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Le test tient mal la route
Le test de dépistage du cannabis dans les urines Cannabis Verdict est vendu par certains bureaux de tabac depuis début février 2014. Son efficacité et son utilité sont critiquées par des experts.
En plus du papier pour rouler un joint, le consommateur de cannabis peut acheter chez son buraliste un test pour détecter ce stupéfiant dans ses urines au prix de 3,5 euros, depuis début février 2014. Le test Cannabis Verdict du laboratoire allemand Mavand est proposé aux pipiers (grossistes du tabac) par Marc Elie dont la société Elicole est impliquée depuis plusieurs années dans des actions de prévention sur les risques aux addictions, en entreprises notamment. Cannabis Verdict est vendu avec un livret informatif sur les risques du cannabis de vingt-quatre pages. Pour Marc Elie, « l’intérêt de ce test est de permettre aux fumeurs occasionnels de cannabis, qui fument un petit joint le vendredi ou le samedi soir, de s’assurer qu’il n’y a plus de trace de cannabis dans le sang avant de reprendre le volant le lundi ou le mardi car s’il n’y a plus de THC dans les urines, c’est qu’il n’y en a plus dans le sang ». L’article L235-1 du code de la route stipule que « toute personne qui conduit un véhicule ou qui accompagne un élève conducteur alors qu’il résulte d’une analyse sanguine qu’elle a fait usage de substances ou plantes classées stupéfiants est punie de deux ans d’emprisonnement et de 4 500 euros d’amende ».
Le Syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM) a réagi le 18 février dans un communiqué. « Ce test est au mieux sans intérêt » rétorque Thomas Vallotton, porte-parole du SMBJ. Ses arguments : le principe actif responsable des effets psychotropes est le delta-9 tétrahydrocannabinol (THC). Le THC se retrouve en seulement quelques minutes dans le sang ou la salive et en disparaît en dix heures environ en l’absence de nouvelle consommation. Il faut par contre environ six heures avant qu’un test urinaire puisse détecter, non pas le THC, mais un de ses métabolites inactifs (le THC-COOH), qui restera présent dans l’urine durant deux à trente jours selon le type de consommation. « Ainsi, se tester après avoir consommé et avant de conduire donnera un test urinaire négatif. À l’inverse, être toujours positif quelques jours après ne veut pas dire être positif au bilan sanguin ni que les effets psychotropes persistent. » Autre problème, cet « autotest » n’est pas « un dispositif médical au regard de la directive 98/79/CE relative aux dispositifs médicaux de diagnostic in vitro ». L’ANSM ajoute que « le logo CE mentionné semble correspondre à un marquage indu ». Alors que Marc Elie suggère d’utiliser Cannabis Verdict pour contrôler les plus jeunes, Jean-Pierre Couteron, président de la Fédération addiction, regrette « un message particulièrement maladroit ». Le spécialiste y voit « une façon de jouer avec le contrôle plutôt que de travailler sur la responsabilité de l’usager. Une gestion de technique contrôlée dans un schéma de prohibition ».
Guillaume Kerjean
BP en 2007, préparateur hospitalier, responsable de production en stérilisation en 2011 et formateur vacataire dans le Morbihan (56).
La profession bouge sans cesse, surtout au niveau législation. Moi qui consulte chaque jour le Journal Officiel au petit déjeuner pour mon poste (responsable de production en stérilisation), je sais que c’est peu digeste ! L’intérêt de Porphyre c’est d’extraire les infos pertinentes et de les retranscrire de façon réactive. La valeur ajoutée est de savoir les présenter de façon simplifiée sans pour autant les vulgariser. C’est bien axé sur notre profession et c’est accessible à tous, même aux préparateurs étudiants.
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