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La stratégie économique face à l’Assurance maladie

Publié le 29 avril 2023
Par Yves Rivoal
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Les chambres patronales sont en train d’affiner leur feuille de route pour le volet économique des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie qui débuteront à l’automne. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) peaufinent leur stratégie.

 

« Lors d’une conférence, Joël Lecoeur, le président du groupement Conseil gestion pharmacie, a annoncé qu’en 2023 les officines allaient être exposées à un effet ciseaux. Avec, d’un côté, un niveau d’activité revenu à celui de 2019 et, de l’autre, une augmentation de la masse salariale de 6 % l’année dernière et des charges fixes qui ont explosé avec l’inflation. Il estimait ainsi que tous les bénéfices engrangés en 2021 et 2022 risquaient d’être engloutis cette année », redoute Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui va donc militer pour une revalorisation des honoraires dans le cadre des futures négociations conventionnelles« Lors des échanges que nous avons pu avoir avec Marguerite Cazeneuve, la directrice déléguée de l’Assurance maladie, elle nous a dit qu’elle avait entendu le message, mais qu’elle ne pourrait pas compenser la totalité de l’inflation, confie-t-il. Si l’on considère que celle-ci a été en moyenne de 10 % l’année dernière, nous allons réclamer une augmentation des honoraires du même ordre, mais en procédant de manière intelligente, car si nous appliquions cette mesure à l’ensemble des actes, ce serait prendre le risque de faire exploser le réseau. » 

 

L’USPO vient de créer un groupe de travail afin d’évaluer et de simuler les impacts de telle ou telle augmentation. Pierre-Olivier Variot militera également pour que les budgets non dépensés depuis 2018 attribués aux bilans partagés de médication (BPM) soient affectés aux missions qui seront confiées aux pharmaciens. « Cette enveloppe estimée à 40 M€ pourrait effectivement être allouée à la rémunération des interventions pharmaceutiques, aux renouvellements d’ordonnances ou à la prise en charge de la préparation des doses à administrer (PDA) », suggère le président de l’USPO.

L’inflation au cœur des négociations

 

De son côté, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) souhaite obtenir une enveloppe de 750 M€ pour compenser l’inflation depuis 2019. « Cette enveloppe est justifiée par un chiffrage précis de tous nos actes, que ce soit en prix et en volume, précise Philippe Besset, son président. Pour y parvenir, nous allons demander une réévaluation de l’honoraire de dispensation pour toute ordonnance (HDR ) de 0,50 € à 1,30 €, ainsi qu’une revalorisation de l’acte de vaccination qui est aujourd’hui limité à 9,60 €, alors qu’il est supérieur à 13 € pour les vaccins contre le Covid-19. » 

 

La FSPF demandera également la création de quatre nouveaux honoraires, rémunérés 10 € pour les renouvellements exceptionnels des ordonnances pour traitement chronique expirées – bientôt étendus à trois mois avec la proposition de loi Rist –, 15 € pour la dispensation protocolisée, 5 € pour les interventions pharmaceutiques et 200 € par jour dans le cadre du soutien aux officines installées dans les territoires fragiles.

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« Cette feuille de route sera transmise dans les jours qui viennent à l’USPO pour que nos confrères puissent la commenter et l’enrichir, l’objectif étant de parler d’une même voix lors des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie », conclut Philippe Besset.

 

Les négociations s’ouvriront à la rentrée. Marguerite Cazeneuve a déjà prévenu : « L’Assurance maladie n’est pas là pour financer les négociations annuelles obligatoires (NAO) des pharmaciens. » Et a fourni quelques pistes : « Je crois beaucoup à l’intervention pharmaceutique et au pharmacien correspondant. »