Pathologies Réservé aux abonnés

L’épistaxis

Publié le 26 octobre 2013
Par Patricia Willemin
Mettre en favori

L’épistaxis, appelée communément saignement de nez, est très fréquente mais la plupart du temps bénigne.

De quoi s’agit-il ?

Une épistaxis est une hémorragie des fosses nasales secondaire à une lésion du système vasculaire irriguant la muqueuse nasale. Dans la majorité des cas, le saignement se situe au niveau d’une zone richement vascularisée appelée « tache vasculaire de Kiesselbach », point de rencontre des deux réseaux artériels principaux (artère sphénopalatine et artères ethmoïdales) vascularisant la muqueuse nasale. La tache vasculaire se situe dans la partie antéro-inférieure de la cloison nasale (cf. schéma).

Quels sont les différents types ?

• L’épistaxis bénigne : le saignement est peu abondant, se faisant goutte à goutte par la narine, antérieur et unilatéral. Fréquent chez le sujet jeune, il n’y a pas de répercussion sur l’état général.

• L’épistaxis grave : signes alarmants du fait de son abondance, de sa durée ou de sa répétition. Elle est dans ce cas fréquemment bilatérale avec un écoulement antérieur et postérieur (sang dégluti pouvant provoquer des nausées et des vomissements). Elle peut s’accompagner d’autres signes inquiétants : agitation, angoisse, sueurs, pâleur, pouls rapide et chute de la tension artérielle. Elle affecte surtout le sujet âgé.

Quelles en sont les causes ?

L’épistaxis est fréquemment idiopathique mais peut également être le symptôme révélateur ou la complication de nombreuses affections.

Publicité

• Les causes locales : infectieuses ou inflammatoires (rhinite, sinusite), médicamenteuses (décongestionnants, corticoïdes), traumatiques (corps étranger, fractures, post-chirurgicales) ou tumorales (tumeurs bénignes ou malignes du nez ou des sinus, fibrome nasopharyngien).

• Les causes générales : hypertension artérielle, troubles de la coagulation (congénitaux ou acquis), maladie de Rendu-Osler (maladie vasculaire héréditaire).

Quel est le traitement ?

• En première intention, la conduite à tenir repose sur des gestes simples : s’asseoir, pencher la tête en avant, se moucher une seule fois doucement pour évacuer d’éventuels caillots puis effectuer une compression bidigitale de la partie antérieure du nez pendant au moins dix minutes. Cette technique permet de stopper la plupart des épistaxis bénignes.

• En complément de la compression, on peut réaliser un tamponnement vestibulaire par introduction d’une mèche hémostatique (Coalgan : en fibres non tissées d’alginate de calcium, il est laissé en place au moins trente minutes ; Bloxang : gélatine sous forme d’éponge résorbable ; pommade HEC : à appliquer sur une mèche, contre-indiquée en cas d’allergie aux pyrazolés, au baume du Pérou ou à la lanoline).

• Si les épistaxis sont récurrentes, l’ORL pourra proposer un traitement par cautérisation (chimique ou laser) consistant à scléroser les vaisseaux responsables des saignements à répétition.

• Dès lors que le saignement est consécutif à un choc à la tête, qu’il est abondant, répétitif ou prolongé ou qu’il concerne un patient sous anticoagulants, une consultation médicale, voire une hospitalisation, s’impose. Selon le retentissement général et l’abondance du saignement, l’épistaxis sera traitée par méchage antérieur ou antéropostérieur ; chirurgicalement par coagulation ou clippage endoscopique de l’artère sphénopalatine ou ligature des artères ethmoïdales.

EN PRATIQUE

• Éviter tout traumatisme local de la muqueuse nasale : se moucher doucement, ne pas gratter les croûtes (couper les ongles des enfants).

• Si le nez est sec utiliser une crème grasse type vaseline, une solution saline ou du sérum physiologique.

• Éviter l’exposition au soleil, qui en dilatant les vaisseaux, peut favoriser les récidives.

• Ne pas dormir dans une chambre surchauffée, humidifier l’air.

• Éviter la prise de médicaments type aspirine ou AINS.

Sources : « Épistaxis (avec le traitement) », Collège des chirurgiens ORL, 2009, orlfrance.org ; ameli-sante.fr/epistaxis.html ; « Arrêter les saignements de nez chez les enfants », Fiches Infos-Patients Prescrire – Mai 2013 ; « Épistaxis : quelle prise en charge en urgence ? » Dr Patrice Gallet, Pr Roger Jankowski, La Revue du praticien, Vol. 62 – p. 695-697 – Mai 2012