Médicaments européens : Les prix bas coûtent cher et font fuir la recherche

Les Américains accusent les Européens de leur laisser toute la charge de la recherche sur les médicaments. Ils estiment que celle-ci est amortie sur le seul territoire des Etats-Unis parce que les prix des médicaments sont trop bas dans nos pays pour que la recherche y soit rentable. En une année, l’Europe économiserait ainsi 160 milliards de dollars par rapport à ce que payent les Américains à population comparable. La différence des dépenses de médicaments par personne a été de 60 % en 2001 alors qu’elle n’était que de 30 % en 1992.

Une étude du consultant Bain, publiée en janvier, s’interroge sur les réelles conséquences du contrôle des prix à l’européenne. Centrée sur l’Allemagne, considérée comme leader européen pour les médicaments, elle donne raison aux Américains : le médicament bon marché nous coûte cher et le contrôle des prix pousse la recherche à s’exercer hors d’Europe. Ainsi, si en 2002 l’Allemagne a économisé 19 milliards de dollars sur ses dépenses de médicaments, elle en a perdu 4 en redevances sur des produits brevetés, 3 par manque de compétitivité à l’exportation, 2 par suite du départ de sièges sociaux de firmes, 8 de salaires pour des spécialistes de haut niveau.

Toujours selon l’étude, les Allemands ne tirent pas non plus tout le profit possible des nouvelles thérapeutiques parce que les médecins ne peuvent pas prescrire les médicaments les plus nouveaux, les plus efficaces et donc aussi les plus chers. Sont mises en cause la lenteur des évaluations et surtout des négociations pour le prix de mise sur le marché. Cet effet négatif sur la santé est estimé dans l’étude à 5 milliards. Au total, donc, les 19 milliards d’économies escomptés se soldent par un déficit de 3 milliards. CQFD. Qu’auraient dit les auteurs s’ils avaient pris la France comme exemple ?