- Accueil ›
- Business ›
- RH et management ›
- Carrière ›
- Enseigner en CFA de pharmacie
Enseigner en CFA de pharmacie
Stéphanie Satger, titulaire à Loriol-du-Comtat (Vaucluse), enseigne l’anatomie, la pathologie et la pharmacologie au CFA d’Avignon depuis 2002. Former les préparateurs en pharmacie est devenu pour elle un quasi-sacerdoce. Le plaisir de transmettre aux plus jeunes n’en est pas moins réel.
Installés depuis 1995 dans un village vauclusien de 2 000 âmes, les époux Satger accueillent des apprentis comme nombre de leurs confrères. Stéphanie est très vite sollicitée par l’équipe enseignante du CFA d’Avignon pour surveiller les travaux pratiques et les examens blancs. Dès 1998, elle commence à s’y rendre régulièrement. « J’étais curieuse de savoir comment se passaient les examens des apprentis », explique-t-elle. Stéphanie évoque d’autres motivations : son envie de sortir de l’officine. Plus tard, elle est également « enrôlée » pour surveiller les examens de TP au BP. « J’avais un peu d’appréhension car la partie technique des travaux pratiques est plus pointue au CFA qu’à la fac. »
« Retransmettre le savoir afin que d’autres en profitent »
De fil en aiguille, après le départ d’un enseignant, le CFA propose à Stéphanie de prendre en charge les cours d’anatomie-pathologie-pharmacologie, grosse partie du référentiel du BP. On est au début de l’été 2002. Elle qui a toujours aimé étudier, qui se définit comme une « laborieuse », accepte rapidement car elle « aime apprendre et retransmettre le savoir afin que d’autres en profitent ».
Pour se familiariser avec le métier, Stéphanie récupère les premiers chapitres des cours d’une enseignante ainsi que les fiches de cours de son ancienne apprentie. Elle se met aussi à écumer les librairies. Le plus dur est de trouver « de bonnes planches pour expliquer l’anatomie et le fonctionnement des différents appareils ». Mais, avant tout, il faut partir du Référentiel des savoirs associés. Stéphanie le potassera assidûment. Par exemple, le chapitre concernant l’« anatomie-physiologie » montre à l’élève comment, à partir de schémas fournis, situer, reconnaître et nommer différents organes, mais aussi définir un tissu ou expliquer le rôle de l’hémoglobine. En « pathologie », il doit être à même de présenter les symptômes, la prévention et le traitement d’un grand nombre de maladies. En « pharmacologie », les 20 chapitres balaient les médicaments cardiovasculaires et ceux du système nerveux central, la dermatologie ou encore l’endocrinologie. Mais avant, le futur préparateur doit ingurgiter la pharmacocinétique et la pharmacodynamie, les notions de ligands ou d’enzymes… Tout cela sur deux ans à raison de deux heures et demie de cours par semaine.
L’été passe et Stéphanie n’a préparé que deux semaines de cours. « J’étais tendue, je ne savais pas par quoi commencer. » Elle veut d’abord tester ce qu’elle a élaboré. Combien de temps cela va prendre pour dicter et enseigner tant de pages de cours préparés ? Pour éviter de fastidieuses dictées en anatomie, Stéphanie décide de polycopier et de distribuer les cours « afin de ne pas passer trop de temps à noter les notions immuables comme la structure de la membrane plasmique cellulaire ».
L’expérience aussi utile que les manuels pédagogiques
Aujourd’hui, Stéphanie enseigne trois matières : l’anatomie, les pathologies et la pharmacologie. Ou plutôt « anat’ », « patho » et « pharmaco », comme elle les appelle. Une fois par semaine, elle s’échappe de son officine pour rejoindre le CFA d’Avignon. « C’est ma troisième rentrée. Je suis mes élèves de la première à la deuxième année du brevet professionnel de préparateur en pharmacie. » Elle entame sa cinquième année d’enseignement avec plus de sérénité qu’à ses débuts. « Mes cours sont faits, je les affine et les actualise. »
Trente-six élèves devant elle la première année, vingt-quatre aujourd’hui, Stéphanie reste impressionnée par l’ascendant qu’elle peut avoir sur ses élèves. « Tu peux les intéresser, les amuser ou être sévère, ils t’écoutent… » Mais elle n’est pas à la recherche d’un quelconque pouvoir. « Je pense que mes élèves sont intéressés car j’enseigne quelque chose de pratique. Ils ont déjà choisi leur voie. »
Les premiers temps, Stéphanie préparait ses cours le matin. Elle se levait à 6 heures et travaillait une heure et demie, sachant que les matins où elle avait cours, il lui fallait presque une heure de trajet pour arriver au CFA. Avec le temps, elle a compris que certaines notions méritaient du temps. « Je m’attarde sur la pharmacologie générale et les définitions essentielles à la compréhension de la demi-vie et du rythme d’administration, indispensables au comptoir. Avant d’aborder les médicaments du système nerveux sympathique, il est capital que les élèvent puissent, en cas de doutes, se remémorer le tableau des actions sur les différents organes », explique Stéphanie avec assurance.
Aujourd’hui aguerrie, elle attaque l’anatomie par système, puis la pharmacologie générale avant d’entreprendre le cours de pharmacologie qui se rattache à chaque système. Elle traite les médicaments « plus légers comme ceux utilisés en dermatologie » en fin d’année. Riche de son expérience, Stéphanie a développé cette année la terminologie médicale à l’aide d’annales du bac SMS. « Je suis très à cheval sur les notions de constantes biologiques, la glycémie ou les transaminases, car, à l’officine, les patients viennent demander des explications et il faut avoir du répondant, même s’il n’est pas question de poser un diagnostic. »
Former pour préserver le monopole
Outre les cours, Stéphanie prépare les interrogations écrites et le contrôle trimestriel. Elle passe entre cinq à six minutes par copie d’une interrogation de trente minutes. « Mais chaque copie du contrôle trimestriel me demande au moins dix minutes. » Son objectif est d’enseigner les notions utiles dans le métier. « J’aimerais que chaque préparateur sache faire un commentaire d’ordonnance, comprenne la pathologie du patient et dans quel but le traitement délivré lui a été prescrit. » Ce n’est pas étonnant dès lors que les questions des élèves débordent parfois la matière. Ils lui demandent des conseils sur certaines pathologies ou l’interrogent sur la législation. « Je leur enseigne par exemple qu’un hypnotique ne se renouvelle pas. Je dis ce qu’il faudrait faire. Mais je ne juge pas. »
Stéphanie accompagne parfois des élèves plus loin qu’au BP. Elle se souvient de l’une d’entre elles, Emilie, chez qui elle pressentait de grandes capacités. Elle lui conseillera de passer le concours de première année de pharmacie. Emilie est aujourd’hui en deuxième année…
Quant aux autres, une fois le BP en poche, il leur arrive de croiser Stéphanie Satger lors de formations continues. Le ton est alors celui de collègues de travail. « Former des gens de qualité au comptoir est le gage aussi pour préserver notre monopole. » Noble tâche…
Envie d’essayer ?
Les avantages
– « Enseigner m’a permis de me remettre à jour. On oublie vite certaines notions d’anatomie, de pathologie et de pharmacologie. J’ai gagné en assurance au comptoir. »
– « Cette activité me fait sortir de l’officine. Je porte un regard plus objectif sur ce que j’y fais. »
– « Le contact avec les élèves et leurs expériences m’ont fait appréhender différemment les différentes façons de travailler de mes confrères. »
– « Je prends du plaisir en essayant de transmettre ce que j’ai appris. »
– « Mieux comprendre en enseignant rend plus aisées les explications données aux patients. »
Les difficultés
– « Enseigner prend du temps. Il faut faire des concessions pour veiller à maintenir une bonne organisation à la pharmacie. »
– « Les vacataires, à la différence des professeurs, ne sont pas énormément payés, de l’ordre de 22 euros brut de l’heure de cours, qui ne prend en compte ni la préparation des cours, ni celle des contrôles et des corrections. »
– « La lourdeur du programme empêche de consacrer du temps au conseil ou de faire beaucoup d’exercices pratiques. »
Les conseils de stéphanie
– « Enseigner demande de prendre du temps sur l’officine. Il faut se concerter avec son cotitulaire ou avoir un adjoint sur qui compter. »
– « En préparant ses cours, il faut veiller à ne pas vouloir faire trop compliquer et à planifier ses cours. »
– « Etre patient. »
– « Tenir une classe demande une certaine hygiène de vie. »
– « Vouvoyer les élèves me semble plus respectueux. Les apprentis d’aujourd’hui ne sont plus des gamines de 15 ans. Elles ont en moyenne entre 20 et 25 ans. Je les considère comme des adultes. »
- L’IA au service des pharmaciens : un levier contre la fraude aux ordonnances ?
- « Non, monsieur Leclerc, les pharmaciens ne sont pas des nuls ! »
- [VIDÉO] Médicaments : on vous livre cette idée…
- Sante.fr : l’outil de référence pour faire connaître ses services aux patients
- Campagnes publicitaires de médicaments OTC et des produits de parapharmacie
- Dispensation à l’unité : chassez-la par la porte, elle revient par la fenêtre
- Quelles populations sont actuellement à risque de développer un scorbut ?
- Gilenya (fingolimod) : quelles conditions de délivrance ?
- [VIDÉO] Arielle Bonnefoy : « Le DPC est encore trop méconnu chez les préparateurs »
- [VIDÉO] Le service de livraison en ligne : « Ma pharmacie en France » disponible dès juin