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L’endométriose

Publié le 1 février 2014
Par Nathalie Belin
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L’endométriose se définit par la présence de tissu endométrial en dehors de la cavité utérine ; l’endomètre étant la muqueuse qui tapisse la cavité utérine.

Ces foyers de muqueuse utérine sont sous l’influence des fluctuations hormonales, comme l’endomètre ; ils saignent et provoquent une réaction inflammatoire locale à chaque épisode de règles. L’endométriose est une maladie chronique qui peut altérer considérablement la qualité de vie en provoquant des douleurs invalidantes et souvent une infertilité.

La maladie

PHYSIOPATHOLOGIE

Pour des raisons imparfaitement connues, des fragments de muqueuse utérine migrent en dehors de l’utérus et constituent des foyers endométriosiques, sorte de « minuscules utérus » qui vont réagir aux sécrétions hormonales.

Plusieurs localisations

Les foyers endométriosiques siègent à différents endroits et peuvent coexister. On distingue :

→ des localisations superficielles sous la forme d’implants, qui atteignent les trompes, le cul-de-sac de Douglas ou les ligaments utéro-sacrés (voir infographie). À la longue, ces implants peuvent provoquer des adhérences (voir info+) entre les organes ;

→ l’endométriose ovarienne ou kyste endométriosique ou endométriome ;

→ l’endométriose profonde ou endométriose sous-péritonéale : les lésions infiltrent en profondeur le péritoine et/ou la paroi des organes abdominaux ou pelviens (vessie, ligaments utéro-sacrés, rectum, vagin, intestin). Des localisations cutanées, pulmonaires ou diaphragmatiques sont observées ; les cérébrales sont exceptionnelles.

Les théories

Trois théories sont émises pour expliquer la genèse des foyers endométriosiques.

→ La théorie du reflux : chez 90 % des femmes, au cours des règles, des fragments d’endomètre refluent par les trompes dans la cavité péritonéale ; chez certaines femmes, ces cellules seraient capables de se greffer sur les organes avoisinants.

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→ La théorie de la métaplasie : le tissu péritonéal pourrait se transformer en tissu endométriosique.

→ La théorie des emboles : une dissémination des foyers endométriosiques par voie veineuse ou lymphatique expliquerait certaines localisations à distance des organes génitaux.

Les facteurs de risque

→ L’origine de la maladie est multifactorielle et mal connue. Outre une prédisposition familiale et génétique, des facteurs immunitaires et environnementaux pourraient entrer en jeu.

→ Une puberté précoce (avant 12 ans), un flux menstruel abondant ou plus fréquent (cycles courts, règles abondantes et durant plus de sept jours) sont souvent associés à une endométriose.

→ La maladie est plus fréquente chez les femmes de race blanche au niveau socio-économique élevé, mais il y a peut-être un biais de recrutement car ces dernières consultent plus facilement.

SIGNES CLINIQUES

Souvent, l’endométriose est à l’origine d’une symptomatologie douloureuse et/ou d’une infertilité. Il existe aussi des formes asymptomatiques, découvertes de manière fortuite,

Les douleurs

→ Douleurs pelviennes chroniques.

→ Dyspareunie profonde : douleur au fond du vagin durant les rapports sexuels.

→ Dysménorrhées : ces règles douloureuses surviennent dès les premières menstruations chez l’adolescente et vont en s’aggravant.

Les douleurs sont corrélées à la localisation des lésions et à leur infiltration en profondeur. Une dysurie, une hématurie, des douleurs lors de la défécation ou des troubles du transit, des rectorragies peuvent ainsi être présents. Ces douleurs sont à l’origine d’une fatigue et peuvent beaucoup altérer la qualité de vie.

L’infertilité

Un tiers des femmes consultant pour infertilité ont des lésions d’endométriose. Le fonctionnement de l’ovaire peut être entravé par des kystes ovariens (endométriomes). Les îlots d’endomètres ectopiques ou les adhérences modifient les rapports entre le pavillon, la trompe et l’ovaire, provoquant des anomalies de la fécondation.

DIAGNOSTIC

Il est souvent posé avec retard en raison d’un certain « fatalisme ». Les femmes consultent tard, pensant que les douleurs menstruelles sont « normales », et la douleur décrite est banalisée par les professionnels de santé.

Souvent, la maladie est diagnostiquée au décours d’un bilan d’infertilité. Lors de l’interrogatoire des femmes, on s’aperçoit qu’elles ont toujours eu des douleurs pendant les règles.

L’examen clinique

L’examen gynécologique recherche des nodules ou de petits kystes. À la palpation, un utérus douloureux évoque une adénomyose (voir encadré). Le toucher vaginal peut révéler un kyste ovarien ou une douleur reproduisant la dyspareunie. Le toucher rectal se pratique en cas de suspicion d’une atteinte digestive.

Les examens complémentaires

Il est important qu’ils soient menés par des praticiens spécialisés dans l’endométriose, à qui le médecin gynécologue a demandé d’effectuer une telle recherche car les lésions ne mesurent parfois que quelques millimètres. La normalité des examens n’élimine pas le diagnostic.

→ L’échographie pelvienne par voie endovaginale est l’examen d’imagerie de première ligne.

→ En deuxième intention : l’IRM, puis éventuellement la cœlioscopie – seul examen de certitude – (voir p.31), se discute en fonction des lésions observées ou de la plainte de la patiente. Elle est réalisée dans un but diagnostique (visualisation et biopsie des lésions) et thérapeutique (exérèse du tissu endométrial).

→ Autres examens : réalisés au cas par cas, à la recherche de lésions localisées, avant une chirurgie (exploration des voies urinaires, coloscanner, écho-endoscopie endorectale…).

Classification des stades de la maladie

Le score AFSR (de l’American Fertility Society) définit quatre stades de gravité croissante. Du stade?I pour endométriose légère à IV pour une sévère, en fonction de la taille des lésions, de leur localisation, de l’importance des adhérences et du degré d’atteinte du cul-de-sac de Douglas.

ÉVOLUTION

Très invalidante pour les femmes, l’endométriose reste néanmoins une maladie bénigne qui affecte la femme en période d’activité génitale. Les symptômes s’atténuent au cours de la ménopause et de la grossesse. Après la grossesse, l’endométriose récidive lors de la reprise des cycles. Au cours de la ménopause, la maladie peut être réactivée par un traitement hormonal de substitution

Imprévisible

L’évolution de l’endométriose est imprévisible avec l’alternance de périodes de calme, durant lesquelles les douleurs régressent, et de phases où la symptomatologie douloureuse réapparaît. Chez certaines, les lésions stagnent, voire parfois régressent ; chez d’autres, elles s’aggravent avec le temps plus ou moins rapidement en l’absence de prise en charge adaptée. À 22 ans, une patiente peut être au stade IV alors qu’une autre aura une endométriose légère à 40 ans.

Les complications

Elles dépendent de l’évolution de la maladie et de son ancienneté :

→ rupture des kystes endométriosiques induisant une douleur brutale qui nécessité une intervention en urgence ;

→ symptomatologie de type colique néphrétique en cas d’atteinte vésicale ou urétérale, occlusions en cas d’atteinte intestinale ou rectale ;

→ exceptionnellement pneumothorax ou hémothorax (épanchement de sang au niveau du thorax) en cas de localisations diaphragmatiques.

LE SUIVI

Il s’effectue tout au long de la vie de la femme avec la nécessité d’adapter, de modifier le traitement hormonal selon le contexte (réapparition de spotting avec saignement important et douloureux, péri-ménopause), ou de le stopper une courte période en vue d’une grossesse.

Son traitement

OBJECTIF

Le but est de soulager les douleurs, de limiter l’extension de la maladie et, selon le cas, de prendre en charge un désir de grossesse.

La prise en charge est multidisciplinaire (chirurgien, gynécologue, médecin de la douleur, psychologue…).

Les patientes asymptomatiques ne nécessitent aucune prise en charge particulière.

STRATÉGIE THÉRAPEUTIQUE

La prise en charge est personnalisée ; elle dépend notamment de l’âge de la patiente et de la sévérité de l’endométriose. Elle doit tenir compte du fait que l’endométriose est une maladie chronique. Le traitement, fonction de l’âge, de la gravité des symptômes et du désir d’enfant, est médical et/ou chirurgical.

→ Le traitement médical de l’endométriose est avant tout hormonal et vise à l’obtention d’une aménorrhée. Il fait appel aux estroprogestatifs, aux progestatifs et aux analogues de la LH-RH.

→ Un traitement chirurgical est discuté en cas d’échec du traitement médical.

→ Les techniques d’aide médicale à la procréation (AMP) et/ou une intervention chirurgicale sont discutées en cas d’infertilité liée à l’endométriose.

Prise en charge de la douleur

Le traitement hormonal

Il vise à obtenir une aménorrhée car, en l’absence de règles, les lésions endométriales ne saignent plus et ne se développent plus, et la symptomatologie douloureuse régresse. Toutefois cette action n’est que suspensive. Le traitement hormonal est forcément contraceptif, même si ce n’est pas le but.

→ En première intention chez les jeunes filles, on recourt souvent à des prescriptions hors AMM : estroprogestatifs en continu monophasiques (pas de pilules séquentielles qui génèrent davantage de saignements), pilule au désogestrel (Cerazette, qui induit souvent une aménorrhée, contrairement à la pilule au lévonorgestrel, Microval). Mieux tolérés que les macroprogestatifs, ces traitements peuvent toutefois être à l’origine de spotting (petits saignements utérins).

En l’absence d’amélioration après trois mois, une autre pilule est essayée. En cas d’échec, les macroprogestatifs sont prescrits en continu de manière à obtenir une aménorrhée totale. Ceux à l’origine d’effets androgéniques marqués (acétate de médroxyprogestérone) sont évités.

→ En première intention chez les patientes plus âgées, les mêmes traitements sont proposés ainsi que le stérilet au lévonorgestrel (Mirena) ; le choix se porte sur le traitement qui permet d’obtenir une aménorrhée et de soulager au mieux.

→ En deuxième intention : le diénogest (Visanne), progestatif antiandrogénique, provoque une aménorrhée (donc est contraceptif) mais n’a pas d’AMM comme contraceptif et devrait donc être associé à une contraception mécanique.

→ En cas d’échec : si après six mois d’aménorrhée, les douleurs persistent (il s’agit souvent de dyspareunies profondes), une intervention chirurgicale est envisagée. Elle est effectuée par cœlioscopie (voir encadré p.31) ou plus rarement par laparotomie (voir Dico+) en cas de lésions digestives ou vésicales par exemple. Chez la femme ne désirant plus d’enfant, une chirurgie radicale (utérus, ovaires, foyers endométriosiques) peut être proposée.

→ Les analogues ou agonistes de la LH-RH (ou GnRH) sont indiqués en pré- et post-opératoire pour être sûr de maintenir une aménorrhée. Ces traitements induisent une ménopause artificielle (castration hormonale) survenant environ quinze jours après le début de leur administration.

→ En raison du risque de perte osseuse, les analogues de la LH-RH ne sont prescrits que pour six mois (un an pour la leuproréline) et ne doivent pas être renouvelés. Après trois mois de traitement, une hormonothérapie de substitution ou « add-back therapy » est instaurée : elle consiste à administrer de faibles doses d’œstrogènes pour limiter les effets indésirables liés à la castration sans stimuler les foyers endométriosiques.

→ En post-opératoire, en relais de l’analogue, un traitement hormonal par estroprogestatif ou macroprogestatif en continu est indiqué, toujours dans le but de conserver une aménorrhée et de maintenir ainsi le bénéfice de la chirurgie.

Le danazol n’est quasiment plus utilisé du fait de ses effets androgéniques importants.

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens

Les AINS sont utilisés pour limiter les douleurs durant les règles lorsque l’aménorrhée ne peut être obtenue : persistance des symptômes, désir de grossesse… Ils sont souvent peu efficaces. Ils n’influent pas sur l’évolution de la maladie puisque les lésions sont toujours soumises à l’action des estrogènes.

Prise en charge de l’infertilité

Un geste chirurgical ou les techniques d’aide médicale à la procréation (AMP) sont proposés au cas par cas (insémination artificielle, FIV…).

Entre les tentatives d’AMP ou après une grossesse, l’obtention d’un état d’aménorrhée est toujours de règle avec des estroprogestatifs ou des progestatifs en continu.

MÉDICAMENTS

Les progestatifs

– Sans action androgénique : chlormadinone (Luteran), médrogestone (Colprone). Hors AMM : promégestone (Surgestone), nomégestrol (Lutényl).

– À effet androgénique (peu utilisés) : acétate de médroxyprogestérone (Depo-Prodasone).

– À effet anti-androgénique : diénogest (Visanne).

→ Mode d’action : ces progestatifs de synthèse atrophiants ont une action anti-estrogénique et un effet antigonadotrope (blocage de l’ovulation) en cas d’administration 21?jours par cycle (mais ici prise en continu). L’efficacité contraceptive du diénogest n’a pas été évaluée.

→ Effets indésirables : troubles du cycle selon le cas (spotting ou aménorrhée…) et de la libido ; majoration des symptômes en rapport avec une insuffisance veineuse des membres inférieurs ; atteintes hépatiques, réversibles à l’arrêt du traitement. Parfois prise de poids, acné, insomnie. Pour les molécules androgéniques : prise de poids, œdèmes, acné, alopécie, troubles de la vision, cataracte, confusion, dépression, insomnie, troubles cardio-vasculaires, effet diabétogène.

→ Surveillance : arrêt du traitement en cas d’apparition de troubles thrombo-emboliques ou de suspicion d’atteinte vasculaire (troubles oculaires, œdème et douleur au niveau d’une jambe) ou en cas d’ictère ou de prurit (suspicion d’atteinte hépatique). Pour les molécules à effet androgénique : tension artérielle, bilan lipidique, glycémie sont à surveiller

Les analogues de la LH-RH

Leuproréline (Enantone), nafaréline (Synarel), triptoréline (Décapeptyl, Gonapeptyl).

→ Mode d’action : obtention d’une castration médicale (voir encadré à droite), à l’origine d’une atrophie du tissu endométrial utérin et ectopique (situé en dehors de l’utérus).

→ Effets indésirables : réactions locales au point d’injection, exacerbation transitoire des symptômes (douleurs) en début de traitement, puis signes fonctionnels d’hypoestrogénie (bouffées de chaleur, céphalées, sécheresse vaginale, douleur mammaire, déminéralisation osseuse). Ces effets sont en partie compensés par une hormonothérapie de substitution. Sous nafaréline : irritations possibles de la muqueuse nasale.

→ Surveillance : en dehors du premier mois de traitement, la survenue de saignements utérins est anormale et nécessite une consultation.

→ Conservation : au réfrigérateur pour Gonapeptyl.

Dérivé androgénique : danazol (Danatrol)

→ Mode d’action : action androgénique et antigonadotrope par inhibition de la synthèse et de la libération de FSH et de LH induisant une hypoestrogénie et une atrophie de l’endomètre.

→ Effets indésirables : acné, prise de poids, alopécie, hirsutisme, modification du timbre de la voix, troubles du cycle, de la libido, bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, augmentation de la résistance à l’insuline, du LDL cholestérol et diminution du HDL cholestérol, troubles de l’humeur, atteintes hépatiques, dermatologiques (prurit, œdème, photosensibilité).

→ Surveillance : arrêt du traitement en cas de signes androgéniques marqués (pouvant être irréversibles), d’atteinte hépatique, d’HTA, de maladie cardio-vasculaire, d’un diabète, d’une dyslipidémie, d’atteinte thrombo-embolique.

Conseils aux patients

OBSERVANCE

Du traitement prescrit

Analogues de la LH-RH

Le traitement est débuté généralement dans les cinq premiers jours du cycle. Bien respecter le planning des injections qui doivent être réalisées par l’infirmière (voie IM).

La voie nasale (nafaréline, Synarel), nécessite un respect strict des doses et des horaires (administration biquotidienne). Ne pas interrompre le traitement, même en cas de rhume, sous peine d’inefficacité. Pour Synarel : se moucher avant administration ; boucher l’autre narine durant la pulvérisation ; en cas d’éternuement, refaire une pulvérisation ; en cas de recours à un décongestionnant nasal, l’administrer une demi-heure après.

Progestatifs, estroprogestatifs

Ne pas s’inquiéter d’une prise en continu (voir interview page suivante) qui débute le premier jour des règles.

Les AINS

Il peut être recommandé de les débuter la veille, voire plusieurs jours avant les règles pour une action optimale sur les dysménorrhées. Préconiser une prise aux repas.

Automédication

Pas de millepertuis, qui peut diminuer l’action des progestatifs et estroprogestatifs. Sous diénogest, pas de jus de pamplemousse, qui peut en augmenter les effets indésirables.

VIE QUOTIDIENNE

Gérer les effets indésirables

Progestatifs et estroprogestatifs

L’apparition d’un chloasma (masque de grossesse) est possible en cas d’exposition au soleil. Une protection – chapeau et/ou crème solaire haute protection – est à conseiller aux femmes sujettes. Selon les cas, une alimentation pauvre en matières grasses limite la prise de poids. Comme pour toute contraception, une consultation en urgence s’impose devant des signes évoquant une atteinte vasculaire : douleur, crampe, œdème inexpliqué au niveau du membre inférieur (thrombose veineuse profonde, céphalées importantes, troubles oculaires)…

Analogues de la LH-RH

Une recrudescence des douleurs en début de traitement est possible et passagère et dure au plus quinze jours. Des AINS peuvent être proposés durant cette période.

Le traitement substitutif par estrogène (« add-back therapy ») atténue les effets indésirables, mais ne les supprime pas. Une fois ce traitement commencé, ne pas le stopper au risque de provoquer des saignements. Pour limiter les bouffées de chaleur, prévoir des vêtements légers. Pour pallier la sécheresse vaginale lors des rapports sexuels, proposer des lubrifiants ; certains à action prolongée s’utilisent deux ou trois fois par semaine : Replens, Rephresh, Mucogyne… Prévoir une contraception mécanique.

La cœlioscopie

→ Avant l’intervention : conseillez de se raser le pubis à domicile pour éviter un rasage « à sec » à l’hôpital, d’emporter des vêtements amples (le gaz carbonique laisse un ventre gonflé), une culotte basse afin que l’élastique n’appuie pas sur les incisions et des serviettes périodiques.

→ Après l’intervention : des ballonnements et des douleurs abdominales, irradiant parfois à l’épaule, sont normales tant que le gaz n’est pas éliminé ; aussi, ne pas hésiter à recourir aux antalgiques prescrits. Adopter une alimentation riche en fruits et en légumes. Boire suffisamment pour favoriser la reprise du transit. Des douleurs, des saignements, des vomissements ou une fièvre dans les jours suivant l’intervention nécessitent de vite contacter l’hôpital.

Troubles anxio-dépressifs

L’endométriose évolue de façon chronique, d’où un parcours médical long et des répercussions dans sa vie de famille, de couple, sociale et professionnelle. Faire part au médecin des difficultés rencontrées. Consulter au besoin un psychologue et/ou contacter un groupe d’entraide ou une association de patients.

Désir d’enfant

Une endométriose n’est pas nécessairement synonyme d’infertilité, mais si c’est le cas, il est possible de recourir aux techniques d’AMP, dont les protocoles sont parfois lourds. Là encore, ne pas hésiter à poser des questions à l’équipe médicale et à intégrer un groupe de soutien.

Avec la collaboration du Dr Isabella Chanavaz-Lacheray, gynécologue au centre hospitalier du Belvédère, Mont-Saint-Aignan.

Info+

L’utérus est constitué :

– du myomètre : tissu musculaire lisse épais qui assure l’expulsion du fœtus au moment de l’accouchement ;

– de l’endomètre : muqueuse qui tapisse la face interne de la cavité utérine.

L’adénomyose

« Forme particulière » d’endométriose, l’adénomyose correspond à la présence de tissu endométriosique à l’intérieur même du muscle utérin (myomètre). Elle apparaît plutôt après 30?ans et peut être associée à une endométriose. La clinique : douleurs, ménorragies (règles importantes), infertilité parfois en raison d’une gêne à l’implantation de l’œuf. Le traitement : médical et/ou chirurgical, il vise à obtenir une aménorrhée.

Info+

Transformation maligne de l’endométriose : elle est possible et évoquée, mais cette éventualité semble rester exceptionnelle et concernerait les lésions d’endométriose ovarienne.

Contre-indications des principaux traitements

Progestatifs : hémorragie génitale de cause indéterminée, tumeur sensible à la progestérone. Sauf dydrogestérone : accidents thromboemboliques en évolution (et/ou antécédents pour la médroxyprogestérone), affection hépatique grave.

Analogues de la LH-RH : hémorragie génitale de cause indéterminée.

Diénogest : embolie veineuse en cours, affection artérielle et cardio-vasculaire actuelle ou antérieure, diabète avec atteinte vasculaire, affection hépatique sévère en l’absence de normalisation des tests fonctionnels hépatiques, tumeurs hépatiques, tumeurs malignes hormonodépendantes, saignement vaginal sans origine connue.

Danazol : thrombose en cours ou antécédent de maladie thromboembolique, insuffisance hépatique, hépatite chronique ou récente, insuffisance rénale ou cardiaque sévère, tumeur androgéno-dépendante, hémorragie génitale indéterminée, grossesse, allaitement.

Témoignage

Ne pas banaliser la douleur et consulter un « spécialiste » de l’endométriose”

Yasmine, 42 ans, présidente de l’association EndoFrance

Deux messages me semblent importants : ne pas banaliser la douleur et se faire suivre par des médecins qui connaissent la maladie. Avoir mal durant les règles au point de ne pas pouvoir se lever, ou lors des rapports sexuels est anormal et doit inciter si besoin à prendre un autre avis médical. Les examens complémentaires nécessaires au diagnostic comme l’IRM doivent être réalisés par des médecins référents qui savent chercher et reconnaître les lésions.

Les patientes ignorant vers qui se tourner peuvent nous contacter via le mail de l’association (voir En savoir plus en page 32).

J’ai une endométriose de stade sévère, diagnostiquée tardivement à 22?ans. J’ai eu tous les traitements possibles : divers progestatifs, quatre cures d’analogues de la LH-RH et huit opérations, dont une hystérectomie et l’ablation des ovaires. Aujourd’hui, un tel « parcours » ne se voit plus heureusement ; tous les chirurgiens s’accordent à dire que moins on opère, mieux c’est. Beaucoup de femmes souffrent encore parce que leur maladie est diagnostiquée à un stade trop tardif et/ou mal prise en charge. C’est pourquoi nous engageons des démarches auprès des autorités de santé, avec l’aide de médecins spécialistes, pour mettre en place un projet « pilote » de centre de référence de l’endométriose qui sera basé en Haute-Normandie.

Info+

Les progestatifs naturels (Duphaston…) ne provoquent pas d’atrophie de la muqueuse utérine et ne sont donc pas efficaces.

Info+

Contre les bouffées de chaleur, il n’y a pas d’études sur l’emploi des compléments alimentaires à base de phytoestrogènes (soja, sauge, trèfle rouge, lin…) dans ce contexte.

Info+

Des antalgiques opioïdes faibles (codéine, tramadol), voire des antalgiques de palier 3, peuvent être nécessaires en cas de douleurs importantes.

Comment se déroule une cœlioscopie ?

La cœlioscopie permet de visualiser les organes pelviens et abdominaux. Elle peut être à visée diagnostique et/ou thérapeutique avec l’exérèse des tissus endométriosiques.

Info+

Les stérilets au cuivre ne doivent pas être proposés aux femmes ayant une endométriose

Ils augmentent les saignements utérins et peuvent aggraver les lésions endométriosiques.

Mécanisme d’action des analogues de la LH-RH

Les hormones ovariennes, estrogènes et progestérone, sont sous le contrôle de la FSH (Follicle Stimulating Hormone) et de la LH (Luteinizing Hormone) sécrétées de manière pulsatile par l’hypophyse.

La FSH et la LH sont sous la dépendance de la LH-RH (Luteinizing Hormone Releasing Hormone) ou GnRH (Gonadotropin Releasing Hormone) sécrétée également de façon pulsatile par l’hypothalamus.

Ainsi, l’hypothalamus, l’hypophyse et l’ovaire (constituant l’axe gonadotrope) sont reliés par un système de rétrocontrôle, positif ou négatif selon le moment du cycle.Une sécrétion pulsatile de LH-RH est indispensable au bon fonctionnement de l’axe gonadotrope.

Au cours d’un traitement par analogue de la LH-RH, cette stimulation continue par ces analogues induit :

– une phase initiale de stimulation appelée « flare-up », d’une à deux semaines maximum, lors de laquelle les taux plasmatiques de FSH, LH et par conséquent d’estradiol augmentent ;

– une phase de désensibilisation au cours de laquelle on constate un effondrement des taux de FSH et de LH, et par conséquent une chute des taux plasmatiques d’estradiol et de la progestérone.

Info+

L’acétate de cyprotérone (Androcur, Diane 35) est un progestatif de synthèse antiandrogénique fréquemment prescrit hors AMM, en continu, dans l’endométriose, en association à un estrogène (Provames, Progynova…).

Interview

Dr Isabella Chanavaz-Lacheray, gynécologue au centre hospitalier du Belvédère, Mont-Saint-Aignan (76)

Pourquoi diagnostiquer tôt ?

Parce que l’endométriose est une maladie chronique qui nécessite une prise en charge à vie. L’aménorrhée ne guérit pas, mais suspend l’évolution de la maladie. En intervenant tôt, on peut éviter une aggravation vers des stades plus sévères. Pour cela, il faut prendre en charge les jeunes femmes dès l’adolescence.

De nombreuses femmes sont incommodées le premier jour des règles, mais ces douleurs supportables ne nécessitent pas le recours systématique à un antalgique. En revanche, le renouvellement systématique d’AINS pour des douleurs de règles et le soulagement insuffisant, des malaises durant les règles ou un absentéisme scolaire ou professionnel les deux premiers jours des règles n’est pas normal. Au-delà de douze à dix-huit mois de règles douloureuses chez une jeune fille récemment réglée, il faut se poser la question d’une endométriose. Autant de situations qui doivent conduire à une consultation spécialisée.

Quels messages passer ?

De nombreuses prescriptions se font hors AMM pour obtenir l’aménorrhée nécessaire à la stabilisation de la maladie ; il ne faut pas s’étonner d’estroprogestatifs ou de macroprogestatifs prescrits en continu, et expliquer que l’aménorrhée est nécessaire et sans danger.

Chez certaines, ni les estroprogestatifs ni les macroprogestatifs en continu ne permettent d’obtenir une aménorrhée satisfaisante. Ces formes rebelles peuvent justifier des cures répétées d’analogues de la LH-RH pour stabiliser la maladie, mais cela doit rester exceptionnel. Quant à la chirurgie, si elle est justifiée, il ne faudrait y recourir idéalement qu’une seule fois car à chaque geste chirurgical, on génère des adhérences qui favorisent les récidives de la maladie.

Info+

Les médecines douces (acupuncture, hypnose…) peuvent être essayées pour soulager des douleurs insuffisamment contrôlées par le traitement hormonal.