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Les assureurs, acteurs de la prévention mais aussi lobbyistes actifs !
L’Association Prévention Santé (APS), qui opère sous le contrôle de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA), a fêté ses 25 ans en plein débat électoral. L’occasion d’un intense lobbying auprès des candidats pour avoir accès au codage des médicaments notamment, dans le but « d’intervenir plus efficacement dans la prévention des risques », a avoué Gérard de La Martinière, président de la FFSA. L’occasion aussi pour le président de l’APS, Alexis Lehman, de faire un brin de provocation en notant que « la prévention ça n’attire pas grand monde, ça ne rapporte rien à personne, apparemment ». En revanche, ça peut soulager les assureurs, ce qui explique sans doute le travail par ailleurs remarquable de l’APS en la matière*. Et Gérard de La Martinière de noter que « c’est grâce à la prévention que l’on peut diminuer le prix d’une assurance ». « Mais pour certains, le simple fait que la prévention permet une maîtrise des dépenses devient suspect », commente Gilles Johannet, directeur de la branche santé des AGF… et ancien directeur de la CNAM. Les assureurs s’appuient sur les grands principes de la loi de réforme de l’assurance maladie de 2004, chère à l’équipe de Nicolas Sarkozy, pour revendiquer cet accès aux données qui permettra de sortir du principe : « Un bon payeur est un payeur aveugle. » En parallèle, l’APS se fait l’apôtre d’une consommation mesurée de produits pharmaceutiques : « L’automédication, les antalgiques, les psychotropes, anticholestérol et autres statines nous permettent de repousser les alertes… jusqu’au jour de la maladie », estime Alexis Lehman.
« On peut se tromper en matière de prévention »
Et le Pr Patrice Morel (hôpital Saint-Louis, Paris) de renchérir en notant que « 60 à 80 millions d’occidentaux ingurgitent tous les jours des petites pilules rouges, des compléments alimentaires, des anti-oxydants… Ce n’est pas bête mais est-ce que ça sert à quelque chose ? » Surtout lorsqu’il évoque les vitamines A, E, le bétacarotène… dont la surconsommation peut augmenter la mortalité. Bref, « on voit qu’en matière de prévention, on peut se tromper », conclut-il. Ajoutez à cela le témoignage de l’économiste Jean de Kervasdoué, démontrant « qu’il n’y a aucun lien entre dépenses de santé et espérance de vie ». A n’en point douter, les arguments des lobbyistes des assureurs santé intéresseront le gouvernement.
* Les 27 dépliants thématique de la collection « Prévenir », notamment, sont disponibles gratuitement sur commande pour les professionnels de santé à partir du site http://www.ffsa.fr, rubrique « Assureurs, Prévention, Santé ».
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