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Le nouveau visage du crime organisé

Publié le 5 octobre 2013
Par Henri Weill
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Expert-comptable et distributeur de médicaments. Une double activité plutôt inhabituelle. Entre décembre 2006 et mai 2007, Peter Gillespie a importé 72 000 paquets de médicaments contrefaits, soit plus de 2 millions de doses. Environ un tiers de ces expéditions concernait des médicaments supposés soigner des pathologies graves (cancer de la prostate, problèmes cardiaques, schizophrénie). Profit dégagé : 3 millions de livres (4,9 millions de dollars). Les médicaments falsifiés étaient expédiés de Chine par voie maritime via Hongkong, Singapour et la Belgique, puis packagés comme des médicaments français pour être vendus en Grande-Bretagne.

Un médicament sur deux vendu en ligne serait faux

Cette affaire, citée dans une étude (« Contrefaçons de médicaments et organisations criminelles ») réalisée par l’Institut de recherches contre les médicaments contrefaits et présentée le 25 septembre dernier, résume une criminalité qui pesait 75 Md€ en 2010 (55,6 Md€). Ses acteurs : le grand banditisme, des réseaux transnationaux mais aussi, comme dans le cas de Peter Gillespie, des opportunistes en col blanc. Une mise de départ de 1 000 $ peut ainsi en rapporter jusqu’à 500 000. Alors que la même somme investie dans le trafic d’héroïne ne rapporterait que 20 000 $, 43 000 dans les cigarettes. La cybercriminalité augmente elle aussi ses « parts de marché ». Eric Przyswa, auteur du rapport, cite l’affaire Glavmed, l’un des plus importants réseaux de distribution de médicaments contrefaits sur Internet, mis au jour en Russie : 1,5 million de commandes et 800 000 acheteurs en 3 ans d’activité. Revenus mensuels estimés : 1 M€. Selon l’OMS, 1 médicament sur 2 vendu sur la Toile serait faux.

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