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Spéculations sur les prix
Comment une ouverture du capital affecterait-elle le marché de la transaction ? Quels changements induirait-elle sur la valeur des officines et sur la rémunération des pharmaciens ? Eléments de réponses.
Les effets de la dérégulation se ressentent déjà sur les prix des officines. Depuis deux ans, certains vendeurs mais aussi des acquéreurs misent sur l’ouverture du capital, l’arrivée des chaînes et les velléités des répartiteurs pour spéculer sans tenir compte des réalités économiques. « C’est cette attitude de « marchand de biens » qui fait monter les prix artificiellement et qui justifiera peut-être une déréglementation aux yeux des pouvoirs publics », craint Philippe Becker, directeur du département pharmacie de Fiducial Expertise. En cas d’ouverture, c’est avant tout l’emplacement qui déterminera le prix, selon Jacques Ambonville, consultant.
Lors du dernier congrès du groupe PHR, qui vient de se tenir à Lille, Claude Castells, président d’OCP Répartition, a rappelé également que le monopole et le numerus clausus font la valeur d’un fonds de pharmacie et créent la spéculation. « Si le modèle est différent, les banques n’investissent pas autant dans les pharmacies et celles-ci ne se vendent pas aussi cher. Par exemple, en Allemagne, où il y a la liberté d’installation, les pharmacies se vendent entre 15 % et 20 % du chiffre d’affaires. »
La valeur du travail y gagnera
Ayant l’expérience de l’ouverture du capital en dehors de nos frontières, Claude Castells constate que quand le monopole de la propriété tombe, le capital est moins bien traité que le travail : « La valeur du fonds baisse tandis que la valeur du travail augmente. Imaginons, par exemple, une pharmacie réalisant un million d’euros de chiffre d’affaires avec un EBE de 10 %, soit de 100 000 euros. Si la rémunération du titulaire est de 70 000 euros (charges comprises), l’EBE réel n’est plus que de 30 000 euros, soit 3 %. » En valorisant l’officine à 7 fois l’EBE, le fonds est estimé à 210 000 euros, soit 21 % du chiffre d’affaires !
Lors du même congrès, Lucien Bennatan, président de PHR, a affirmé que son groupe proposerait une offre de chaînes en cas d’ouverture du capital, laquelle, selon lui, ne peut être que totale. « Une ouverture à 51 % rendrait le pharmacien prisonnier de ses parts car personne ne voudrait investir dans sa pharmacie où il ne détiendrait au mieux que 49 %. »
PharmaRef Holding, la structure de tête de PHR qui associe les pharmaciens du groupement (voir encadré), serait prête à acquérir 400 officines au moins pour en mettre 200 sous l’enseigne Viadys et les 200 autres sous l’enseigne Pharma Référence, tout en gardant au sein de cette chaîne l’esprit du commerce associé. Le montage ? Les pharmaciens vendraient leur pharmacie à une SEL (vente à soi-même) et, en tant qu’associés, remettraient l’argent de la transaction dans la holding qui aurait ainsi les moyens de racheter au minimum 51 % de la SEL.
Une holding d’indépendants
HPI est une holding qui permettrait également d’intégrer les pharmaciens dans une chaîne qui leur appartient. Chaque pharmacien est actionnaire de HPI et 100 % des droits de vote sont détenus par les associés de la holding selon le principe « 1 pharmacie = 1 voix ». En cas de vente de l’officine, un droit de priorité est donné à HPI, permettant à chaque pharmacien associé d’HPI d’ouvrir, indirectement, une partie du capital de sa pharmacie à l’ensemble de ses confrères associés, avec un mécanisme incitatif en cas de renforcement de la participation au capital de HPI.
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