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Pénuries : en attendant la liste des médicaments critiques…
Le Leem (Les entreprises du médicament) a présenté, ce 11 mai, son plan de mesures pour lutter contre les pénuries de médicaments. Y figure la fameuse liste de médicaments critiques et une vingtaine d’autres mesures sur la transparence de l’information et sur les prix de certains médicaments.
Vingt-quatre « actions concrètes » réparties en 7 axes : tel est le plan de lutte contre les ruptures d’approvisionnement présenté par le Leem le 11 mai 2023. Un plan ambitieux mais dont certaines mesures rejoignent celles déjà présentées le 2 février 2023 par François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie.
C’est notamment le cas de la liste des médicaments dits « critiques » annoncée pour fin mai par le gouvernement. Le Leem demande de « finaliser la définition » de cette liste « initiée par les pouvoirs publics ». Pour l’instant une première liste de 48 molécules a été établie comme l’a indiqué Louis-Samuel Pilcer de la Direction générale des entreprises (DGE) lors d’un Café Nile le 3 mai. Car pour tous les acteurs, cette liste de médicaments critiques constitue une première étape. Elle permettra en effet d’identifier les vulnérabilités d’approvisionnement (production des principes actifs, production des médicaments et distribution). Mais son élaboration prend du temps car elle nécessite un consensus des médecins et des sociétés savantes. Pour autant, François Braun n’a pas hésité, le 10 mai sur CNews, à déclarer, face à la demande d’une journaliste, que l’antiépileptique Sabril (vigabatrine) serait intégré à cette liste…
Le Leem veut également « s’assurer de la convergence d’une liste commune en Europe ». Une liste européenne a aussi été annoncée par la Commission européenne pour la fin de l’année. Là-encore, l’objectif est identique : repérer les failles en termes de production et d’approvisionnement au niveau européen.
Plus de transparence et d’information
L’autre axe prioritaire du Leem est l’optimisation de la transparence et de la qualité de l’information entre les différents acteurs. Il s’agit notamment de généraliser l’usage de la plateforme de suivi TRACStocks, de façon systématique en cas de signalement de tensions ou ruptures et en y intégrant les acteurs de la distribution. Le Leem travaille également avec l’Ordre des pharmaciens afin d’améliorer l’information sur les tensions d’approvisionnement, en particulier sur les causes, dans le DP-Ruptures.
L’Ordre planche aussi pour que les messages DP-Ruptures soient plus facilement accessibles aux pharmaciens d’officine. Enfin, le Leem souhaite mettre en place un « connecteur » des informations sur les disponibilités en cas de tensions qui permettrait de relier les systèmes d’information existants entre les différents acteurs (laboratoires, grossistes-répartiteurs…).
Augmenter les prix
Côté prix, le Leem propose d’augmenter de façon ciblée et « sans délai » le prix des médicaments en situation de vulnérabilité économique sur la base de la liste établie, de permettre des hausses de prix pour les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) en situation de vulnérabilité économique et d’ouvrir la possibilité d’un gel des baisses de prix pour les médicaments en deçà duquel la viabilité économique n’est plus assurée. Selon une étude réalisée par le Leem sur une centaine de molécules, les prix français sont en moyenne 25 % inférieurs à ceux pratiqués en Allemagne, en Espagne, en Italie et au Royaume-Uni. A noter que le gouvernement a annoncé le 2 février un moratoire sur les baisses de prix des génériques stratégiques sur le plan industriel et sanitaire et des hausses de prix ciblées sur certains génériques stratégiques produits en Europe à terme, en contrepartie d’engagements des industriels sur une sécurisation de l’approvisionnement du marché français.
Le syndicat professionnel réclame aussi des ajustements réglementaires, par exemple homogénéiser un étiquetage européen, pour limiter les situations de ruptures et permettre plus de souplesse entre les pays européens.
Autant de mesures effectivement concrètes. Reste que leur mise en œuvre ne va pas être immédiate, puisqu’il faut que la liste de médicaments critiques voit enfin le jour et que la mission interministérielle sur le financement des produits de santé rende ses conclusions…
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