Cas de comptoir : des hypoglycémies incompréhensibles
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Cas de comptoir : des hypoglycémies incompréhensibles

Publié le 31 juillet 2023
Par Maïtena Teknetzian
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C’est la vie de tous les jours. Celle du comptoir. Une problématique par patient et une volonté de répondre au mieux aux besoins de chacun. Rarement simple ! Et si on profitait de l’été pour réactiver les bons réflexes à avoir face à un cas d’iatrogénie ? Aujourd’hui, la femme de Robert s’inquiète des fréquentes hypoglycémies de son mari.

Le cas

Robert B., 69 ans, est diabétique de type 2, traité par Glucovance (metformine et glibenclamide) et Lantus (insuline glargine). Sa femme, visiblement inquiète, rapporte que, depuis quelques jours, Monsieur B. souffre de fréquentes hypoglycémies : « Pourtant, il mange suffisamment. C’est incompréhensible. J’ai peur qu’il fasse un malaise grave ! » Le pharmacien se souvient avoir dispensé récemment Ixprim (tramadol et paracétamol), prescrit par le médecin traitant de Robert.

L’analyse du cas

La consultation de la monographie d’Ixprim révèle qu’effectivement le tramadol est incriminé dans la survenue d’hypoglycémies, avec une fréquence indéterminée. Le tramadol est un agoniste µ qui inhibe la recapture présynaptique de la sérotonine et de la noradrénaline. Le mécanisme de survenue d’hypoglycémies sous tramadol est mal élucidé, mais pourrait être en lien avec son action monoaminergique ; des expériences menées chez la souris ont en effet montré que la sérotonine intervenait sur le métabolisme du glucose en augmentant les concentrations d’insuline. Selon certaines études, en comparaison à la codéine, la fréquence d’hypoglycémie sous tramadol est 3 fois supérieure et le risque d’hospitalisation pour hypoglycémie 2 fois plus important, plus particulièrement en début de traitement.

L’attitude à adopter

Le pharmacien explique à madame B. que le tramadol peut être à l’origine des hypoglycémies. Il oriente monsieur B. vers une consultation médicale rapide en vue d’une réévaluation du traitement antalgique (prescription de paracétamol seul ou remplacement du tramadol par de la codéine si un antalgique de palier 2 est toujours nécessaire). En attendant, il conseille d’augmenter la fréquence des glycémies capillaires. Il s’assure également que M. B. connaisse bien les méthodes de resucrage oral.

À retenir

Le tramadol est susceptible d’induire des hypoglycémies. Il faut y prêter attention chez les diabétiques, notamment en début de traitement antalgique. Ce cas de comptoir est extrait du Cahier Formation Iatrogénie « Les antalgiques opiacés » paru dans Le Moniteur des pharmacies n° 3469 du 10 juin 2023