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Le kit de dépistage du cancer colorectal
Première étape du dépistage organisé du cancer colorectal, le test immunologique sur échantillon de selles permet un prélèvement à domicile. La remise du kit de dépistage est possible à l’officine. Voyons les modalités.
Qu’est-ce que c’est ?
• Le kit de dépistage du cancer colorectal contient le matériel nécessaire à un prélèvement recherchant la présence de sang occulte, c’est-à-dire non visible à l’œil nu, dans les selles. Intégré en 2015 dans le programme national de dépistage du cancer colorectal, il en est la première étape, suivie, s’il s’avère positif, d’une coloscopie de diagnostic.
• Le kit est remis gratuitement au patient et l’analyse est prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie, sans avance de frais.
Quel est son but ?
• La présence de sang dans les selles peut signer un cancer colorectal ou un adénome à haut risque de transformation maligne, des années avant tout symptôme. Le dépistage détecte les cancers à un stade précoce, avec pour bénéfices des traitements moins invasifs, de meilleures chances de guérison et moins de séquelles.
• Détecté tôt, le cancer colorectal guérit neuf fois sur dix. D’évolution lente et souvent asymptomatique, il est le troisième cancer le plus fréquent en France et le second le plus mortel, avec plus de 43 000 nouveaux cas et plus de 17 000 décès par an. Sur 2018-2019, le dépistage organisé a détecté plus de 11 000 cancers et plus de 48 000 adénomes à un stade avancé(1).
À qui s’adresse-t-il ?
• Le programme national de dépistage cible les personnes dès 50 ans et jusqu’à 74 ans à risque dit « moyen », c’est-à-dire sans symptômes ni antécédents ou facteurs de risque particuliers, à raison d’un test tous les deux ans. Le cancer colorectal apparaît dans 95 % des cas après 50 ans, sans distinction de sexe.
• Les personnes à risque élevé ou très élevé, avec antécédents personnels et/ou familiaux de cancer colorectal, d’adénome ou de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (Mici) ont un suivi spécialisé par un gastro-entérologue.
• Dans chaque région, la campagne de dépistage est orchestrée par le Centre régional de coordination des dépistages des cancers (CRCDC), qui envoie aux personnes éligibles une invitation au dépistage à partir de 50 ans, puis régulièrement, et effectue des relances.
Où se procurer le kit ?
Les personnes éligibles, munies ou pas de leur invitation, peuvent se procurer le kit gratuitement auprès de leur médecin généraliste, d’un gynécologue, d’un hépato-gastro-entérologue, d’un centre de santé de l’Assurance maladie et, depuis 2022, dans une officine (voir plus loin) ou sur le site monkit.depistage-colorectal.fr
Comment l’utiliser ?
• Présentation. Le kit se présente sous la forme d’une pochette à trois volets, avec un mode d’emploi dans le volet 1, le dispositif de recueil des selles à placer sur les bords de la cuvette des toilettes et une fiche d’identification pour la restitution des résultats dans le volet 2 et, dans le dernier, un tube muni d’une tige verte pour le prélèvement, un sachet de protection et une enveloppe pour l’envoi par la Poste.
• Modalités. Le test nécessite un prélèvement de selles à son domicile par la personne, qui l’adresse ensuite au laboratoire d’analyses par courrier, via l’enveloppe T fournie. Dans l’invitation, on trouve des étiquettes d’identification à coller sur la fiche d’identification et sur le tube de prélèvement. Sinon, le faire à la main. La date de prélèvement doit être ajoutée sur les deux documents le jour J.
• Prélèvement. Coller le dispositif de prélèvement en papier sur les rebords de la cuvette des toilettes en formant un creux où seront recueillies les selles, sans urine ni autre matière. Utiliser la tige contenue dans le tube de prélèvement pour gratter la surface des selles en plusieurs endroits, jusqu’à en recouvrir la partie striée, puis la remettre dans le tube, refermer et secouer.
• Envoi. Mettre le tube dans le sachet, puis sachet et fiche d’identification dans l’enveloppe T, à poster au plus tard dans les 24 heures.
• Test. Le laboratoire détecte la présence de très petites quantités de sang via une réaction immunologique, avec des anticorps dirigés contre la globine de l’hémoglobine (Hb) humaine. Le seuil de positivité est fixé à moins de 150 ng Hb/ml de sang et la spécificité est voisine de 98 %, avec 4 % de faux positifs et 0,15 % de faux négatifs. Le test ne décèle pas le sang animal éventuel présent dans les aliments.
Quid des résultats ?
• Résultats. Ils sont adressés dans les quinze jours au patient, par courrier ou mail après inscription sur le site resultat-depistage.fr, et au médecin qui aura été mentionné.
• Conduite à tenir. Dans 96 % des cas environ, le test est négatif. Le patient sera invité à le renouveler deux ans plus tard ou à consulter s’il présente des symptômes dans cet intervalle : sang dans les selles visible, troubles digestifs…
Si le résultat est positif, le médecin est informé en amont du patient, qu’il contacte et adresse à un gastro-entérologue pour réaliser une coloscopie afin d’identifier la cause du saignement. Dans 40 % des cas, la coloscopie détecte un polype et dans 8 % des cas, un cancer.
Comment faire en officine ?
• Être formé. La remise à l’officine du kit de dépistage du cancer colorectal aux patients éligibles est une mission introduite par la nouvelle convention pharmaceutique de 2022. Elle est réalisée par un pharmacien à condition qu’il ait validé une formation organisée par un CRCDC, en présentiel ou en distanciel, sur l’importance du dépistage, le kit et sa réalisation
• Proposer le kit à tout patient éligible de 50 à 74 ans, muni ou non d’une invitation du CRCDC. Informer la personne sur le test et ses bénéfices.
• Vérifier l’éligibilité. Le pharmacien assiste le patient pour remplir l’auto-questionnaire d’éligibilité proposé par l’Institut national du cancer (Inca), qui vérifie facteurs de risque et antécédents. En l’absence d’invitation, il s’assure de la non-éligibilité du patient au test en interrogeant le serveur du CRCDC. Les consignes de réalisation du test sont expliquées : contenu du kit, modalités de prélèvement et d’envoi.
• Identification. Le test est identifié en collant les étiquettes préremplies sur la fiche et le tube ou en les renseignant à la main avec les coordonnées du patient et du médecin désigné comme destinataire des résultats. Il faut rappeler au patient d’inscrire la date de prélèvement sur ces deux supports le moment venu.
• Informer. Le patient est informé des limites du test, notamment la possibilité de faux positifs ou négatifs, et de la conduite à tenir selon son résultat. Le médecin destinataire des résultats est prévenu de la remise du kit, via messagerie sécurisée, sauf opposition du patient.
Conseils supplémentaires
• Ne pas poster le test le samedi ni la veille d’un jour férié, pour qu’il soit analysé dans les 24 heures suivant l’envoi.
• Vérifier la date de péremption du kit avant remise et lors du prélèvement.
• Le pharmacien commande les kits sur Amelipro, ou via le CRCDC (liste sur e-cancer.fr).
• La rémunération actuelle est de 5 € par kit remis (majorée de 0,25 centime dans les départements et régions d’outre-mer), versés par paiement annuel à l’officine. À partir de 2024, la rémunération sera de 3 € TTC + 2 € TTC si le patient a réalisé son test.
• Le suivi de la remise des kits est assuré par le code traceur RKD. L’officine doit renseigner sur chaque facture, indépendamment de toute autre prestation, son numéro d’identification dans les zones prescripteur et exécutant, et la date de remise comme date d’exécution.
(1) Évaluation du programme de dépistage du cancer du côlon-rectum sur la période 2016-2017 : indicateurs nationaux, Santé publique France, 29 mai 2020.
(2) Cancer colorectal : un taux de participation aux tests de dépistage stable en 2021-2022, Santé publique France, 23 mars 2023.
Une participation trop faible
→ En France, environ 18 millions de personnes sont éligibles à la campagne de dépistage du cancer colorectal. Selon Santé publique France, sur 2021-2022, le taux de participation n’a été que de 34,3 %, avec une légère prédominance féminine et une augmentation avec l’âge(2). Bien loin des 65 % de l’objectif fixé en Europe… Le type de prélèvement, la crainte de ne pas savoir le faire et le tabou de la localisation sont des freins identifiés. La mobilisation des professionnels de santé est primordiale pour engager le dialogue et sensibiliser aux enjeux du test.
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