Pathologies Réservé aux abonnés

La péricardite

Publié le 22 mars 2014
Par Anne-Hélène Collin
Mettre en favori

Cette pathologie cardiaque nécessite une prise en charge médicale rapide. Elle est marquée par une douleur thoracique dont l’intensité n’est pas toujours liée à sa gravité.

Qu’est ce que c’est ?

• La péricardite est une inflammation du péricarde, sac à double feuillet enveloppant le cœur, associée ou non à un épanchement liquidien. Le sac péricardique est mis sous pression, ce qui provoque des douleurs au niveau du thorax.

• La péricardite représente 5 % des hospitalisations pour douleurs thoraciques.

Quels sont les symptômes ?

• Pour les formes aiguës, le signe le plus caractéristique est une douleur thoracique brutale augmentée par l’inspiration profonde, les changements de position et calmée par la position penchée vers l’avant. L’irritation du nerf vague et du diaphragme peut provoquer toux, hoquet et nausées. Fièvre et dyspnée sont parfois décrites.

• Les formes chroniques sont le plus souvent indolores et donc non perçues immédiatement.

Quelles sont les causes ?

• Idiopathiques: ce sont les plus fréquentes, leur symptomatologie est bruyante mais elles sont de bon pronostic.

• Infectieuses :

Publicité

– les péricardites virales, les plus diagnostiquées, sont aiguës et bénignes, et impliquent coxsackie, échovirus, influenzæ, VIH ou encore le virus de la mononucléose infectieuse.

– péricardites bactériennes : la péricardite tuberculeuse est indolore et souvent découverte à un stade avancé. La péricardite purulente, provoquée par Staphylococcus aureus ou les bacilles Gram –, touche l’adulte immunodéprimé ou porteur d’infection sévère.

• Secondaires à une pathologie rhumatologique ou une collagénose (rhumatisme articulaire aigu, polyarthrite rhumatoïde, sclérodermie).

• Secondaires à un infarctus du myocarde.

• Evoluant dans le cadre d’une insuffisance rénale.

• Secondaires à un traumatisme : chirurgie cardiaque, traumatisme fermé (accident de voiture) ou pénétrant (blessure pénétrante du thorax).

• Néoplasiques, notamment les néoplasies pulmonaires, mammaires, les leucémies et lymphomes de Hodgkin.

• Postradiothérapie.

Comment fait-on le diagnostic ?

• A l’auscultation, le médecin recherche le bruit du frottement péricardique (bruissement de cuir neuf), signe typique mais inconstant.

• A l’électrocardiogramme, les tracés sont perturbés mais aucun signe n’est spécifique. Il permet d’éliminer le diagnostic d’infarctus du myocarde, autre cause de douleur thoracique.

• L’échographie est capitale pour affirmer le diagnostic et orienter vers une étiologie.

Quelles sont les complications ?

• La péricardite récidivante, d’évolution favorable, est la complication la plus fréquente de la péricardite aiguë bénigne.

• La tamponnade cardiaque est redoutable, mettant en jeu le pronostic vital. Dans les cas graves de péricardite aiguë, l’inflammation provoque un épanchement du liquide dans la cavité du péricarde ; l’excédent de liquide comprime le cœur et limite sa capacité à pomper du sang.

• La péricardite chronique constrictive est un épaississement fibreux et calcifié du sac péricardique, souvent secondaire à la péricardite tuberculeuse. La paroi se rigidifie, entraînant une gêne lors du remplissage ventriculaire (diastole).

Quel est le traitement ?

• La prise en charge de la péricardite aiguë est basée sur le repos, les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les antalgiques (paracétamol, codéine). Des traitements spécifiques sont proposés selon l’étiologie (anti-infectieux).

• La colchicine est efficace d’emblée. Elle permet de prévenir les récidives et de les traiter le cas échéant. Elle peut raccourcir la durée et l’accès inflammatoire.

• Le traitement de la péricardite chronique constrictive est exclusivement chirurgical (péricardectomie).

• La tamponnade, urgence médicale absolue, impose un drainage péricardique.

Sources : La Revue du praticien, vol. 57, décembre 2007, « Péricardite aiguë » ; La Revue du praticien, vol. 26, février 2012, « Péricardites aiguës récidivantes » ; Le Manuel Merck, 17e édition, 1999 ; « Bulletin SMUR », hôpital de la Chaux-de-Fonds, service des urgences, n° 43, novembre 2007.

EN PRATIQUE

• Toute douleur thoracique nécessite une prise en charge médicale immédiate.

• Devant une douleur thoracique, une pathologie coronarienne est d’abord envisagée jusqu’à preuve du contraire.

• Faire asseoir le patient pour atténuer ses douleurs, en attendant les secours.