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L’heure des remises en question
Un ministre qui pose encore un lapin, la menace du TFR, la restructuration du réseau… Le 56e Congrès national des pharmaciens, dimanche et lundi dernier à Beaune, a suscité de nombreuses interrogations.
Si le TFR (tarif forfaitaire de responsabilité) est resté la triste vedette du 56e Congrès national des pharmaciens, la restructuration à venir du réseau en était la préoccupation principale. S’agissant du TFR, Bernard Capdeville, président de la FSPF, a tenu à rappeler à Jean-François Mattei, hué par l’assistance, que « la mise en place des TFR est ressentie par notre profession, sinon comme une sanction, à tout le moins comme un désaveu pour les efforts constants déployés par les pharmaciens ». Quoi qu’il en soit, le TFR sera appliqué, mais pas au 1er juillet, comme l’a laissé entendre Edouard Couty, directeur de l’Hospitalisation et de l’organisation des soins et représentant le ministre, confirmant malgré tout que la liste des génériques susceptibles d’être placés sous TFR serait bien établie fin mai.
Le TFR repoussé à la rentrée.
Le TFR ne devrait être appliqué qu’en septembre-octobre, a précisé lundi Jean-Marc Yzerman, chargé du dossier Economie à la FSPF : « Le faible écart de prix, en France, entre princeps et génériques va faire de cette politique un échec et une catastrophe. Il aura des conséquences beaucoup plus pernicieuses sur l’évolution des dépenses via des transferts de prescription. Mettez le TFR sur le diclofénac, et vive le Celebrex ! », s’est-il exclamé. Et de craindre l’application du TFR sur les futurs groupes sans princeps (aspirine, paracétamol, magnésium) dès leur entrée au Répertoire. Mais il a surtout exhorté ses confrères à des mesures de rétorsion vis-à-vis des laboratoires de princeps qui, à l’avenir, demanderaient volontairement l’application d’un TFR à leurs produits (une baisse drastique de leur prix étant moins nocive pour eux que la perte de parts de marché due aux génériques) : « Si un laboratoire demande le TFR, il ne faudra pas vendre son princeps, mais aussi ne pas conseiller ses produits OTC ! »
Concentrer le réseau.
Edouard Couty était aussi très attendu concernant la restructuration du réseau. Ici, pas d’annonce concrète, mais la réaffirmation de la position officielle : résorber en priorité les excédents en centre-ville conduisant à des CA trop faibles : « Sans doute existe-t-il un CA optimal. Si le CA est trop faible, la pharmacie ne peut avoir du personnel qualifié et un stock suffisant ; s’il est trop important, ce n’est pas bon non plus car le pharmacien ne peut pas alors connaître sa clientèle avec ses antécédents médicaux, entraînant un défaut de qualité. »
Edouard Couty a également sous-entendu que l’existence de 6 335 officines ne comprenant qu’un pharmacien pouvait conduire à des dispensations par du personnel non qualifié. Le ministère se dit donc disposé à favoriser les regroupements (quitte à revoir ici l’obligation de conserver le même nombre de diplômés ainsi que la fiscalité).
Au-delà de la réduction du nombre de points de vente voulue par les pouvoirs publics, s’est aussi posée la question d’une restructuration du réseau. Les enjeux : la remise en cause à terme des prix de cession (déséquilibre offre/demande), de l’exercice indépendant (chaînes), de la répartition des officines. « Dans le cadre d’une politique libérale qui vise à la disparition des monopoles, à partir de quel ratio d’officine remettra-t-on en cause l’accès aux soins et donc le monopole ?, a demandé Philippe Pignard, trésorier de la FSPF. C’est à notre profession qu’il appartient de trouver des solutions et des partenaires fiables. »
Et la répartition arriva…
Dans le contexte prochain de départs massifs en retraite, le risque de chaînes viendra des officinaux alors soucieux de valoriser leur capital (donc de vendre au mieux-disant), a alerté Philippe Pignard. Une aubaine pour Patrick Martin, président de la CSRP, invité aux débats, qui affirma que ni les regroupements, ni l’entrée des jeunes dans le capital ne suffiront à soutenir les prix de cession : « Il faut permettre l’ouverture du capital à d’autres acteurs pharmaceutiques. Pour rééquilibrer la toute-puissance de l’industrie pharmaceutique, je souhaite que ce choix se porte sur la répartition. » Une industrie il est vrai omniprésente dans les coulisses de l’Avenue de Ségur, et prompte à brandir l’arme du chantage à l’emploi face au gouvernement. Jean-Pierre Lamothe aura, lui rappelé « à certains grands absents du jour que nos effectifs salariés sont supérieurs de 20 % à ceux de la répartition et de l’industrie »…
Mais aussi…
– Revignetage. Les pharmaciens auront jusqu’au 20 juillet pour écouler leurs stocks à l’ancienne vignette. Une circulaire CNAM a été envoyée à cet effet le 16 mai aux caisses.
– Déremboursements. La FSPF a été informée que les déremboursements toucheraient 80 spécialités au 1er juillet 2003. Les veinotoniques, produits à base de calcium et de magnésium seront concernés en 2004 et les vasodilatateurs en 2005. Pour Bernard Capdeville, il est à craindre que ces déremboursements aient des effets comparables à ceux des antiasthéniques dans les années 80.
– Réserve hospitalière. Le ministère précise qu’une formation devra être proposée aux pharmaciens pour optimiser la sortie massive en ville de la réserve fin 2003.
– Transferts. Yves Trouillet, président de l’APR, demande au ministre de mettre en demeure les préfets d’interdire les transferts spéculatifs. Le ministre estime, lui, que la jurisprudence se suffit à elle-même.
– Démographie officinale. Yves Trouillet réclame au ministre la mise en place d’un quorum à 3 500 habitants pour favoriser les regroupements d’officines en rassurant les pharmaciens au plan local. Il demande de supprimer le numerus clausus au niveau des facultés. Le ministère s’est simplement engagé à mener des études pour « déterminer l’augmentation la plus souhaitable et la plus rationnelle du nombre de diplômés ».
– Opinion pharmaceutique. Edouard Couty a précisé que la bonne dispensation impliquera prochainement l’opinion pharmaceutique. Il souhaite que le pharmacien participe à la constitution du dossier du malade.
– Qualité. Le ministre se félicite de l’initiative de l’Ordre d’avoir élaboré et diffusé un guide d’assurance qualité.
– Réforme de la Sécu. Le projet de loi sur la réforme de l’assurance maladie sera déposé fin 2003 : « Là, nous aurons des réponses à vos questions », a précisé Edouard Couty.
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