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Le sevrage tabagique
Le sevrage tabagique nécessite une prise en charge globale du fumeur motivé. Bien dosés, médicaments et soutien psychologique s’adaptent à l’histoire tabagique de chacun et multiplient les chances de réussite.
Intérêt du sevrage tabagique
Le sevrage permet de réduire le risque de survenue et d’aggravation des maladies liées au tabagisme. Et ce d’autant plus qu’il intervient précocement et de façon radicale : une simple diminution du tabac n’aurait aucun effet sur ces risques.
Il n’est jamais trop tard !
Les risques liés au tabac sont partiellement réversibles, quelles que soient la durée et l’intensité de la consommation : 1 an après la dernière cigarette, le risque d’infarctus du myocarde diminue de moitié. De même pour le risque du cancer du poumon au bout de 5 ans. Après 10 à 15 ans d’abstinence, l’espérance de vie redevient identique à celle d’un non fumeur.
Pourquoi est-ce si dur ?
La consommation régulière de tabac induit progressivement une forte dépendance. À l’arrêt, le manque de nicotine se traduit par l’apparition d’un syndrome de manque : pulsions fortes à fumer, irritabilité, agitation, anxiété, insomnies, humeur dépressive, difficultés à se concentrer, constipation et augmentation de l’appétit. Des manifestations ressenties de façon variable qui sont les principales causes des difficultés et des échecs du sevrage.
Pourquoi une aide au sevrage ?
Environ 60 % des fumeurs disent avoir envie d’arrêter mais seuls 30 % d’entre eux envisagent de se faire aider ! En l’absence de toute aide, les taux de réussite sont faibles, de l’ordre de 5 % à 6-12 mois. Ils peuvent tripler avec une aide adaptée et sont d’autant plus importants qu’elle s’inscrit dans la durée (en moyenne 6 à 9 mois).
Stratégies de sevrage
Il n’y a pas de méthode universelle pour le sevrage qui doit prendre en compte les différentes dépendances, l’histoire tabagique de chacun et le terrain individuel (grossesse, alcoolisme, dépression…).
Les grands principes
La motivation du fumeur est une condition sine qua none.
Mieux vaut un arrêt brutal et total du tabac. Le sevrage définitif est fréquemment l’aboutissement de plusieurs tentatives non fructueuses.
Les moyens recommandés
Les méthodes validées scientifiquement sont :
– les médicaments qui pallient au manque de nicotine : substituts nicotiniques et bupropion LP ;
– le soutien psychologique qui facilite la préparation, aide au sevrage et prévient le risque de rechutes.
Quelle méthode dans quels cas ?
Le test de Fagerström permet d’évaluer la dépendance physique. Le score obtenu permet d’orienter le traitement. Le choix des médicaments est guidé par les antécédents et les préférences du patient, le risque d’effets indésirables, les contre-indications, le degré de dépendance, les pathologies associées.
£ 4 points : fumeur peu ou non dépendant. Un sevrage avec le seul soutien des professionnels de santé (pharmaciens, médecins, sage-femmes, tabac-info service…) est le plus souvent possible. Chez certains, les substituts nicotiniques sont utiles.
5 et 6 points au test : fumeur moyennement dépendant.
L’aide recommandée est à la fois le soutien des professionnels de santé et un recours aux substituts nicotiniques.
7 points au test : fumeur fortement dépendant. L’aide médicale est indispensable, associée aux substituts nicotiniques ou au bupropion LP. La consultation d’un tabacologue est recommandée en cas de rechutes fréquentes, de co-addictions (alcool…), de dépression.
Les médicaments du manque
Les substituts nicotiniques
Ce sont le traitement recommandé en premier lieu. L’objectif est d’apporter une quantité de nicotine équivalente à celle apportée par la consommation habituelle de tabac et de diminuer progressivement les doses en respectant des paliers d’un mois en moyenne. Classiquement, la durée totale du sevrage tabagique varie de six semaines à six mois.
• Mécanisme d’action. Les substituts diffusent très lentement la nicotine par la voie veineuse via la peau ou la muqueuse buccale, contrairement au tabac où la nicotine arrive au cerveau par « pic » en quelques secondes via les artères pulmonaires.
• Mode d’emploi. Le dosage de départ est déterminé en fonction de la consommation de tabac et des résultats du test de Fageström. Il est ensuite adapté en fonction des éventuels signes de surdosage (diarrhées, palpitations, bouche pâteuse) ou de sous-dosage (troubles de l’humeur, irritabilité, anxiété, envies irrépressibles de fumer). À posologie égale, toutes les formes ont une efficacité similaire. En cas de forte dépendance, on peut employer conjointement plusieurs formes de substituts (demander un avis médical si nécessaire).
• Précautions. Boissons acides, café, jus de fruit modifient l’absorption de la nicotine, on les déconseille dans les 15 minutes précédant l’utilisation d’un substitut oral.
• Contre-indications : aucune. On peut les utiliser chez la femme enceinte et chez l’adolescent dès 15 ans (pour certains produits).
• Les différentes formes. Les gommes à mâcher. Elles existent dosée à 2 et 4 mg. La dose libérée est respectivement de 1 mg et 2 mg. Elles doivent être mâchées lentement jusqu’à ce que le goût devienne fort puis placées entre la joue et la gencive. Quand le goût s’estompe, il faut reprendre les mastications et alterner de la même façon avec des périodes de pause pendant 30 minutes. Pour une absorption optimale et un risque moindre de brûlures digestives, la salive doit être gardée en bouche autant que possible. Les pastilles sublinguales ou comprimés à sucer. Contrairement aux gommes, les pastilles n’ont pas de matrice retenant une partie de la nicotine. Une pastille de 2 mg ou 4 mg libère respectivement environ 2 et 4 mg de nicotine. Les inhaleurs. Ce sont des cartouches jetables qui s’utilisent par aspirations comme une cigarette. La fréquence et l’intensité des aspirations sont adaptéesen fonction de ses besoins. La durée d’utilisation d’une cartouche peut ainsi varier de 20 à 80 minutes. Dans tous les cas elle doit être utilisée dans les 12 heures après ouverture. Les systèmes transdermiques. Les patchs nicotiniques sont dosés pour 16 heures (on les retire dans ce cas la nuit) ou pour 24 heures. Ils doivent toujours être appliqués sur une peau propre, sèche et glabre (bras, tronc) en évitant soigneusement le contact avec les yeux et avec les muqueuses (penser à laver les mains après manipulation). Pour diminuer le risque de réaction locale cutanée, renouveler quotidiennement le site d’application du patch. Il est classique de ressentir des picotements pendant quelques minutes après la pose.
Le bupropion LP (ZYBAN LP)
• Mécanisme d’action. Utilisé dans d’autres pays comme antidépresseur, le bupropion agit sur l’organisme en inhibant la recapture de la dopamine et de la noradrénaline au niveau des synapses du système nerveux central.
• Mode d’emploi. La date d’arrêt du tabac doit être fixée au cours de la deuxième semaine du traitement qui dure de 7 à 9 semaines. L’association aux substituts n’a pas montré d’efficacité supérieure à chacun des produits utilisés seul, elle n’est donc pas recommandée. Il est primordial de respecter un intervalle de 8 heures entre la prise des deux comprimés quotidiens pour éviter la survenue d’insomnies. Cet effet psychostimulant peut être recherché par certains fumeurs et amener alors à un détournement du produit ! Zyban nécessite une ordonnance médicale et n’est pas remboursé. Ne pas le délivrer sans prescription.
• Contre-indications : femme enceinte, allaitante, insuffisant hépatique et fumeur de moins de 18 ans, antécédents de convulsions (épileptiques), de traumatisme crânien, de troubles bipolaires, de sevrage alcoolique ou aux benzodiazépines, d’anorexie, de boulimie.
La varénicline (Champix)
La varénicline est sur le marché depuis début 2007. Si les études semblent montrer son efficacité, le manque de recul ne permet pas de trancher sur sa place dans les stratégies de sevrage. En outre, elle a été récemment mise en cause dans l’apparition de troubles dépressifs majeurs avec risque suicidaire sans que l’on puisse attribuer de façon certaine ces effets à la molécule ou à des troubles sous-jacents… des effets qui ont néanmoins conduit l’Agence européenne du médicament à demander de nouveaux avertissements aux prescripteurs.
• Mécanisme d’action. La varénicline se lie à certains récepteurs nicotiniques et présente une activité agoniste avec une efficacité moindre que la nicotine, ce qui permet de soulager les besoins impérieux de fumer et d’empêcher la liaison de la nicotine sur ces récepteurs.
• Mode d’emploi. Son administration doit débuter 1 à 2 semaines avant la date prévue de l’arrêt du tabac. La durée du traitement est de 12 semaines, éventuellement reconductibles. Pour les patients à haut risque de rechute, un arrêt progressif peut être envisagé.
• Contre-indications. Femmes enceintes, patients de moins de 18 ans, insuffisance rénale terminale.
Le soutien psychologique
Largement reconnues pour leur rôle dans l’arrêt du tabac, les thérapies comportementales et cognitives (TCC) sont des prises en charge, individuelles ou de groupe qui aident les personnes à modifier leur relation au tabac : ne pas « craquer », rompre avec certaines habitudes, gérer son stress autrement… Plusieurs méthodes sont utilisées comme le soutien social en impliquant le rôle de la famille, la relaxation ou encore les stratégies cognitives qui consistent à focaliser ses pensées sur les aspects positifs de l’arrêt.
Autres traitements
D’autres traitements peuvent être prescrits dans l’aide au sevrage : autres traitements médicamenteux, médecines douces, homéopathie.
Traitements médicamenteux
Ce sont les antidépresseurs (fluoxétine, paroxétine, sertraline), la clonidine (agoniste des récepteurs, 2-adrénergiques), les anxiolytiques (buspirone, diazépam et les bêtabloquants), les antagonistes opiacés (naloxone, naltrexone et buprénorphine), le nicotamide (Nicopriv).
Médecines « douces »
L’acupuncture, la mésothérapie, l’hypnose, la relaxation, la sophrologie peuvent être une aide appréciée, voire préférée, par certains fumeurs.
Homéopathie
On recommande un traitement de fond avec 9 CH, 9 CH et 7 CH, 3 granules de chaque matin et soir. Dès que l’envie de fumer se fait sentir, prendre 3 granules d’ orientale 7 CH et de Caladium 5CH.
Vivre sans tabac
S’y préparer !
Il est conseillé d’arrêter le tabac hors période de stress. On évite de cumuler arrêt du tabac et régime amaigrissant. Il est préfable de prévenir son entourage pour qu’il encourage l’initiative. On anticipera les difficultés en organiser son emploi du temps pour s’occuper au maximum : sorties, sports… Enfin, la veille du jour J, évidemment jeter toutes les cigarettes.
Limiter la prise de poids
La nicotine diminue l’appétit et augmente les dépenses énergétiques : il n’est donc pas rare de prendre du poids à l’arrêt du tabac, en moyenne 2 à 4 kilos. Plutôt que de s’astreindre à un régime draconien pendant le sevrage (chaque peine en son temps !) conseiller de manger équilibré avec un vrai petit déjeuner (pain, fruit, yaourt), privilégier les viandes maigres, le poisson, les fruits et légumes et de boire au moins 1,5 litre d’eau par jour. Pour lutter contre les fringales : manger des féculents aux repas (cuits sans graisse), prendre des collations légères (yaourts, fruits). Enfin, une activité physique est fortement recommandée.
Gérer les envies
Les envies compulsives de fumer durent en général 3 ou 4 minutes : en attendant, boire un grand verre d’eau, manger un fruit, respirer profondément, s’occuper les mains… et se rappeler que ça ne va pas durer ! On recommandera aussi d’éviter les situations à risque : les « soirées fumeurs », les pauses café… Si l’envie est trop forte, on peut «essayer» de se donner 15 minutes avant de reprendre une cigarette. Et on fera à nouveau le point sur les bonnes raisons d’arrêter.
Contre le stress
– Lister fréquemment les bienfaits de l’arrêt,
– Se détendre : activité physique quotidienne, yoga, relaxation…
– Consulter un médecin en cas d’angoisse, stress ou idées noires persistantes.
Sommeil
L’arrêt du tabac peut entraîner des troubles du sommeil, le plus souvent l’insomnie. Dans ce cas, éviter de prendre des somnifères ou des anxiolytiques. Limiter les excitants comme le café. Éviter les siestes dans la journée. Installer un rituel apaisant : tisane de phytothérapie, lait chaud, lecture…
Lutter contre la constipation
La nicotine améliore le transit, mais il n’est pas rare que les personnes prédisposées souffrent de constipation au début du sevrage. Adopter les règles diététiques habituelles : alimentation riche en fibres (légumes verts, seigle, son, fruits frais…) et boisson abondante dans la journée.
Quelle prise en charge pour les substituts nicotiniques ?
Ils sont pris en charge par l’assurance maladie à hauteur de 50 euros par an et par assuré.
En pratique, pour prétendre au remboursement :
– Il faut une ordonnance médicale consacrée aux substituts uniquement.
– L’assuré doit régler le montant des substituts à la pharmacie (le tiers payant n’est pas possible).
– Soit la feuille de soin électronique est envoyée via la carte vitale à l’assurance maladie, soit le patient envoie lui-même sa feuille de soin accompagnée de son ordonnance.
À savoir :
– Le patient peut décider d’échelonner son traitement et son remboursement dans le temps.
– Certaines mutuelles prennent en charge tout ou une partie des traitements d’aide au sevrage tabagique.
Besoin de soutien?
La ligne « Tabac Info Service » est une ligne téléphonique créée à l’initiative de la Cnam et de l’Inpes (institut national de prévention et d’éducation pour la santé) ouverte de 8h00 à 20h00, 6 jours sur 7. Elle permet aux fumeurs de trouver des informations, un soutien et de parler directement à des tabacologues.
0 825 309 310 (0,15 € par minute). www.tabac-info-service.fr
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