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REBONDIR APRÈS UN ÉCHEC
Pas facile de se relever après un mauvais départ. Hargne et volonté ne suffisent pas toujours à retrouver le chemin du succès. François Basck, pharmacien titulaire, y est arrivé après plusieurs tentatives infructueuses.
Après une première expérience en tant que pharmacien titulaire, François Basck se réinstalle à Saumur (Maine-et-Loire) le 1er janvier 2004. Cette nouvelle installation se présente sous les meilleurs auspices, mais il déchante rapidement. Bien que son plan de financement ait été accepté par la banque, son apport initial s’avère insuffisant, mettant en lumière un défaut de financement. Ainsi, dès la deuxième année, les difficultés de trésorerie s’installent et les premières tentatives pour les juguler (compression de la masse salariale, mise en place d’un découvert bancaire) sont vaines. Le découvert se creuse jusqu’au moment où la banque décide de couper les vivres. S’enchaînent alors des tentatives de sauvegarde.
1 Le mandat ad hoc
Afin de ne pas vivre les affres du dépôt de bilan, François Basck choisit d’avoir recours à l’une des procédures prévues dans la loi de sauvegarde des entreprises en faisant appel à un mandataire ad hoc.
Le mandat ad hoc est une procédure, sans frais, qui s’offre au chef d’entreprise en difficulté avant l’état de cessation de paiement. Cette action amiable permet au dirigeant qui rencontre un problème, comme un impayé d’importance, de demander à un avocat le dépôt d’une requête devant le tribunal de commerce. Le mandataire ad hoc a pour mission d’assister le chef d’entreprise dans la recherche de solutions amiables au problème ponctuel avec un ou deux créanciers de l’entreprise, en général ses fournisseurs. Malheureusement, pour ce titulaire, la procédure échoue.
2 Le passage en SEL
Après ce premier échec, François Basck ne baisse pas les bras : « Je ne pouvais pas repartir si la situation financière de l’entreprise n’était pas assainie », expose-t-il. Pour apurer ses comptes, et sur les conseils de son expert-comptable, il apporte en 2007 son fonds à une SELARL et injecte de l’argent personnel dans la nouvelle structure au travers du compte courant d’associé. « Le passage en SEL poursuivait un double objectif : alléger les charges et les impôts de l’entreprise, et assurer la pérennité de l’activité », poursuit-il.
Cependant, l’année 2008 marque une vraie cassure dans l’économie de l’officine et la croissance du chiffre d’affaires. « Je savais qu’il fallait anticiper les baisses de marge et qu’en ne faisant rien je me retrouverais quelques années plus tard dans le même état de difficultés financières. » Il écarte toutefois l’idée de vendre son officine dans une période où les prix baissent et surtout tant qu’il n’aura pas atteint un chiffre d’affaires suffisamment important pour être attractif (1 million d’euros HT).
3 Changer de politique commerciale
Pour sécuriser sa future transaction, François Basck cherche à créer une nouvelle activité avec l’aide d’investisseurs. Il fait ainsi appel à Christophe Le Gall, pharmacien angevin, qui a su développer un réseau d’officines performantes. « J’ai été séduit par son business model basé sur les compétences, les services, les prix compétitifs et l’anticipation des besoins de l’officine. Par ailleurs, Christophe Le Gall m’a également soutenu dans mon opération en rachetant le local contigu à ma pharmacie afin d’y ouvrir un espace de matériel médical. Ce local devait par la suite être rattaché physiquement à mon officine en cassant les murs. Ce rattachement n’a pas abouti faute d’en obtenir l’autorisation. »
François Basck, tout en restant pharmacien indépendant, devient adhérent de la centrale d’achat Le Gall Santé Services et remonte progressivement la pente grâce à une politique de prix plus agressive, un élargissement de l’offre commerciale, une gestion en flux tendu des stocks et un relooking de sa pharmacie.
4 Le regroupement, une solution
Mais pour prendre un nouvel essor, François Basck est à l’étroit dans ses 45 m2. Il souhaite s’agrandir et avoir une surface compatible avec les évolutions de l’exercice professionnel et le développement de nouvelles activités. C’est ainsi qu’il rachète la pharmacie d’un confrère voisin, en dépôt de bilan, à qui il avait préalablement proposé un regroupement. « Il y a des pharmacies excédentaires sur Saumur. J’ai donc pu fusionner sans risque les deux officines et m’installer dans la pharmacie d’à côté, qui est plus spacieuse, tout en récupérant la clientèle des deux officines. » Grâce à cette absorption et au terme d’un parcours long et compliqué, François Gasck est enfin, a priori, sorti de ses ennuis financiers. « Je n’ai jamais connu de moment de répit, je suis passé par différentes périodes de stress, d’angoisse et de doute. Le bon côté des choses quand vous êtes sur la corde raide, c’est que les difficultés développent en vous une capacité à réagir, à se remettre en permanence en cause. Ce qui importe est de rester actif et d’avoir des projets pour se relancer », conclut-il.
Faire appel à un tribunal de gestion
Savoir faire appel à un tribunal pour se sortir des difficultés est capital. Pour Éric Sebban, avocat à Paris et spécialisé dans le redressement des entreprises en difficulté, il est indispensable de vérifier qu’il n’est pas trop tard pour trouver des solutions internes au redressement. « Souvent, le chef d’entreprise, influencé par un partenaire, préférera souscrire un crédit ou accroître son découvert autorisé contre remise de sa caution. Il ne pense pas que se mettre sous la protection du tribunal est un acte de gestion à part entière qui présente de très nombreux avantages, explique-t-il. Le dirigeant en difficulté doit accepter de faire appel aux dispositions de la loi créées pour l’aider, sans pour autant que cela soit perçu comme un signe de faiblesse. Ainsi, il ne doit pas hésiter à faire appel à un mandataire ad hoc ou à un conciliateur pour résoudre les difficultés de son entreprise. Souples d’emploi, ces procédures sont souvent mises en œuvre comme une première étape avant l’ouverture d’un redressement judiciaire. »
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