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Cas de comptoir : grossesse, allaitement et antihypertenseurs
C’est la vie de tous les jours. Celle du comptoir. Une problématique par patient et une volonté de répondre au mieux aux besoins de chacun. Rarement simple ! Et si on profitait de l’été pour réactiver les bons réflexes à avoir face à un cas d’iatrogénie. Aujourd’hui, Elodie se demande si le nouvel antihypertenseur prescrit pour sa grossesse est compatible avec l’allaitement.
Le cas
Élodie, 34 ans, souffre d’une hypertension artérielle chronique traitée et équilibrée par quinapril 20 mg. Ayant été informé de son désir de grossesse, son cardiologue a modifié le traitement par labétalol 200 mg deux fois par jour. Actuellement enceinte de sept mois et demi, Elodie surveille sa pression artérielle à la maison trois fois par semaine et porte des bas de compression de classe II. Elle sort de son cours de préparation à l’accouchement et passe renouveler son ordonnance : « Après discussion avec la sage-femme, je me dis que j’ai bien envie d’essayer d’allaiter mon bébé. Mais savez-vous si je peux le faire avec ce médicament, je ne le lui ai pas demandé ? ».L’analyse du cas
Chez la femme enceinte, l’hypertension artérielle dite chronique, c’est-à-dire présente avant la grossesse ou constatée avant 20 semaines d’aménorrhée (SA), expose à un risque plus élevé de prééclampsie. Elle peut également survenir après 20 SA, on parle alors d’hypertension artérielle gravidique, et touche 5 à 10 % des patientes enceintes.
En raison de ses complications graves (prééclampsie, crise d’éclampsie), l’hypertension au cours de la grossesse reste la première cause de morbidité et de mortalité maternelle et fœtale. La surveillance d’une femme souffrant d’hypertension au cours de sa grossesse doit être multidisciplinaire.
Chez une femme souffrant d’hypertension artérielle chronique comme Elodie, une consultation préconceptionnelle est indispensable afin d’adapter au mieux le traitement médicamenteux. Le désir de grossesse d’Elodie a conduit le cardiologue à remplacer l’inhibiteur de l’enzyme de conversion, le quinapril, par un bêtabloquant, le labétalol.
Chez la femme enceinte, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion et les sartans (ou ARAII) ne doivent pas être utilisés quel que soit le terme de la grossesse. Ils sont contre-indiqués au cours des deuxième et troisième trimestres en raison d’un passage transplacentaire pouvant entraîner une toxicité rénale fœtale responsable d’un oligoamnios (quantité trop faible de liquide amniotique), parfois irréversible, voire fatal, et un retard d’ossification des os du crâne. Leur utilisation au cours du premier trimestre est déconseillée faute de données suffisantes.
Parmi les autres antihypertenseurs, il est préférable de trouver une autre solution à l’hydrochlorothiazide chez une femme enceinte hypertendue en raison de son effet hypovolémiant. Le labétalol est un alpha et bêtabloquant dont l’utilisation au cours de la grossesse est la mieux évaluée. Il est faiblement excrété dans le lait maternel, ce qui rend son utilisation possible au cours de l’allaitement.La conduite à tenir
Le pharmacien rassure Elodie : le labétalol est peu excrété dans le lait maternel. Son traitement sera donc compatible avec l’allaitement.À retenir
Le labétalol peut être utilisé au cours de la grossesse et de l’allaitement chez une patiente hypertendue
Ce cas de comptoir est extrait du Cahier Formation Iatrogénie « La grossesse » paru dans Le Moniteur des pharmacies n°3259 du 8 février 2019.
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