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« J’ai des règles douloureuses »

Publié le 1 juin 2008
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Devant des douleurs de règles, il faut avant tout savoir déceler un risque de pathologie gynécologique sous-jacente. Et soulager avec un traitement symptomatique.

Les douleurs

Les douleurs bénignes

Les douleurs « primaires » ou « essentielles » surviennent à l’apparition des premières règles, récidivent à chaque cycle et s’estompent souvent après une grossesse. Elles seraient dues aux fluctuations hormonales du cycle : la chute du taux de progestérone provoque une hypersécrétion par l’endomètre de prostaglandines responsables des contractions douloureuses. Elles s’accompagnent de céphalées, nausées, vertiges, diarrhées ou constipation…

La consultation s’impose

Souffrir durant ses règles n’est pas « normal ». Toute douleur doit conduire à consulter pour sa prise en charge correcte. Les dysménorrhées dites « secondaires » ou « organiques » – plus fréquentes vers la trentaine – témoignent d’une pathologie gynécologique sous-jacente : endométriose, fibrome, polypes… Consulter en cas de douleurs en dehors des règles (signes possibles de grossesse extra-utérine, d’infection génitale, de rupture de kyste ovarien).

L’interrogatoire

Évaluer la gravité •

« Depuis combien de temps avez-vous mal ? », « Les douleurs sont-elles intenses ? », « Avez-vous d’autres signes ? » : ces questions permettent d’objectiver les symptômes.

« Est-ce la période présumée de vos règles ? Sont-elles normales ? », « Utilisez-vous une contraception ? » L’objectif est d’écarter le risque de grossesse ou d’urgence gynécologique.

Évaluer une cause possible •

« Quel âge avez-vous ? » Entre 25 et 40 ans, on pense à une grossesse, mais aussi à l’endométriose externe. Après 40 ans, le risque de pathologie utérine augmente.

« Ressentez-vous ces douleurs à chaque cycle ? » « La douleur est-elle aussi forte d’habitude ? » Des réponses négatives à ces questions orientent vers une pathologie secondaire.

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« La douleur coïncide-t-elle avec l’arrivée des règles ? », « A-t-elle tendance à diminuer ? » « Persiste-elle depuis plusieurs jours ? » Les dysménorrhées secondaires apparaissent plutôt le deuxième ou le troisième jour, vont crescendo et durent plus de trois jours.

« Portez-vous un stérilet ? » permet de rechercher une éventuelle cause mécanique.

Orienter le traitement

« Quels traitements avez-vous pris ? » : poser cette question permet d’éviter les interactions.

Quelle démarche ?

Les objectifs

Expliquer qu’un traitement « antidouleur » de un à trois jours suffit généralement à soulager. Quelques règles d’hygiène, des plantes ou de l’homéopathie peuvent compléter, soulager ou prévenir les crises.

Le suivi

Conseiller de consulter, quoi qu’il en soit, et obligatoirement si les douleurs ne s’améliorent pas ou s’aggravent dans les 48 heures. La prescription d’un contraceptif est une alternative courante pour supprimer les douleurs invalidantes.

Le traitement

Le traitement est symptomatique, associant parfois un antispasmodique à un antalgique.

Les antalgiques •

Les anti-inflammatoire non stéroïdiens (AINS), traitement de référence, inhibent la synthèse des prostaglandines inflammatoires, d’où leur action sur les douleurs et les signes associés. L’aspirine est déconseillée : son effet antiagrégant plaquettaire peut majorer les saignements. Seul l’ibuprofène (Advil, Nurofen, Algifène…) peut être proposé dès le début des douleurs à la posologie de 200 à 400 mg par prise à renouveler toutes les 6 heures sans dépasser 1200 mg/jour (pour un poids supérieur à 40 kg). Respecter effets indésirables (nausées, gastralgies, diarrhées, allergies) et contre-indications (antécédents d’allergies à un AINS ou à l’aspirine, ulcère gastroduodénal, insuffisances hépatiques ou rénales sévères). Ne pas associer à un autre AINS (majoration du risque digestif).

Le paracétamol, d’efficacité limitée dans ces douleurs, peut néanmoins être utilisé à la posologie de 500 mg à 1 g toutes les 4 à 6 heures, trois ou quatre fois par jour. Les spécialités l’associant à la codéine (Codoliprane, Migralgine, Claradol codéiné) ont des contre-indications (troubles respiratoires) et des effets indésirables (constipation) qui limitent leur utilisation.

Les antispasmodiques

Indiqué contre les crampes douloureuses, un antispasmodique suffit parfois à calmer la douleur. Le phloroglucinol (Spasfon, Spassirex, Spasmocalm…) est proposé à raison de deux comprimés en une prise à renouveler si besoin et jusqu’à 6 par jour. Les formes Lyoc sont à dissoudre dans l’eau ou à laisser fondre sous la langue.

Phytothérapie •

Le gattilier (Elusane Gattilier gélules). Grâce à leur action type « hormonale » inhibitrice de la sécrétion de prolactine, les fruits et la sommité fleurie du gattilier s’utilisent en complément des antalgiques, pendant les troubles, en cas de tension mammaire, troubles de l’humeur, maux de tête et rétention d’eau.

L’armoise (tisanes Vitaflor, Florina, Pharma-plantes…). Les feuilles et la sommité fleurie de l’armoise ont des propriétés « emménagogues » : elles régularisent le flux sanguin et sont antispasmodiques. On les conseille en infusion deux ou trois fois par jour, huit jours avant et pendant les règles

La camomille. Deux variétés sont utilisées pour leur action anti-inflammatoire et antispasmodique lors des douleurs : la matricaire (ou camomille allemande) en infusion (tisane Mediflor, Vitaflor…) et la grande camomille (Elusane Grande camomille). Dans Dologyne gélules, la grande camomille est associée à l’armoise.

L’huile d’onagre (Elusane Huile d’onagre, Effi Onagre, Arkogélules Huile d’onagre…). Les acides gras essentiels (gammalinolénique et linoléique) dans l’huile d’onagre agissent comme précurseur des prostaglandines anti-inflammatoires. On conseille des cures pendant les dix derniers jours du cycle, à renouveler pendant trois mois.

Homéopathie

À raison de 5 granules à répéter si besoin et en 9 CH, on peut conseiller : Colocynthis et Magnesia phosphorica quand la douleur fait se plier en deux, Chamomilla vulgaris quand elle est insupportable, Lachesis mutus quand elle est forte le premier jour, Lilium tigrinum quand elle irradie vers le sacrum et les cuisses. Des traitements homéopathiques composés existent tels que Hélonias composé Boiron, Abbé Chaupitre N° 83, Lehning L 25…

Hygiène de vie

Limiter stress, alcool et tabac pendant ces quelques jours. Faire de l’exercice régulièrement (mais pas d’exercice soutenu !). Éviter le surpoids. Consommez des aliments riches en acides gras essentiels (poissons gras). Luttez contre la constipation en mangeant des légumes verts, des fibres, en buvant abondamment. Au moment des douleurs, prendre une douche chaude puis s’allonger en chien de fusil avec une bouillotte ou un cousin thermique (Coldhot) sur le ventre ou les lombaires. •

Une femme sur trois se plaint de règles douloureuses ou dysménorrhées. Parfois invalidantes, les douleurs pelviennes sourdes, ponctuées de spasmes, peuvent irradier vers les lombaires, le sacrum ou l’abdomen.

Elles surviennent généralement dans les 24 heures précédant l’arrivée des règles, sont maximales le premier jour et s’estompent en deux ou trois jours.

Préférez les formes d’action rapide

Formes effervescentes Paracétamol, Efferalgan ou Doliprane effervescents, Upfen comprimés effervescents. Attention à l’apport de sel dans ces formes en cas d’hypertension !

Formes orodispersibles

Dolitabs, Efferalganodis, Nuroflash, Paralyoc, Spasfonlyoc…

Lysinate d’ibuprofène

Le sel de lysine aurait une action plus rapide (Nuroflash).

Association ibuprofène-arginine

L’acide-aminé augmenterait la vitesse d’absorption de l’ibuprofène (Spedifen).