Maux du quotidien Réservé aux abonnés

L’efficacité du vaccin antigrippal dépend-elle du sexe ?

Publié le 11 janvier 2014
Par Yolande Gauthier et Sylviane Le Craz
Mettre en favori

Les immunologistes ont à plusieurs reprises signalé des différences de réaction immunitaire à des infections diverses (fièvre jaune, rougeole, hépatite) selon le sexe. Pour expliquer ces différences, une équipe franco-américaine a analysé les données d’une cohorte de 53 femmes et 34 hommes. A la suite d’une injection d’un vaccin antigrippal, elle a constaté une élévation plus faible du taux sanguin d’anticorps neutralisants et une moindre production de certains médiateurs immunitaires quand le niveau de testostérone est élevé. Elle a aussi identifié des groupes de gènes, régulés par la testostérone, qui modifient la production de lipoprotéines et la réponse immunitaire. Cette étude démontre qu’il y a un lien quantitatif entre le niveau de testostérone, les réactions immunitaires et le taux d’anticorps antigrippaux postvaccinaux, mais son interprétation est délicate :

• Le taux sanguin des anticorps antigrippaux postvaccinaux n’est qu’un critère indirect d’efficacité vaccinale. Une différence de taux ne signifie pas forcément une moindre protection.

• Une moindre réponse immunitaire peut être une façon de limiter les risques de réaction auto-immune, ce qui peut avoir sélectionné jadis les hommes, plus souvent exposés aux blessures (et donc au risque infectieux) que les femmes.

Les liens entre immunité, mode de vie et sélection naturelle restent mystérieux. Les progrès des techniques biologiques vont permettre d’en élucider certains et susciteront beaucoup d’hypothèses nouvelles sur l’évolution de l’espèce humaine.

Publicité