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L’acide kojique

Publié le 23 novembre 2013
Par Delphine Jonas
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Qu’est-ce que c’est ?

• L’acide kojique est obtenu à partir de la fermentation du glucose par une souche de l’espèce de champignon Aspergillus oryzæ (biotechnologie). De nombreuses autres espèces d’Aspergillus, des espèces de Penicillium et d’Acetobacter sont susceptibles de produire de l’acide kojique.

• C’est une pyrone (5-hydroxy-2-hydroxymethyl-4-pyrone), soluble en milieu aqueux, alcoolique ou hydroalcoolique.

• Sa forme estérifiée par l’acide palmitique (dipalmitate) est plus utilisée car plus stable. Ce dérivé est de plus soluble dans les corps gras.

• Sa dénomination INCI est kojic acid.

Quelles sont ses propriétés cosmétiques ?

• Classé comme antioxydant selon la nomenclature officielle européenne des ingrédients cosmétiques, il possède aussi des propriétés blanchissante, éclaircissante et dépigmentante de la peau.

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• Il agirait aussi comme anti-inflammatoire selon certaines études.

Quelles sont ses utilisations en cosmétique ?

• L’acide kojique est utilisé dans de nombreux topiques cutanés (crèmes, gels, sérums, etc.) ou de peelings superficiels (sous forme de crèmes ou de masques) pour traiter tous types de troubles pigmentaires et d’hyperpigmentations cutanées : masque de grossesse, taches actiniques, vieillissement cutané, photosensibilisation, etc.

• Il est destiné à traiter les taches situées au niveau du visage, du cou, du décolleté et des mains.

• Il est souvent associé à d’autres agents dépigmentants (acide azélaïque, arbutine…) pour obtenir une meilleure efficacité.

Quelles sont les concentrations ?

• Elles varient de 0,5 à 3 %.

• La concentration usuelle dans les soins non rincés (peelings) est de 1 %

Quel est son mode d’action ?

• L’acide kojique agit par inhibition de la tyrosine-hydroxylase en bloquant la synthèse de 3,4-dihydroxyphénylalanine (L-dopa), précurseur de la mélanine.

• L’acide kojique est un chélateur des métaux, dont le fer qui est nécessaire au bon fonctionnement de la tyrosine-hydroxylase. Il empêche ainsi le fonctionnement de l’enzyme.

Quels sont ses avantages ?

• Il est très largement utilisé depuis l’interdiction de l’hydroquinone (cancérigène) et de ses dérivés en cosmétique.

• Selon de nombreuses études, l’acide kojique serait un dépigmentant efficace.

Quels sont ses inconvénients ?

• L’avis du Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) du 30 septembre 2008 concluait que l’acide kojique utilisé à une concentration maximale de 1 % dans les soins pour la peau posait un risque toxique pour la santé humaine.

• Les réunions des 26 et 27 juin 2012 ont cependant conclu à son innocuité suite à d’autres études pour une concentration à hauteur de 1 %, sauf pour les peelings ou lors d’applications sur de grandes surfaces cutanées.

• Cependant, l’acide kojique ayant un mécanisme d’action proche de l’hydroquinone, on peut légitimement s’interroger sur les risques liés à l’utilisation de cette substance (photosensibilisation, cancer…). A ce jour, aucune donnée ne permet de trancher sur ce risque.

• Les dérivés de l’acide kojique n’ont pas été étudiés et le CSSC n’a donc pas pu tirer de conclusion sur l’innocuité d’utilisation de ces substances.

À RETENIR

• L’acide kojique est une substance blanchissante, éclaircissante et dépigmentante de la peau.

• Il est utilisé en dermocosmétique pour traiter les troubles de l’hyperpigmentation cutanée, seul ou en association. Son ester, le dipalmitate d’acide kojique, est plus stable chimiquement et utilisé plus facilement.

• Sa concentration usuelle d’utilisation est de 1 % (jusqu’à 3 %).

• Le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs a conclu en 2012 à son innocuité pour la santé des consommateurs pour une concentration d’utilisation de 1 %.

Sources : M.-C. Martini, Introduction à la dermopharmacie et à la cosmétologie, 3e édition, Lavoisier EM Inter ; M.-C. Martini, M. Seiller, Actifs et additifs en cosmétologie, 3e édition, EM Inter ; D. Guerrero, Prise en charge dermocosmétique des hyperpigmentations, Elsevier Masson, « Annales de dermatologie et de vénéréologie », 2012, 139, S115-S118 ; « Les produits dépigmentants : le point en 2011 », thèse d’Eve Oualid, faculté de pharmacie de Grenoble, 2011.