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« Trou de la Sécu» : une histoire de mises en scène
Nous pouvons aussi « fêter » cette année les vingt ans du « trou de la Sécu » ! Non pas des déficits – le premier est apparu dès 1950 (- 26 MdF courants en 1950, – 35 MdF en 1951 et 1955)* ! – mais plutôt de la politisation et d’une médiatisation savamment entretenue par nos dirigeants. Comme vous nous le faites régulièrement remarquer dans votre courrier, le déficit de la Sécu n’est pas financièrement plus impressionnant que le déficit de l’Etat, à volumes de dépenses à peu près équivalents. Il le serait même plutôt moins (voir ci-dessous).
C’est en 1975, à l’occasion du franchissement de la barre du million de chômeurs, que le déficit commence à être diabolisé. Deux ans après, le ministre Simone Veil est l’un des premiers à user de chiffres catastrophistes pour justifier ses deux plans. Mais le « trou de la Sécu » trouve ses lettres de noblesse en 1985, quand, à la veille des élections législatives, les partis amènent sur le terrain politique ce sujet porteur qui avait été au coeur du débat des élections à la tête de la Sécu l’année précédente, entre CNPF et syndicats de salariés. Il ne le quittera plus. Mieux, il sera régulièrement orchestré. L’exercice de dramatisation sera bien rôdé à partir des années 90 et on en est toujours là, sauf à la veille des échéances électorales (seules années exemptes de « plans ») où le déficit est généralement minimisé depuis les années 80, grâce des prévisions de croissance optimistes.
Le dangereux recours à la dette pour financer les déficits, depuis 1992, a cependant apporté de l’eau au moulin des cassandres. De plus, la monnaie unique et le pacte de stabilité ont objectivement obligé nos politiques à se montrer plus attentifs aux déficits publics (censés ne pas dépasser 3 % du PIB par an, 60 % du PIB pour la dette) dans lesquels sont inclus les déficits de la Sécurité sociale. Rien d’objectif n’explique cependant que les gouvernements montent en épingle ces derniers tandis qu’ils minimisent – voire passent sous silence- les déficits budgétaires.
*Au début des années 50, le déficit a représenté plus de 5 % des dépenses… comme aujourd’hui.
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