Voyageurs : exotique et toxique ciguatera

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Voyageurs : exotique et toxique ciguatera

Publié le 1 août 2023
Par Alexandra Blanc
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Période estivale oblige, nous vous proposons un rendez-vous journalier autour des recommandations sanitaires pour les voyageurs. Aujourd’hui, focus sur une maladie alimentaire au nom exotique et aux effets toxiques : la ciguatéra.

Le Haut conseil pour la santé publique (HCSP) intègre dans son rapport 2023 sur les conseils aux voyageurs un chapitre sur la ciguatéra (ou icthyosarcotoxisme). Cette maladie émergeante associe une problématique écologique et sanitaire. Cette intoxication alimentaire a pour origine la dégradation des récifs coralliens notamment liée au réchauffement de l’eau. Les coraux stressés meurent et sont colonisés par une microalgue qui contient une toxine, la ciguatoxine, ingérée par certains poissons carnivores. La toxine cible les canaux sodiques voltage dépendants où elle se fixe de façon quasi irréversible, ce qui altère le fonctionnement des neurones entraînant des complications digestives et cardiaques.

La maladie se manifeste d’abord par une phase aiguë de quelques jours à quelques semaines avec des signes gastro-intestinaux, cardiovasculaires et neurologiques. Dans certains cas, les symptômes deviennent chroniques s’exprimant en continu ou par poussées. Le diagnostic est clinique et la prise en charge symptomatique (perfusion intraveineuse de Mannitol dans les cas les plus sévères).

La ciguatéra sévit en toutes saisons dans les régions insulaires intertropicales (Océanie, Polynésie, océan Indien, Caraïbes) mais des cas sont désormais signalés en zones tempérées (îles Canaries, Madère par exemple). Entre 50 000 à 100 000 cas sont officiellement rapportés chaque année mais il existe une importante sous déclaration.

Pour minimiser les risques d’intoxication certaines mesures sont à suivre :

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– éviter de consommer des poissons prédateurs réputer toxiques (requins, murènes, anglais, dorades, carangues, barbillons, loches, etc.), se renseigner auprès des pêcheurs, poissonniers et restaurateurs locaux ;

– préférer les poissons de plus petites taille (< 10 kg), la toxicité étant souvent proportionnelle à la taille ;

– ne pas manger les viscères, le foie, la tête des poissons ; ni la congélation, ni la cuisson, ni le fumage ne détruisent les ciguatoxines ;

– après une première intoxication, évitez au moins pendant un mois de consommer du poisson ou autres fruits de mer, quels qu’ils soient et s’abstenir de boire des boissons alcoolisées qui risquent d’accentuer la sévérité de la maladie et sa durée en déclenchant de nouveau symptômes.

Dans le prochain et dernier rendez-vous, nous partirons en mission contre des acariens piqueurs et vecteurs de maladies : les tiques.