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Hélène subit des carences en calcium et vitamine D

Publié le 30 août 2023
Par Nathalie Belin
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La concentration sanguine en calcium et vitamine D d’Hélène, 60 ans, est abaissée. Peu consommatrice de produits laitiers, elle doit débuter une supplémentation et bénéficier bientôt d’une ostéodensitométrie.

Ce que je dois savoir

Législation

L’ordonnance ne pose pas de problème.

Contexte

C’est quoi ?

• La vitamine D joue un rôle essentiel dans la régulation du métabolisme phosphocalcique, essentiel à la minéralisation osseuse. Associée à des apports calciques suffisants, elle réduit le risque de fracture chez les plus de 65 ans et le risque de chute chez les plus de 70 ans(1). Son dosage n’est pas recommandé en population générale. Chez les patients ostéoporotiques ou à risque ostéoporotique, il est justifié pour corriger un éventuel déficit.

• Hélène présente des antécédents familiaux d’ostéoporose par sa maman et un faible indice de masse corporelle, deux facteurs de risque d’ostéoporose qui nécessitent, chez la femme ménopausée, une ostéodensitométrie. Celle-ci, via la mesure de la densité minérale osseuse, pose le diagnostic d’ostéoporose ou d’ostéopénie (voir Dico+). Plus la densité osseuse diminue, plus le risque de fracture ostéoporotique (voir Dico+) ou de la hanche augmente. Hélène présente un taux de 25-hydroxyvitamine D (25OHD) de 23 ng/ml et n’apprécie pas les produits laitiers.

• Elle se plaint également d’un mauvais sommeil, avec notamment des réveils nocturnes. Le médecin a proposé un traitement de l’insomnie.

Quelle prise en charge ?

• Chez un patient à risque d’ostéoporose, un taux minimal de 30 ng/ml en 25OHD est recommandé, versus 20 ng/ml en population générale. Une supplémentation est donc de mise pour Hélène. Les recommandations préconisent 50 000 UI par semaine de vitamine D3 durant quatre semaines, puis 50 000 UI par mois(2). Des doses faibles de vitamine D3 dans des intervalles de prise courts semblent mieux stabiliser les taux sanguins de 25OHD que de fortes doses espacées dans le temps. Des prises quotidiennes peuvent être intéressantes mais compromettre l’observance.

• 1 à 1,2 g par jour de calcium sont recommandés chez la femme ménopausée de plus de 50 ans, de préférence via les apports alimentaires(1).

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• En cas d’insomnie, les conseils pour une bonne hygiène de vie et du sommeil sont à prioriser ; un traitement pharmacologique est proposé s’ils ne suffisent pas. La mélatonine à libération prolongée est une option chez les plus de 55 ans – la sécrétion de mélatonine pouvant diminuer avec l’âge -, les benzodiazépines ou apparentés ne sont pas recommandés chez la personne âgée.

Objectifs

Corriger les troubles du sommeil et les déficits en vitamine D et calcium. Des taux normaux sont essentiels à la minéralisation osseuse et à l’action des antiostéoporotiques éventuellement prescrits selon les résultats de l’ostéodensitométrie et des autres facteurs de risque de fracture (faible poids, tabagisme…).

Médicaments

Colécalciférol (Uvedose)

La longue demi-vie de la vitamine D3, liposoluble, la fait recommander pour corriger un déficit en vitamine D. Elle stimule l’absorption intestinale du calcium et son incorporation dans le tissu osseux. Elle a des effets positifs sur la force musculaire(2).

Carbonate de calcium (Calcidose)

Une supplémentation en calcium, essentiel à la formation et à la protection osseuse, corrige des apports alimentaires insuffisants.

Mélatonine (Circadin)

La mélatonine à libération prolongée est indiquée dans le traitement à court terme de l’insomnie chez les 55 ans ou plus. Elle régule les rythmes jour/nuit. Sa sécrétion physiologique débute à la tombée de la nuit, prépare à l’endormissement en abaissant la température corporelle notamment, et favorise le maintien du sommeil au cours de la nuit, sa concentration étant maximale vers 3 à 4 heures du matin.

Ce que je dis au patient

J’ouvre le dialogue

« Le médecin a prescrit un traitement pour corriger un déficit en vitamine D. Que vous a-t-il dit ? » fait le point sur le suivi prévu (ostéodensitométrie, nouveau dosage en vitamine D). « Le médecin a-t-il précisé comment prendre Circadin pour une action optimale ? » rappelle d’associer la mélatonine à des modifications de comportement pour favoriser le sommeil.

J’explique le traitement

Mécanismes d’action

• Colécalciférol et calcium. La vitamine D est essentielle à l’absorption du calcium et à son incorporation dans l’os. Un déficit en vitamine D et/ou calcium est associé à un défaut de minéralisation osseuse et augmente le risque de fracture. Un déficit en vitamine D expose à une diminution de la force musculaire.

• La mélatonine, sécrétée physiologiquement le soir lorsque la lumière diminue, participe à la régulation des cycles veille-sommeil en aidant à l’endormissement et au maintien du sommeil. Elle n’a pas d’action hypnotique mais légèrement inductrice du sommeil.

Mode d’administration

• Colécalciférol : à avaler avec un verre d’eau une fois par semaine. Liposoluble, prendre la capsule de préférence lors d’un repas riche en graisse.

• Calcium : diluer les sachets dans un peu d’eau et prendre 500 mg deux fois par jour plutôt que 1 gramme en une seule fois pour limiter d’éventuels effets indésirables digestifs.

• Mélatonine : prendre le comprimé LP sans le croquer, après le dîner, une à deux heures avant le coucher durant treize semaines maximum.

Effets indésirables

• Colécalciférol : rares réactions cutanées de type prurit voire angioœdème.

• Calcium : constipation, flatulences, nausées, voire sécheresse buccale.

• Mélatonine : céphalées, somnolence, sensations de vertige, nervosité, arthralgie ; rares troubles gastro-intestinaux ou cutanés.

J’accompagne

Le traitement

• Vitamine D : l’observance est essentielle pour normaliser les taux sanguins et prévenir une déminéralisation osseuse.

• Calcium : le prendre tant que les apports calciques alimentaires restent insuffisants.

• Mélatonine : si les réveils nocturnes persistent, recommander une prise plus proche du coucher, soit trente minutes à une heure avant.

Hygiène de vie

• Risques de fracture. Encourager la prise de poids en augmentant ses rations avec des aliments qui font plaisir et un apport suffisant en protéines : 1 à 1,2 g/kg/jour. L’exercice physique régulier (marche, vélo, danse…) renforce la masse musculaire et, notamment pour les sports avec impact (course, tennis…), la matrice osseuse.

• Difficultés de sommeil. Éviter les activités stimulantes au coucher (réseaux sociaux, sport…). Avoir des heures de coucher et lever régulières et s’exposer à la lumière le matin.

Vente associée

Le ginseng, plante adaptogène, reconnue pour améliorer la fatigue physique et mentale, est un bon complément compatible avec le traitement d’Hélène et semble réduire les infections respiratoires hivernales. En cure de quatre à huit semaines à l’automne, renouvelable dans l’hiver : Arkogélules Ginseng bio, Olisma Qiseng, Vit’all+ Ginseng Panax Biologique, Phytostandard Ginseng, Ladrôme Panax Ginseng Extrait de plante bio…

(1) Actualisation 2018 des recommandations françaises du traitement de l’ostéoporose post-ménopausique.

(2) La supplémentation en vitamine D en France chez les patients ostéoporotiques ou à risque d’ostéoporose : données récentes et nouvelles pratiques. Société française de rhumatologie, 2019.

Prescription

M. G., médecin généraliste.

Hélène M. 60 ans, 1,58 m, 47 kg, IMC = 18,8 kg/m2

Ordonnance

Le 28 août 2023

• Colécalciférol (Uvedose) 50 000 UI

1 capsule par semaine pendant quatre semaines puis 1 capsule par mois.

• Calcium (Calcidose) 500 mg

1 sachet deux fois par jour.

• Mélatonine (Circadin LP) 2 mg

1 le soir, une heure avant le coucher.

QSP 3 mois.

Info +

→ Les apports calciques peuvent être estimés sur le site du Groupe de recherche et d’information sur les ostéoporoses (www.grio.org).

Dico +

→ Ostéopénie : elle correspond à une densité minérale osseuse diminuée par rapport à la normale mais pas aussi basse que dans le cas d’une ostéoporose.

→ Fracture ostéoporotique : elle survient après un traumatisme à faible énergie, comme une chute de sa hauteur.

La patiente me demande

« Quels aliments privilégier, en dehors des produits laitiers, pour augmenter mes apports en calcium ? »

Légumineuses, fruits à coque (amandes, noix…), céréales complètes, légumes feuilles (choux, blettes, épinards…), sardines et chocolat en renferment mais moins que les produits laitiers. On en trouve dans des eaux minérales, jusqu’à 500 mg par litre dans Hépar et Courmayeur. Le fromage, notamment les pâtes pressées, peut agrémenter des plats cuisinés et constituer un bon apport (jusqu’à 1 g pour 100 g). (Cf. Table Ciqual et calcium sur anses.fr).