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Pharmaciens wanted !
En fabrication, contrôle qualité et assurance qualité, les laboratoires manquent de bras. En cause, la pénurie générale de diplômés mais aussi l’image peu glamour des postes associée à certaines contraintes de l’activité.
Le phénomène est difficile à chiffrer. « Mais il est indéniable que les laboratoires se plaignent d’une pénurie de pharmaciens pour la production, le contrôle qualité et l’assurance qualité », explique Emmanuelle Garassino, responsable de l’Observatoire des métiers, de l’emploi et de la formation du Leem. Le constat n’est pas nouveau mais il s’est accentué. En cause, un numerus clausus insuffisant et une pénurie générale de diplômés en pharmacie qui touche tous les secteurs, officine comme industrie.
Manque de séduction.
Ce n’est pas la seule raison. Chez les étudiants en filière industrie, la balance penche plutôt en faveur d’une carrière en marketing, affaires réglementaires ou encore recherche #amp; développement « alors que les places sont chères avec la concurrence des médecins », s’étonne Pierre-Yves Battisti, responsable du cabinet de recrutement Antenor. Travailler sur un site industriel n’a, pour certains, rien d’attrayant à côté de l’image de créatifs qui colle aux responsables du marketing. Les critiques vont pêle-mêle chez les « anti-production » : « Le travail est assez routinier », « les horaires sont contraignants, il faut travailler de nuit lorsqu’on débute », « on est loin du siège, des décisions de stratégie. »
Les ventes de sites de production à des façonniers ne sont pas faites pour rassurer. Les sites Pfizer d’Amboise et du Val-de-Reuil (Eure) ont été repris par Fareva. Schering a cédé récemment celui de Lys-Lez-Lannoy, près de Lille, à la société Delpharm… « Ce phénomène d’externalisation n’a rien de spécifique à l’industrie pharmaceutique. Les façonniers, qui étaient il y encore quelques années peu nombreux et petits, se sont développés. Et les laboratoires eux-mêmes déploient leurs activités sur des sites plus importants », précise la responsable de l’Observatoire de l’emploi du Leem. Avec à la clé, des évolutions de carrière plus importantes qu’il y a quelques années !
Des horaires jugés contraignants.
Dominique Péchon a saisi l’opportunité. Il est resté en poste après le rachat du site de Schering par Delpharm pour superviser l’ensemble de la production et devenir directeur d’usine. Toujours enthousiaste après une vingtaine d’années de carrière, il constate la réticence des plus jeunes face aux contraintes des sites industriels. Chez Boiron, grâce à une présence pharmaceutique suffisamment importante, il n’y a pas d’équipe de nuit sur les sites situés à Montrichard et près de Lyon. « Nous jouons sur l’amplitude horaire des journées de travail pour gérer les contraintes », explique Bruno Siguier, responsable des ressources humaines. Ce n’est pas le cas partout, les équipes de production en 2×8 ou en 3X8 ne sont pas rares. Il existe aussi des gardes et des périodes d’astreintes mais au marketing, les journées peuvent aussi être longues et se prolonger le soir.
Une variété de métiers.
Le secteur de la production pâtit aussi du manque d’information des étudiants. « On ne commence réellement à connaître les débouchés possibles qu’en 5e année lors de stages », souligne une étudiante. Or, entre la fabrication, le contrôle qualité et l’assurance qualité, les différences sont marquées (voir encadré).
Sans parler des nouveaux métiers qui se développent sur les sites, comme les postes de pharmaciens réglementaires, chargés de travailler sur la partie process industriel et contrôle des dossiers d’AMM ou les fonctions support. Gaëlle l’a découvert en réalisant un stage de trois mois au service « support opération stérile » sur un site de production d’injectables. Le but de cette fonction transversale : s’assurer que tout est fait pour que la production soit réalisée dans les meilleures conditions possibles (de la mise à jour des formations des salariés jusqu’à la réalisation de prélèvements environnementaux réguliers…).
Cet aspect très concret des métiers de la production l’attire : « Nous sommes vraiment sur le terrain, il faut s’adapter au moindre problème et réagir très vite pour le résoudre. »
La possibilité de manager rapidement une équipe séduit aussi les passionnés. « Quand on choisit la production, on peut se retrouver tout de suite à la tête d’une équipe de 5, 6 voire 10 techniciens et opérateurs de maintenance », souligne Xavier Mansard, responsable du cabinet de recrutement A.Aston. Une opportunité beaucoup plus limitée dans les autres services des laboratoires.
Autre atout, et pas des moindres : rester en région et même non loin de son département d’origine. C’est le cas de 89 % des postes alors que les fonctions de marketing, d’affaires réglementaires sont situés au siège des groupes, installés à Paris et en région parisienne. Aujourd’hui, le cadre de vie devient un facteur de plus en plus important dans le choix professionnel des jeunes cadres, comme le montrent toutes les études sur l’emploi.
LES SALAIRES
– La tension sur le marché, due à la pénurie de candidats, entraîne une évolution de la rémunération vers le haut.
– Pour les juniors (avec un DESS), en production, assurance qualité ou contrôle qualité, le salaire est en moyenne de 30 à 35 Keuros. – Pour les pharmaciens avec cinq ans d’expérience, le salaire peut atteindre 50 à 60 Keuros.
Les principaux métiers
– Le pharmacien de production a en charge la gestion d’un atelier de fabrication ou de conditionnement. Il s’occupe du planning de production, vérifie l’approvisionnement en matières premières, surveille du point de vue technique le bon fonctionnement de la fabrication. Il peut devenir responsable d’un secteur de production, voire directeur de production.
– Le pharmacien contrôle qualité analyse les produits, étudie les matières premières en amont, vérifie les produits en cours de fabrication et les produits finis. Il peut réaliser des audits.
– Le pharmacien assurance qualité est chargé de vérifier la conformité des processus de production par rapport aux référentiels ou aux cahiers des charges. Le poste est de plus en plus subdivisé entre l’assurance qualité produits (suivi de la qualité de la production jusqu’à libération des lots) et la gestion du système qualité (organisation de la gestion documentaire, formation, audit, validation, qualification).
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