Un marché À LA PEINE
L’Italie a beau être un gros marché pharmaceutique, la généralisation de l’utilisation des génériques tarde à se concrétiser.
En juin 2013, la part de marché des génériques dispensés par les médecins recouvrait 17,69 % de l’ensemble des prescriptions (source : Assogenerici). Si le marché a considérablement progressé – la pénétration était de 1,1 % en 2001 –, on reste loin des niveaux de l’Allemagne, de la France ou encore du Royaume-uni. Le pays aurait pourtant bien besoin de réduire sa facture en matière de dépenses de santé : en 2012, la dépense pharmaceutique totale en Italie s’est élevée à 25,5 milliards d’euros – dont 76 % remboursés par l’équivalent de la Sécurité sociale en Italie –, soit une moyenne par habitant de 430 euros.
Pour expliquer ce faible engouement, les professionnels avancent une série de raisons : chez nos voisins ultramontains, à la différence du Royaume-Uni ou encore de l’Allemagne, les génériques tombent sous le coup d’une réglementation des prix : en vertu de ce système, le prix public des génériques doit être inférieur à hauteur de 12 % au prix des médicaments de référence. Outre une marge faible pour les pharmaciens, les génériques souffrent aussi d’une perception négative à la fois du patient mais aussi du praticien. L’entrée en vigueur du décret Balduzzi pourrait changer les choses. En vertu de ce décret publié en septembre 2012, les médecins doivent uniquement prescrire le principe actif du médicament, laissant au patient toute liberté de choisir entre le générique et le médicament de marque.
3 QUESTIONS À
VICTOR MENDONÇA, DIRECTEUR DE LA POLITIQUE PHARMACEUTIQUE ET ÉCONOMIQUE À L’EGA, L’ASSOCIATION EUROPÉENNE DES FABRICANTS DE MÉDICAMENTS GÉNÉRIQUES« Les pharmaciens français ont très bien travaillé »
Quel état des lieux peut-on dresser aujourd’hui du marché du générique en Europe ?
Victor Mendonça : Nous sommes en présence de vingt-huit politiques de santé différentes détenant chacune sa propre politique pharmaceutique. Néanmoins, nous remarquons que toutes ces politiques convergent vers de nouvelles législations concernant le générique comme levier de réduction des coûts de santé. Pour autant, dans ces efforts, les législations diffèrent une nouvelle fois en termes de prix, de remboursement et de méthodes pour assurer l’observance de la politique du générique. De sorte qu’il est difficile de tirer un bilan global sur la corrélation entre le prix pratiqué par un marché et la pénétration du générique dans ce pays donné.
En matière de dynamique du marché du générique, la France a fourni un exemple récent et inédit avec sa mesure « tiers payant contre génériques »…
Victor Mendonça : De fait, les pharmaciens français ont très bien travaillé en substituant dans 85 % des cas. En revanche, il reste un énorme travail d’amélioration à faire dans les prescriptions. Les médecins français restent le point d’interrogation de la pénétration du générique sur le marché français. Nous n’avons en Europe aucun autre pays où le générique et sa qualité soient autant remis en question par les médecins, parfois à travers les institutions, et les patients.
Estimez-vous les leviers adoptés par d’autres pays européens plus favorables à une pénétration du générique ?
Victor Mendonça : Certains pays comme la Grande-Bretagne sont parvenus à des réductions de coûts de santé significatives. 1 % d’augmentation de prescription de génériques a ainsi permis au NHS de réaliser des économies à hauteur de 151 millions de livres [179 M€]. Les médecins sont entraînés dès l’université à prescrire une molécule. En Allemagne, le générique occupe 73 % du marché du médicament. On remarque que de manière générale les pays où le générique détient une place prépondérante sont les ceux qui ont agi sur les modes de prescription, éventuellement avec des incitations, et surtout ceux qui ont inclus le pharmacien et le médecin dans la politique du générique. Le pharmacien et le médecin détiennent la clé du facteur confiance auprès des patients.
Propos recueillis par Marie Luginsland
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