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Microstructures médicales : Quand le pharmacien devient coprescripteur de méthadone
La première Journée nationale des microstructures médicales, le 13 octobre, a montré l’intérêt de ce nouveau dispositif dans le suivi du sevrage chez les toxicomanes.
Nées en Alsace en janvier 2000, les microstructures médicales proposent une nouvelle approche de la médecine de terrain dans le domaine des addictions. Avec la volonté affichée de se réunir en réseaux régionaux (17 microstructures médicales en Alsace et en PACA), elles comptent aujourd’hui couvrir l’ensemble du territoire national. Le concept ? Créer pour chaque patient pharmacodépendant un microcentre de soins autour du médecin généraliste. En pratique, le suivi de chaque toxicomane est assuré en ville, dans le cabinet du médecin, où un psychologue et un travailleur social organisent des permanences chaque semaine. Le pharmacien d’officine, choisi par chaque patient pour délivrer le médicament de substitution, fait bien sûr partie intégrante de la microstructure.
Individualiser le traitement.
Titulaire à Strasbourg, Philippe Riehl a adhéré à l’une de ces microstructures : « Le dispositif permet un sevrage de la toxicomanie en médecine de ville. Les patients ne sont pas stigmatisés. Ils se retrouvent dans la pharmacie au même titre qu’un diabétique par exemple », explique le pharmacien qui suit actuellement 25 patients sous méthadone. Plus surprenant : grâce au fonctionnement de la microstructure médicale, il prend d’emblée le relais de la primoprescription de méthadone effectuée par le généraliste. « Normalement, c’est une tâche dévolue aux centres spécialisés de soins aux toxicomanes. »
Pour Philippe Riehl et pour toute son équipe, pas question de se cantonner à la simple délivrance de la dose quotidienne. « Après avoir pris sa dose initiale au comptoir, le patient revient une seconde fois dans la journée pour faire le point sur son état physique (tremblements, sueurs…) afin de déceler un sous-dosage éventuel. » Et d’augmenter la dose quotidienne si besoin, avec l’accord du médecin et le fax d’une ordonnance complémentaire à l’appui. Cette démarche de personnalisation des doses se répète chaque jour, durant une période d’adaptation allant de une à trois semaines. « Nous arrivons ainsi à individualiser le traitement au sein d’un cadre réglementaire strict », assure Philippe Riehl. Son objectif n’est assurément pas de devenir une pharmacie « spécial toxicomanie », mais d’entretenir des relations constructives avec les médecins « afin de ne plus être considéré comme le dernier chaînon du parcours de soins ». Aujourd’hui, son expertise du médicament lui permet d’être « coprescripteur » en quelque sorte. Une démarche qui pèse favorablement sur le bilan sanitaire des microstructures. Une étude menée en Alsace démontre que le nombre de traitements par méthadone y augmente, le passage du Subutex à la méthadone se réalisant dans de bonnes conditions.
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