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Pourquoi se soucier des perturbateurs endocriniens ?
La Société française d’endocrinologie exhorte les pouvoirs publics à prendre à bras-le-corps la question des perturbateurs endocriniens, substances à risque pour la santé. Et insiste pour que la réglementation soit révisée et active.
Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien (PE) ?
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), « un perturbateur endocrinien est une substance ou un mélange de substances qui altère les fonctions du système endocrinien et, de ce fait, induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture, ou au sein de (sous)-populations ».
En existe-t-il une liste officielle ?
« L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié une liste de 906 perturbateurs endocriniens le 15 avril 2021. C’était d’ailleurs l’une des missions de la Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) de la France. Cette liste est l’une des premières portée par un gouvernement européen », explique le Pr Chevalier, endocrinologue (voir Notre expert).
Des exemples de perturbateurs ?
Parmi les familles les plus étudiées et les plus courantes, avec des effets reconnus sur la santé, citons les bisphénols, dont le A est interdit en France depuis 2015 dans les contenants alimentaires, souvent remplacé par le bisphénol S ou F, à risque aussi, les phtalates, les composés perfluorés, les polychlorobiphényles (PCB), les parabènes, les retardateurs de flamme bromés. Tous se retrouvent dans notre quotidien : textiles, mobilier, appareils électriques, peintures, produits ménagers, ustensiles de cuisine, emballages, jouets, films alimentaires…
Quels sont leurs effets sur l’organisme ?
Les perturbateurs endocriniens ont des effets reconnus ou suspectés sur la santé, en interférant avec la synthèse, le transport, le métabolisme, la fixation, l’action ou l’élimination des hormones. « Tous les mécanismes sont ciblés, avec des troubles de l’hypophyse, de la thyroïde, de la reproduction, de la sécrétion d’insuline, avec diabète, obésité, mais aussi baisse du quotient intellectuel, maladies neurodégénératives et cancers, avec quelques données sur la surrénale », explique le Pr Chevalier. Les perturbateurs endocriniens peuvent être nocifs à très petite dose, leurs effets peuvent être cumulatifs, voire transgénérationnels, touchant des générations non exposées par un mécanisme épigénétique(1). Leur dangerosité et leur ubiquité impliquent de pouvoir les mettre en évidence pour les éviter ou les limiter.
Comment caractériser l’activité « PE » d’une substance ?
Essentiellement par les études in vitro et in vivo, notamment décrites dans le règlement européen Reach (voir Repères). « C’est pour ça que Reach doit être révisé sans retard », tance le Pr Chevalier, de concert avec le communiqué de presse du 11 mai de la Société française d’endocrinologie, et ce « afin de définir de manière harmonisée les perturbateurs endocriniens dans la réglementation européenne » et un principe d’interdiction dans les produits de consommation courante si possible, tout en prévoyant des substituts. Malheureusement, les pays freinent. « En France, Élisabeth Borne ne s’est pas positionnée sur une révision de Reach alors que le ministère de l’Écologie a dit qu’il fallait y aller ». En cause, la pression de nombreux lobbys industriels européens.
Que fait la France de son côté ?
L’Anses a publié un avis pour définir la liste des perturbateurs devant faire l’objet d’une information aux consommateurs dans le cadre de la loi Agec(2). « Il est prévu un étiquetage des produits avec un QR-code, grâce auquel on aura la liste des perturbateurs présents avérés, suspectés ou présumés. Mais deux ans après la loi, nous attendons toujours le décret. C’est indécent », regrette le médecin.
Que faire en attendant ?
« Ne pas être exposé à ces perturbateurs est illusoire car il y en a partout, mais limiter son exposition est possible. Pour cela, il faut bien aérer son logement, manger bio si possible, avoir une alimentation variée, éviter les plastiques, bien choisir ses produits ménagers et cosmétiques… » Quant aux officinaux, la première étape est de se former pour informer et conseiller, grâce à des Mooc (formations en ligne), notamment celui de Bordeaux (urps-pharmaciens-na.fr/mooc-perturbateurs-endocriniens), à des guides des URPS ou en suivant la formation en ligne de l’École des hautes études en santé publique de Rennes (formation-continue.ehesp.fr).
(1) Par modification de l’expression de certains gènes sans altération de l’ADN.
(2) Loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (Journal officiel du 20 février 2020).
NOTRE EXPERT INTERROGÉ
→ Pr Nicolas Chevalier, chef du service endocrinologie-diabétologie et médecine de la reproduction au CHU de Nice (06), expert auprès de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
Repères
→ 1er juin 2007 : Reach, règlement de l’Union européenne (enregistrement, évaluation et autorisation des substances chimiques) qui établit des procédures pour la collecte et l’évaluation d’informations sur les propriétés et les dangers des substances chimiques. La charge de la preuve incombe aux industriels.
→ 18 octobre 2022 : la Commission européenne annonce un retard de douze mois pour la publication de la proposition de révision de Reach, la reportant à fin 2023.
→ 19 décembre 2022 : la Commission européenne a introduit en parallèle une nouvelle classe de danger pour les perturbateurs endocriniens dans le règlement CLP, relatif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage des produits chimiques.
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