Cas de comptoir : des urines teintées
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Cas de comptoir : des urines teintées

Publié le 14 août 2023
Par Maïtena Teknetzian
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C’est la vie de tous les jours. Celle du comptoir. Une problématique par patient et une volonté de répondre au mieux aux besoins de chacun. Rarement simple ! Et si on profitait de l’été pour réactiver les bons réflexes à avoir face à un cas d’iatrogénie ? Aujourd’hui, Josée, atteinte de la maladie de Parkinson, a peur d’avoir une cystite.

Le cas

Josée I., 65 ans, se présente inquiète à la pharmacie : « J’ai l’habitude de voir mes urines colorées en brun, mais en ce moment, elles sont plutôt orangées. J’ai peur d’avoir du sang dans les urines, pourtant je n’ai pas de fièvre ni de brûlures en urinant. Peut-il tout de même s’agir d’une cystite ? », demande-t-elle au pharmacien. Celui-ci se souvient avoir dispensé il y a quelques jours de l’entacapone (Comtan 200 mg) ajoutée au Sinemet LP 200 (lévodopa/carbidopa), traitement antiparkinsonien habituel de madame I.

L’analyse du cas

La lévodopa peut colorer les urines en brun-noir d’intensité souvent faible mais s’assombrissant à la lumière, car elle est éliminée principalement par voie rénale sous forme de métabolites de couleur noire (précurseurs de mélanine). Madame I., qui est depuis plusieurs années sous dopathérapie, était habituée à cette coloration brunâtre. Elle est en revanche inquiète en raison d’une couleur inhabituelle, plus rouge-orangé. Devant l’absence de tableau clinique évocateur, une cystite paraît peu probable au pharmacien, d’autant que la coloration orangée des urines semble coïncider avec l’introduction de l’entacapone, inhibiteur de catéchol-O-méthyltransférase (ICOMT). Les urines peuvent en effet prendre une coloration brun-rouge sous l’effet de l’entacapone. Ce phénomène, très fréquent, est cependant bénin. A noter qu’un autre ICOMT peut être responsable d’une modification de la couleur des urines : la tolcapone (Tasmar) qui, elle, colore les urines en jaune intense.

L’attitude à adopter

Le pharmacien rassure Josée en lui expliquant que le changement de coloration des urines est un effet couramment observé avec l’entacapone. Ce phénomène est sans incidence clinique et ne nécessite pas d’adaptation du traitement.

A retenir

La dopathérapie et les ICOMT peuvent être responsables d’une modification de la couleur des urines, sans signification clinique. Ce cas de comptoir est extrait du Cahier Formation Iatrogénie « Les antiparkinsoniens » paru dans Le Moniteur des pharmacies n° 3419 du 28 mai 2022.