Au pays du pharmacien ACHETEUR
Marché très mature, le Royaume-Uni a une politique favorable à l’égard des génériques, dont le prix reste quatre fois moins élevé que le princeps.
Pays de la libre entreprise et du libéralisme, le Royaume-Uni ne fait aucune exception dans le secteur de la santé. La fixation des prix y est totalement libre, ce qui a pour effet de pousser les prix à la hausse. D’où le succès des médicaments génériques, qui restent en moyenne 4 fois moins chers que le médicament de marque équivalent. En 2012, le coût moyen pour le système de santé anglais d’un produit de marque était de 16,57 livres comparé à 3,85 livres pour un médicament générique, selon des statistiques publiées par l’organisation Health and Social Care Information Centre (HSCIC).
De l’autre côté de la barrière, les contribuables y trouvent également leur compte puisque l’industrie des médicaments génériques leur permet d’économiser quelque 11 milliards de livres par an. Pas étonnant dans ces circonstances que les PCT (Primary Care Trusts), équivalents britanniques des caisses primaires d’assurance maladie, soutiennent à fond les médecins dans la prescription des génériques. Les généralistes sont d’ailleurs formés dès l’université : ils y apprennent ainsi à rédiger leurs prescriptions en utilisant la dénomination commune internationale (DCI), c’est-à-dire la molécule, qui n’est autre que le nom sous lequel les médicaments génériques sont libellés outre-Manche, à la différence de nombre de pays européens. Sans surprise, la part de prescriptions libellées en DCI est passée de 78 % en 2003 à 83,6 % en 2012. Avec en tête des médicaments génériques les plus largement prescrits les anti-infectieux (98,7 %) et, de l’autre côté de la fourchette, les vaccins et les médicaments immunologiques, avec « seulement » 46,3 %.
Marge négociée pour les pharmaciens
A l’origine de cette percée, une politique gouvernementale très accommodante. Depuis 2005 et l’introduction du mécanisme de NHS Drug Tariff, un système de tarification des médicaments génériques outre-Manche, les fabricants de génériques sont en effet libres de fixer leurs tarifs à la condition qu’ils produisent tous les trimestres au ministère de la Santé britannique des données sur leurs revenus, leurs volumes et leurs remises. C’est à partir de la moyenne des prix fabricants, pondérés par leurs volumes de ventes, que le Department of Health va ensuite fixer un prix de vente qui sera actualisé tous les trimestres. Pour les pharmaciens, la détermination de ce prix est importante dans la mesure où le prix de remboursement de la majorité des génériques vendus est fixé à un montant légèrement supérieur aux prix affichés par les fabricants de façon à leur garantir une marge.
« Au sein de ce système, la marge négociée revient à confier un rôle d’acheteur au pharmacien, qui peut conserver les remises négociées avec les fabricants, et qui est donc incité à négocier les prix à la baisse ; cela favorise donc la concurrence entre les fabricants de médicaments génériques », indiquait en octobre 2012 un rapport de la commission des comptes de la sécurité sociale. Dans les faits, l’introduction de ce système s’est accompagnée d’une baisse constante des prix de la majorité des génériques dans la mesure où les pharmaciens sont parvenus à décrocher des marges négociées plus importantes que le prix de remboursement. « Dans la mesure où les prix sont basés sur les règles du marché avec un minimum d’interférence gouvernementale, les généralistes sont incités à prescrire des génériques et les pharmaciens à les dispenser, estime Warwick Smith, directeur général de la British Generics Manufacturers Association (BGMA), l’organisme représentant 90 % des fabricants de génériques outre-Manche. « L’absence de bureaucratie permet à l’organisme de santé publique britannique, le National Health Service, de dégager de grosses économies suite à l’entrée précoce sur le marché des génériques. »
En revanche, les pharmaciens britanniques n’ont pas le droit de substitution : à l’étude, cette proposition gouvernementale avait finalement été abandonnée fin 2010 suite à des craintes sur la sécurité.
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