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L’appendicite

Publié le 23 novembre 2013
Par Ségolène Blin
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L’appendicite constitue l’urgence chirurgicale abdominale la plus fréquente. En France, en 2010, 83 000 appendicectomies ont été réalisées. C’est le 15e acte chirurgical le plus pratiqué.

Qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit de l’inflammation aiguë de l’appendice. Cette excroissance d’une dizaine de centimètres se situe à la base du cæcum.

L’inflammation résulte de l’obstruction de l’appendice par une stercolithe (résidus de matières fécales durcies), une hyperplasie des formations lymphoïdes (agrégats de follicules lymphoïdes), un bouchon muqueux, un corps étranger ou une tumeur, et s’accompagne d’une pullulation microbienne. L’appendicite peut survenir à tout âge mais elle est plus fréquente entre 10 et 30 ans avec une prédominance masculine dans cette tranche d’âge. Elle reste rare avant 3 ans et chez le sujet âgé.

Quels sont les signes cliniques et biologiques ?

Dans sa forme typique, l’appendicite se caractérise par une vive douleur d’apparition brutale et d’intensité croissante localisée dans la fosse iliaque droite. Cette dernière débute parfois dans la zone périombilicale ou dans l’épigastre et s’accompagne de signes digestifs variables (nausées, vomissements, constipation) et de fièvre (38-38,5 °C).

Sur le plan biologique, on observe une augmentation de la CRP et une hyperleucocytose.

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Le diagnostic repose sur les données cliniques et biologiques mais s’avère souvent difficile en raison du polymorphisme des symptômes et des variations topographiques du cæcum et de l’appendice (localisation sous-hépatique, pelvienne…).

Ces variations anatomiques expliquent la multiplicité des diagnostics différentiels (cystite, colite néphrétique, pyélonéphrite, grossesse extra-utérine, salpingite, cholécystite…).

Face à une douleur abdominale, le diagnostic d’appendicite aiguë est fort probable devant la présence de la triade suivante : défense en fosse iliaque droite (contraction douloureuse et passagère à la palpation), hyperleucocytose > 10 000/mm3 et CRP > 8 mg/l. En cas de doute, l’échographie abdominopelvienne constitue l’examen de référence pour confirmer le diagnostic.

Si l’échographie n’est pas contributive, le recours au scanner abdominopelvien doit être envisagé.

Quelles sont les complications ?

La complication majeure de l’appendicite est la perforation appendiculaire conduisant à une péritonite généralisée (inflammation de l’ensemble de la membrane séreuse de l’abdomen), mettant en jeu le pronostic vital. Elle se traduit par une douleur de l’ensemble de l’abdomen accompagnée d’une fièvre élevée (≥38,5 °C) et de signes généraux (tachycardie, polypnée…). L’évolution de l’appendicite est imprévisible. L’augmentation de la mortalité en cas de complication (0,1 % dans les formes typiques et jusqu’à 5 % en cas de perforation) justifie une prise en charge précoce.

Quel est le traitement ?

Le traitement de l’appendicite est chirurgical (appendicectomie). L’intervention est réalisée sous anesthésie générale par laparotomie (chirurgie ouverte) ou cœlioscopie. Une antibioprophylaxie bactéricide active sur les anaérobies et les bacilles à Gram – est prescrite en peropératoire. Après exérèse, l’examen anatomopathologique de l’appendice est indispensable afin de confirmer l’appendicite et de diagnostiquer une éventuelle tumeur.

EN PRATIQUE

• Toute douleur abdominale, à type de torsion ou de crampe, d’apparition brutale et d’intensité croissante, doit conduire à une consultation rapide.

• Il n’existe pas de concordance entre l’intensité des symptômes et la gravité des lésions.

• Le traitement est chirurgical, il ne doit pas être retardé en raison du caractère imprévisible de l’évolution de l’appendicite.

• Le recours à l’imagerie a permis de réduire le nombre d’appendicectomies inutiles.

Sources : HAS, « Appendicectomie, éléments décisionnels pour une indication pertinente », 2012 ; Mentine N., Gugenheim J., « Appendicite de l’enfant et de l’adulte », La Revue du praticien, 2011 ; Société nationale française de gastroentérologie, « Appendicite de l’enfant et de l’adulte », 2009.