Forfaitisation des produits de contraste : construite au doigt mouillé ?

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Forfaitisation des produits de contraste : construite au doigt mouillé ?

Publié le 11 mai 2023
Par Anne-Hélène Collin
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L’intégration des produits de contraste dans les forfaits radiologiques, avec possibilité pour les radiologues de s’approvisionner directement auprès des laboratoires, c’est pour bientôt. Mais dans la chaîne pharmaceutique, personne n’est prêt. Une chose est sûre : la mesure a été prise à la hâte par les autorités. 

La forfaitisation des produits de contraste entrera en vigueur le 1er juillet 2023 pour les produits utilisés pour les examens par IRM, et le 1er mars 2024 pour les produits utilisés pour les examens par tomodensitométrie (scanner). Les informations dont disposent les pharmaciens, notamment sur le calendrier et les modalités de retour des invendus et des surstocks, s’arrêtent là. Et ce n’est pas la réunion avec la Direction de la sécurité sociale (DSS) du vendredi 5 mai qui a servi à quelque chose, selon l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). 

Autour de la table étaient réunis, « pour la première fois, et moins de deux mois avant l’entrée en vigueur [de la forfaitisation] », comme le résume le président de l’USPO, Pierre-Olivier Variot, les industriels (Le Leem), les grossistes-répartiteurs, les syndicats de radiologues libéraux et de radiologues hospitaliers, les syndicats de pharmaciens d’officine et l’Assurance maladie. Mais cette réunion « n’a servi à rien, explique Pierre-Olivier Variot. Elle était totalement hors-sol. Personne n’est prêt pour le 1er juillet. Les laboratoires ne sont pas prêts, les radiologues libéraux ne sont pas prêts, l’hôpital n’est pas prêt et considère que ce n’est de toute façon pas à lui d’absorber les problèmes de l’ambulatoire. » Information importante pour les officinaux : les codes CIP des produits concernés ne sont pas non plus connus.

Côté ministériel, la DSS et l’Assurance maladie « ont assuré que tout serait mis en œuvre pour que la mesure s’applique au 1er juillet. Un arrêté de radiation de remboursement serait d’ailleurs en cours de préparation », poursuit Pierre-Olivier Variot. Pour autant, « le ministère de la Santé nous dit que certains produits seront peut-être encore remboursés ». Et au cas où les laboratoires ne parviendraient pas à approvisionner en direct les radiologues, « on nous a demandé que les pharmaciens fassent un dépannage en attendant que les choses se mettent en place. Je suis contre ! », s’agace le président de l’USPO. Il n’y a pas d’autres réunions et d’autres ordres du jour prévus pour le moment.

Selon les syndicats pharmaceutiques, cette forfaitisation est une perte économique pour le réseau et une brèche dans le monopole pharmaceutique. Face à l’absence d’information, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France et l’USPO recommandent d’être vigilant lors des commandes de produits de contraste, notamment les produits pour IRM, et d’éviter le stockage.

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