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Mutualisation : partager son salarié pour le meilleur !
Tous les métiers ne requièrent pas un temps plein dans l’officine. La mutualisation avec d’autres pharmacies est une réponse que titulaires et groupements mettent de plus en plus en pratique. Un bon moyen d’attirer les candidats.
Titulaire de la pharmacie Lacoste à Charvieu-Chavagneux (Isère), Laurent Rousset partage l’emploi du temps d’une acheteuse avec deux autres adhérents de son groupement Hello Pharmacie, situés à 2 et 20 km de son officine. « Les achats me prenaient un temps considérable, raconte-t-il. Comme une grande partie des négociations se déroulent désormais à l’échelle du réseau, j’ai évoqué l’idée de recruter une acheteuse en temps partagé lors d’une réunion des adhérents Hello Pharmacie… » Les lundis, mercredis et vendredis matin, l’acheteuse est à la pharmacie Lacoste, l’après-midi à la pharmacie Martin Pinel à Pont-de-Chéruy (Isère), les mardis et jeudis toute la journée, à la pharmacie Dagneux à Dagneux (Ain). « Comme son emploi du temps ne change jamais, elle peut s’organiser pour rencontrer les laboratoires sur les trois sites pour le compte des trois pharmacies », assure le pharmacien. À la fin de chaque mois, l’acheteuse, qui possède sa propre structure, facture les pharmacies de manière indépendante. Pour Laurent Rousset, ce partage de compétences n’a que des vertus. « Cela m’a libéré du temps pour manager l’équipe et faire avancer des projets, se félicite le titulaire. Lydie a aussi professionnalisé la fonction achats, en améliorant la répartition des stocks et en limitant le surstockage. Et c’est beaucoup plus économique que si j’avais dû recruter seul une acheteuse ! »
Les groupements d’employeurs se déploient
Le contexte de pénurie de personnel incite les groupements à proposer, eux aussi, des solutions de partage de compétences à leurs adhérents. Dès 2010, le réseau Totum Pharmaciens a lancé un groupement d’employeurs : HPI Emploi. Une douzaine de personnes sont aujourd’hui salariées de cette structure, la plupart en contrat à durée indéterminée (CDI). « Il s’agit principalement de préparateurs, mais nous avons aussi des pharmaciens, une experte en trade marketing et une autre en tiers payant, détaille Maxime Mendelsohn, titulaire de la pharmacie qui porte son nom à Mallemort (Bouches-du-Rhône), et qui préside le groupement d’employeurs. Tous interviennent dans une zone géographique donnée, le plus souvent pour le compte d’un groupe local de pharmacies. Leur emploi du temps est fixé mois par mois. » Pour bénéficier d’un salarié en temps partagé, une pharmacie doit cotiser au groupement d’employeurs. « Tous les mois, celui-ci récapitule le nombre d’heures effectuées par chaque salarié et refacture à l’euro près aux officines le temps de travail effectué et l’ensemble des coûts annexes, souligne Maxime Mendelsohn. À la fin de l’année, le bilan du groupement d’employeurs, qui est une association loi 1901 à but non lucratif, doit être égal à zéro. » Ancien président de PHR et fondateur du nouveau groupement Act pharmacie, Lucien Bennatan fait lui aussi partie de ceux qui ont misé très tôt sur le partage des compétences. En 2009, il a créé Team Pharma, un groupement d’employeurs accessible à toutes les pharmacies et tous les groupements de France. « Team Pharma, c’est aujourd’hui dix-huit diététiciennes nutritionnistes diplômées et salariées qui interviennent en moyenne 8 jours par an dans chacune de nos 297 officines adhérentes, précise-t-il. Leurs tâches sont diverses : faire passer aux patients des entretiens sur rendez-vous, facturés en moyenne 40 € par les pharmacies, organiser des ateliers thématiques, former les équipes, ou intervenir au nom de la pharmacie dans des Ehpad ou des maisons de santé, etc. » L’autre vertu du groupement d’employeurs est la flexibilité. « Il peut dépanner en cas d’absence momentanée », ajoute Maxime Mendelsohn.
Vers un partage de toutes les ressources humaines
Lucien Bennatan s’apprête à étendre les services de Team Pharma aux pharmaciens et aux préparateurs. « Des groupements partenaires nous ont sollicités pour faire intervenir des pharmaciens et des préparateurs chez leurs adhérents. Nous avons lancé un appel à candidatures dans le département du Nord-Pas-de-Calais. Si l’expérience se révèle concluante, nous dupliquerons le dispositif dans d’autres régions. » Le président de Team Pharma est d’ores et déjà persuadé que « ça va marcher, car les jeunes candidats sont de plus en plus attirés par le travail à temps partagé et les titulaires considèrent cette alternative plus souple que le recrutement et moins chère que l’intérim. » Un avis que rejoint Maxime Mendelsohn, estimant que le modèle du groupement d’employeurs est aussi un bon outil de prérecrutement pour les titulaires. « En enchaînant les expériences, les pharmaciens et les préparateurs découvrent des types de pharmacies et de management différents. Le jour où ils décident de se poser en rejoignant une pharmacie, ce qui arrive en général deux ou trois ans après avoir intégré le groupement d’employeurs, leur choix se fait en toute connaissance de cause. » Un partage qui profite autant aux titulaires qu’aux candidats…
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