Déserts médicaux : comment miser sur les étudiants et les maisons de santé

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Déserts médicaux : comment miser sur les étudiants et les maisons de santé

Publié le 13 juin 2023
Par Magali Clausener
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Le 12 juin, le ministère de la Santé et de la Prévention a annoncé des mesures pour « soutenir l’avenir de la médecine générale » et un plan d’action pour avoir 4 000 maisons de santé d’ici 2027. L’objectif ? Faire face aux besoins des Français notamment dans les déserts médicaux.

Conforter et renforcer la médecine générale comme une spécialité en tant que telle, tel est le but de la 4e année d’internat de médecine générale qui va être mise en œuvre. De fait, cette année supplémentaire a une « double fonction » pour reprendre les termes de François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention : renforcer la formation et la professionnalisation des médecins généralistes, pour faciliter et sécuriser leur installation et répondre aux besoins de santé croissants de la population, en particulier dans les territoires plus isolés et moins dotés en termes de ressource médicale.

Stages et rémunération plus élevée

Concrètement, cette 4e année se composera de deux stages de six mois, en ambulatoire, dans un cabinet médical, sous l’autorité d’un praticien maître de stage universitaire. Sauf cas particulier, les deux stages seront effectués dans le même cabinet. Les internes de médecine générale en 4e année devront également participer à la permanence des soins ambulatoire.

En parallèle, et pour constituer « un choc d’attractivité », les internes de médecine générale percevront 20 % des rémunérations des actes réalisés durant cette année supplémentaire, en autonomie supervisée (avec un plancher de 10 consultations et un plafond de 30 consultations par jour). Les internes effectuant un stage en zone d’intervention prioritaire bénéficieront en plus d’une indemnité pour exercer en zone sous-dense. Selon François Braun, l’addition pourrait atteindre jusqu’à 4 500 euros nets par mois.

« Je veux que dans nos communes rurales de montagne, par exemple, dans les outremers, partout où il peut manquer des médecins, nos jeunes généralistes viennent exercer, et surtout s’y forgent une envie d’y rester, en y construisant des projets professionnels et personnels de long terme », a déclaré le ministre.

Accélérer le développement des MSP

Le même jour, Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, annonçait un plan d’action pour accélérer le déploiement de maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP). Ce plan vise 4 000 MSP d’ici 2027. Actuellement, 2 251 MSP fonctionnent. Le développement des MSP répond à plusieurs objectifs : attirer les professionnels de santé dans les territoires, permettre ainsi à plus de Français d’avoir un médecin traitant (8,9 millions de personnes ont un médecin traitant exerçant en MSP), contribuer à la transformation des soins primaires (par exemple, par la mise en place de protocoles de coopération).

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Ce plan comporte plusieurs mesures. On peut citer notamment le développement du service sanitaire des étudiants en santé en MSP et la découverte de l’exercice pluriprofessionnel à travers un séminaire de formation commun à tous les étudiants en santé (médecins, infirmiers, pharmaciens, sages-femmes, masseurs-kinésithérapeutes, etc.). Il s’agit aussi d’aider les porteurs de projets par exemple en finançant, dès le début, un coordinateur. En outre, 45 millions d’euros (soit 15 millions par an pendant trois ans) seront dédiés à l’accompagnement des projets immobiliers de près de 150 maisons de santé pluriprofessionnelles, complétés par des cofinancements des collectivités territoriales et des partenaires locaux.