Pénuries de médicaments : l’hiver prochain risque d’être rude

Annoncé le 2 février par le ministre de la Santé et de la Prévention, le plan de préparation des épidémies hivernales afin d’anticiper d’éventuelles tensions et renforcer la capacité de la France « à faire face à des pics saisonniers de consommation de médicaments », est en cours d’élaboration par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Une réunion avec toutes les parties prenantes a eu lieu le 11 mai. Lors d’un point presse ce 12 mai, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) a évoqué différentes mesures déjà actées.

Substitution et surveillance

Ainsi, des cadres réglementaires dérogatoires devraient être préparés pour, par exemple, faciliter la substitution libre par le pharmacien de médicaments en rupture d’approvisionnement. Des tableaux d’équivalence thérapeutique pourraient l’accompagner dans la substitution. Concernant les approvisionnements, des projections de stocks et des besoins en production devraient être établies.

Deuxième mesure : un système de surveillance des épidémies et de l’augmentation des besoins va être mis en œuvre. Celui-ci pourra s’appuyer sur des réseaux sentinelles de professionnels de santé, a priori par profession, afin de faire remonter rapidement les informations. Il y aura également un partage des indicateurs entre les parties prenantes et une remontée des informations à l’ANSM.  

Prescriptions adaptées

Autre axe abordé lors de la réunion : la communication auprès des prescripteurs, qui devrait être renforcée pour que les prescriptions soient adaptées aux médicaments disponibles. « Et le bon usage du médicament sera replacé comme le socle de toute politique de lutte contre les pénuries », souligne l’USPO.

De plus, les informations du DP-Ruptures seront optimisées avec pour objectif de connaître la cause et la durée de la rupture, et obtenir également une estimation de la date de retour à la normale. Concernant les approvisionnements, une « boîte à outils » devrait voir le jour avec une graduation de la mise en œuvre des outils selon l’évolution de la situation et des pénuries. Des évolutions réglementaires ont été actées, notamment la définition des tensions d’approvisionnement dans le Code de la santé publique afin de pouvoir envisager des solutions avant des situations de ruptures de stocks. Enfin, le syndicat souhaite que des leviers législatifs à l’initiative de l’ANSM soient envisagés comme l’adaptation des conditionnements en fonction des recommandations.

Le plan de préparation des épidémies hivernales doit être présenté courant juin comme la nouvelle feuille de route de lutte contre les pénuries.

Tenir l’hiver

Malgré ces avancées, il est, pour l’USPO, nécessaire de reconstituer les stocks actuels avant l’hiver. « Nous n’allons pas pouvoir sécuriser les approvisionnements, mais nous poussons avec l’ANSM sur le bon usage du médicament. Si nous sécurisons les prescriptions, nous serons moins impactés par un approvisionnement relativement faible, a expliqué Pierre-Olivier Variot, le président de l’USPO. Mais il faut que ça aille vite : des décisions doivent être prises dès maintenant si des problèmes se posent en septembre-octobre. L’ANSM a demandé aux laboratoires de libérer les stocks d’antibiotiques  -amoxicilline notamment – et a levé les sanctions financières pour qu’ils puissent approvisionner les officines. Je ne suis pas cependant sûr que ces stocks permettent de durer autant de temps qu’un hiver ».