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Cancer : La mort cellulaire porteuse de vie

Publié le 22 janvier 2005
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– Finalement, la victoire contre le cancer tient peut-être en un seul mot : apoptose. Les dérèglements de ce « suicide » cellulaire programmé sont au coeur de

la formation des tumeurs puisque les cellules tumorales ont précisément perdu leur capacité à s’autodétruire. Directeur de recherche du CNRS au centre Léon-Bérard de Lyon, Patrick Mehlen a mis en évidence un mécanisme inédit où intervient un type particulier de récepteurs membranaires : les « récepteurs à dépendance », capables d’induire l’apoptose même en l’absence de signal extérieur. Pour survivre, une cellule a besoin de trouver dans son environnement des molécules externes appelées ligands qui lui donnent des informations via les récepteurs. Lorsque le ligand n’est pas présent, le récepteur reste actif et indique à la cellule de disparaître. Idéalement, une cellule tumorale migrant vers d’autres tissus devrait être détruite, les récepteurs programmant sa mort faute de ligands. Seulement voilà, certaines cellules cancéreuses n’induisent plus leur apoptose et les métastases progressent. Les récepteurs à dépendance apparaissent comme un bon moyen potentiel d’éliminer systématiquement des cellules ayant échappé à tout contrôle. Pour preuve, une étude menée sur la souris montre qu’en bloquant la capacité d’un récepteur à dépendance – nommé DCC (deleted in colorectal cancer) – à induire l’apoptose, des tumeurs colorectales apparaissent. De même, chez les souris atteintes de cancers colorectaux, ce récepteur DCC est absent dans 70 % des cas.

L’enjeu est loin d’être simple. Il consiste à la fois à forcer la perte du ligand pour les cancers où les récepteurs sont encore présents et à induire le signal de mort dans des processus tumoraux où le récepteur est déjà perdu.

Source : Institut Curie (Paris).

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