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Le marché de la phytothérapie divise les pharmaciens et les herboristes

Publié le 10 novembre 2007
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En Espagne, particulièrement en Catalogne où se concentrent 22 % des 4 800 herboristeries, la phytothérapie, vieille tradition, divise. « Les plantes dotées de propriétés thérapeutiques doivent être vendues en pharmacie mais les herboristeries résistent », explique María José Alonso, du Collège des pharmaciens de Barcelone. Elle cite notamment la griffe du diable (Harpagophytum), « commercialisée par les herboristeries en contravention d’une loi de 1973 qui limite leur activité à cent plantes considérées comme médicinales mais dénuées d’effets thérapeutiques ».

L’enjeu est d’importance : le fait que l’Espagne soit l’un des pays européens consommant le moins d’OTC semble dû, en partie, au poids de la phytothérapie. L’entrée en vigueur courant novembre d’un nouveau décret royal prévoyant l’intégration au droit espagnol de la directive 2004/24/CE du Parlement européen sur les médicaments traditionnels à base de plantes clarifiera-t-elle la situation ? Rien n’est moins sûr.

Herbes et compléments alimentaires même combat

« La directive ne change pas grand-chose par rapport à la législation de 1973 et laisse de côté les compléments alimentaires revendiqués au même titre par les pharmacies et les herboristes », rappelle Camil Rodiño, porte-parole de l’Afepadi, l’association espagnole des fabricants de préparations alimentaires spéciales, produits diététiques et plantes médicinales. Selon l’Afepadi, le seul marché des compléments alimentaires à base de plantes représente 600 millions d’euros annuels.

« Si ces produits sont utilisés pour soigner et non à des fins physiologiques, ils doivent être vendus en pharmacie », insiste María José Alonso. Déplorant que la libre circulation des marchandises permette de trouver en herboristerie des compléments importés d’autres pays communautaires à base de pavot de Californie par exemple (une plante interdite par le texte de 1973), elle prône une loi spéciale sur les compléments, à l’instar de ce qu’ont fait l’Italie ou la Belgique. « Nous avons élaboré avec les pharmaciens une proposition dans ce sens, sans résultat pour le moment », déclare de son côté Camil Rodiño. D’après le « Livre blanc des herboristeries », en Catalogne, des plantes dotées de propriétés thérapeutiques sont même vendues en vrac et sans contrôle sur les marchés.

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