre pour les préparateurs et les employés de pharmacie au sein de la Commission paritaire nationale de l’emploi (CPNE). Face aux syndicats patronaux, il a demandé, sans relâche, toujours plus pour les préparateurs. Si la prime de blouse existe, il y est un peu pour quelque chose. Même s’il a parfois l’impression , Jean-Marie Fonteneau persiste et signe. Normal pour un homme de l’engagement syndical.

Père agent SNCF et mère au foyer. , raconte Jean-Marie qui vit alors à Crouy sur Ourcq (Seine et Marne). Lui et ses deux soeurs voient très peu ce père qui travaille les nuits des week-ends chez un boulanger et qui ne part jamais en vacances. On parle politique à la maison, d’autant que le père a sa carte de militant syndical à la Cgt, créée en 1895. On lit , on râle contre le gouvernement et les salaires qui stagnent. Jean-Marie est à son tour confronté aux réalités salariales. Il entre comme apprenti dans la pharmacie d’une amie de sa mère à Nogent sur Marne (94), loin du domicile parental, nourri et logé dans une petite pièce de la pharmacie Au bout d’un an, il change pour une officine plus près de chez lui et s’y rend en mobylette.

Un jeune homme en colère. En 68, les cours du CAP d’aide préparateur se font par correspondance avec deux soirs par semaine, des cours sur Paris, Le jeune homme est en colère, porté par l’ambiance de l’époque où le Parti Communiste est fort de ses 20 à 25 % aux élections Persuadé de pouvoir , il prend sa carte à la Cgt, poussé par le discours du frère de sa mère, Le CAP en poche en 1971, il devance l’appel du service militaire. La soif de l’outremer le propulse dans le premier régiment de Hussards parachutistes à Tarbes. Il en revient sans avoir vu une île et anti-militariste.

L’enseignement par amour du métier. De retour à la vie civile, il trouve du travail boulevard Saint-Germain à Paris en raison de meilleurs salaires. Dans ce , il subit la condescendance des nobles clients à l’égard du petit personnel, Désireux de s’engager activement, il retourne voir ses profs de CAP, Cg-tistes . Ils lui conseillent de passer son BP. Rebelote, cours du soir au CFA de la rue de Planchat, puis entrée dans la Confédération. Il fait alors partie du syndicat des préparateurs et des employés de pharmacie, rattaché à la fédération de la chimie. Le lundi matin, il tient permanence à la Bourse du travail avec d’autres militants. Ils débattent des conditions du travail, du respect de la convention collective et renseignent les employés sur leurs droits. Il participe aux réunions des commissions paritaires qui Il obtient son BP en 1975. En 1977, il devient moniteur de travaux pratiques au CFA. , puisque seuls les syndiqués dispensent les cours. Jean-Marie est enthousiaste, Et les rapports salariés-employeurs de l’officine le .

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Chef de travaux à Planchat. Aujourd’hui responsable de la formation pour les préparateurs en pharmacie au sein de la Cgt, il a été nommé par la Confédération Toujours engagé dans d’âpres négociations à la CPNE durant son temps libre, Jean-Marie est discret au CFA. Aucun prosélytisme dans son discours, mais il n’en reste pas moins un homme de convictions, qui pousse sa gueulante quand on attaque les préparateurs. Un caractère , qui négocie avec ses tripes la hauteur du point ou le droit à la formation. Jean-Marie se marie, a un fils, et travaille le dimanche en officine de 1992 à 2002, finance oblige. Il adore son métier de formateur, il a d’ailleurs obtenu son diplôme de formateur en 2002 avec un dossier sur «La rénovation du Brevet Professionnel de préparateur en pharmacie», puisqu’il a aussi fait partie de la commission à l’origine du référentiel de 1997. Aujourd’hui «chef de travaux» avecquinze collègues préparateurs sous sa responsabilité, il enseigne toujours avec passion technique, galénique… et la botanique, une autre de ses marottes. Ses élèves connaissent son engagement syndical et lui disent souvent : Porphyre Monsieur Fonteneau, vos élèves n’ont pas fini de vous le répéter.

Portrait chinois

• Si vous étiez un végétal, lequel seriez-vous ? Un chêne pour sa pérennité et sa solidité. Être quelqu’un sur lequel on peut s’appuyer ou compter.

• Si vous étiez une forme galénique ? Un suppositoire… J’aime plaisanter. J’aime l’humour à froid et suis très moqueur en essayant de n’être jamais méchant.

• Si vous étiez un médicament ? Un médicament pour la mémoire parce que je suis enseignant. Du Cogitum pour cogiter…

• Si vous étiez un matériel ou dispositif médical ? Un nécessaire à perfusion pour injecter davantage de solidarité dans la profession. J’aimerais que les préparateurs soient un peu plus proches les uns des autres.

• Si vous étiez un vaccin ? Contre la bêtise, les réflexions idiotes, les prises de position sans réfléchir et les réponses à courte vue.

• Si vous étiez une partie du corps ? L’oreille, pour être à l’écoute. Être à l’écoute des autres opinions car on ne peut bien riposter que si l’on a bien écouté ! Je n’écoute pas toujours assez. La patience s’émousse avec l’âge…

Jean-MarieFonteneau

Âge : 55 ans.

Formation : formateur en CFA (préparateur en pharmacie).

Lieu d’exercice : CFPP rue Planchat (Paris).

Ce qui le motive : les jeunes.