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Anticoagulants : « La pharmacogénomique ouvre l’ère de la médecine prédictive »
– Deux variations dans les séquences de deux gènes expliquent la moitié de la variabilité dans la réponse à un traitement anticoagulant. Cette découverte, publiée dans Blood en mars dernier, est le résultat de la première étude française de pharmacogénomique dirigée par le Pr Beaune. Prochaine étape : démontrer que le traitement personnalisé s’avère plus efficace que l’approche standard.
« Le Moniteur » : Pouvez-vous résumer les résultats de l’étude publiée dans « Blood » ?
Pr Philippe Beaune : Nous avons étudié les réponses de patients à l’acénocoumarol, un des anticoagulants oraux les plus prescrits en France. Pour une même dose, un patient risque l’hémorragie tandis qu’un autre est menacé de thrombose. Nous avons donc regardé les gènes des patients codant pour l’enzyme qui métabolise ce médicament, un cytochrome P450 (CYP2C9), et le VKORC1 codant pour l’enzyme cible du traitement. Sur la séquence du CYP2C9, nous avons identifié un polymorphisme qui explique 15 % de la variabilité dans la réponse au traitement. Pour VKORC1, un polymorphisme explique à lui seul 35 % de la variabilité de la réponse. Avec ces deux variations génétiques, nous pouvons prédire 50 % des variations dans les réponses au traitement.
Quel est l’impact de cette étude sur la pratique clinique ?
Pour apporter les preuves cliniques de ces observations, nous mettrons en place un essai clinique prospectif sur des centaines de patients. Un groupe de patients recevra le traitement à la posologie habituelle. L’autre se verra prescrire la dose d’anticoagulant en fonction des génotypes de chacun. Nous regarderons ensuite les réponses aux traitements sur différentes variables, notamment sur le facteur VII de la coagulation. Nous espérons valider ainsi l’intérêt de l’approche génétique pour les antivitamines K. Nous étudions en parallèle trois autres classes de médicaments : les immunosuppresseurs, les anticancéreux (5FU-cisplatine, irinotécan) et les psychotropes.
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