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Les pansements alginates
Dispositifs de choix dans les plaies modérément à fortement exsudatives, les pansements alginates se distinguent par quelques propriétés physico-chimiques et biologiques qui expliquent pourquoi certains sont indiqués et pris en charge dans les lésions hémorragiques.
Définition
• Les pansements alginates sont composés majoritairement d’alginates (> 50 %), associés ou non à de la carboxyméthylcellulose (CMC)
• Ils se présentent sous forme de compresse ou de mèche stérile pour plaies cavitaires, non résorbables, avec des propriétés d’absorption supérieures ou égales à 16 g/100 cm2/30 minutes pour la compresse et 10 g/g d’échantillon/30 minutes pour la mèche.
• Ce sont des dispositifs médicaux de classe IIb, excepté Algostéril de classe III en raison de ses caractéristiques hémostatiques dans les plaies hémorragiques et de ses indications dans les plaies profondes ; Algostéril est le seul alginate indiqué comme éponge chirurgicale
Composition
Les pansements se différencient selon la source de l’alginate, la composition chimique, la structure des fibres et les procédés de textilisation du produit fini, propres aux fabricants.
• Les alginates sont des polymères d’acide alginique obtenu à partir d’algues brunes (pheophycées) telles Laminaria, Macrocystis, Ascophyllum, Fucus… Un polymère est constitué d’éléments semblables – les monomères -, reliés entre eux comme un train et ses wagons. Ici, les monomères sont l’acide mannuronique et l’acide guluronique.
→ La proportion des acides mannuronique (M) et guluronique (G) diffère selon l’origine des algues. Mer chaude ou froide, calme ou agitée, partie anatomique et âge de l’algue, etc. conditionnent le rapport M/G de l’alginate.
• L’acide alginique se trouve dans les algues sous forme de sels insolubles de calcium et de magnésium. Il est transformé en alginate de sodium insoluble sur lequel les industriels « fixent » du calcium. À partir de cet alginate de calcium sont obtenues des fibres qui seront préparées sous forme de compresse ou de mèche. En jouant sur la polymérisation, l’industriel module le rapport G/M initial des algues.
• La structure et la répartition des molécules d’acides mannuronique et guluronique déterminent les propriétés physico-chimiques et biologiques des différents pansements.
→ Un pansement à prédominance guluronique est plus rigide, avec une plus forte liaison avec le calcium, d’où une résistance mécanique plus importante, mais une absorption plus lente.
→ À prédominance mannuronique, il est plus souple, avec une liaison plus faible au calcium.
• Variantes. Un pansement en alginate de calcium pur a un meilleur pouvoir hémostatique. Une proportion d’alginate de sodium amorce mieux l’absorption des exsudats (voir plus bas) ; la présence d’ions sodium permet l’échange ionique avec la plaie sans besoin de rajouter du sérum physiologique. La carboxyméthylcellulose permet une absorption et une gélification plus rapide du pansement, mais une résistance mécanique plus faible.
Mode d’action
• Au contact des liquides biologiques, l’échange des ions Ca2+ du pansement contre les ions Na+ du sang et de l’exsudat entraîne la formation d’alginates de sodium gélifiés. Le pansement sec se transforme progressivement en un gel non adhérent, milieu favorable à la cicatrisation.
• La libération des ions Ca2+ favorise l’activation plaquettaire et la formation de fibrine. Les fibres d’alginate, par leur capacité physique d’absorption et leur rôle de matrice, participent à la formation du caillot. Ces pansements contribuent à l’arrêt du saignement, en agissant de manière non spécifique sur l’hémostase et la coagulation
Indications
• Les alginates sont les pansements de choix dans les plaies modérément à fortement exsudatives en raison de leur pouvoir d’absorption, et pour certains, en cas de saignement mineur. Algostéril est indiqué dans les plaies hémorragiques, et seuls lui et Coalgan le sont chez les patients avec troubles de l’hémostase.
• Ils sont indiqués dans le traitement séquentiel des plaies chroniques très exsudatives en phase de détersion : ulcères veineux, escarres, lacérations, moignons d’amputation, brûlures superficielles… Coalgan est indiqué dans les épistaxis (saignement de nez), les points de ponction (prise de sang…), les saignements cutanés et buccaux (extraction dentaire…) et pour des plaies < 8 cm2 et en relais d’Algostéril.
Présentations
Les alginates se présentent sous forme de compresse non tissée (5 x 5 cm, 10 x 10 cm ; 10 x 20 cm…) et de mèche (2,5 x 30 ou 40 cm…).
→ Alginate de calcium pur. Algostéril (Brothier) compresse et mèche, Coalgan (Brothier) tampon, Coalgan-H (à l’hôpital) compresse.
→ Plus de 50 % d’alginate de calcium. Algisite M (Smith & Nephew) compresse (M)
→ Plus de 50 % d’alginate de calcium + CMC. Askina Sorb (B Braun Medical) compresse et mèche de fibres G (85 %) et CMC (15 %), Biatain alginate (Coloplast) compresse et mèche, Urgosorb (Urgo Medical) pansement (G)
→ Plus de 50 % d’alginate de calcium + alginate de sodium. Sorbalgon (Hartmann) compresse (M), Sorbalgon T mèche, Kaltostat (ConvaTec) compresse, Melgisorb Plus (Mölnlycke Health Care) compresse et mèche.
→ Plus de 50 % d’alginate de calcium + fibres de cellulose. Suprasorb A PRO (Lohmann & Rauscher) compresse (M).
Utilisation
• Mode d’emploi. Après avoir nettoyé la plaie au sérum physiologique ou au savon et à l’eau, appliquer le pansement tel quel sur la plaie, ou préalablement humidifié avec du sérum physiologique. Recouvrir d’une bande et sparadrap ou d’un film non occlusif (Hydrofilm, Opsite, Tegaderm…). On peut les couper avec des ciseaux stériles pour s’adapter à la plaie. À renouveler une fois par jour si la plaie est très exsudative, à tous les deux jours. Pour faciliter le retrait, l’humidifier avec du NaCl.
• Contre-indication. Les produits alcalins, telles les solutions d’hypochlorite de sodium (Dakin), ou contenant de la chlorhexidine, du chlorure de benzalkonium ou des sels de cuivre, en raison d’une incompatibilité physico-chimique. Sinon, rincer abondamment la lésion avec du NaCl à 0,9 % avant.
• Précautions.
→ Éviter l’eau stérile sur la plaie en raison du mécanisme d’action d’échanges entre les ions calcium du pansement et les ions sodium de l’exsudat ; privilégier le sérum physiologique.
→ Ne pas utiliser sur plaies sèches, en phase d’épidermisation ou d’hyperbourgeonnement.
Législation
• Prescription. Elle est autorisée pour les médecins, les infirmiers et, dans le cadre d’un renouvellement, les pédicures-podologues.
• Inscription à la LPP. Les pansements alginates sont inscrits sur la Liste des produits et prestations (LPP) au Titre I, chapitre 3, section 1 « Articles pour pansements », sous-section 7 « Pansements » sous les lignes génériques, sauf Algostéril et Coalgan sous nom de marque et qui bénéficient d’un tarif particulier.
• Prise en charge à la LPP. Compresses et mèches sont prises en charge dans le traitement séquentiel des plaies chroniques en phase de détersion et des plaies très exsudatives. Algostéril est de plus remboursé pour le traitement des plaies hémorragiques et Coalgan pour les épistaxis et autres saignements cutanés et muqueux chez les patients présentant des troubles de l’hémostase congénitaux ou acquis.
• Tarif LPP. Tous, sauf Coalgan, ont un prix limite de vente (PLV) identique – sauf Algostéril – selon la taille du pansement exprimée en cm2 (une compresse 12,5 x 12,5 cm correspond au tarif = ou > 156 cm2 et < 200 cm2 ; une mèche 2,5 x 40 cm à un tarif 100-120 cm2). Coalgan tampon, boîte de 5 (code 1314953) : 2,40 € et PLV : 4,51 €. Un dépassement à faire payer est possible mais limité par le PLV à 2,11 € (= 4,51-2,40).
(1) Les pansements. Indications et utilisations recommandées, Haute autorité de santé (HAS), 2011.
(2) Hémostatiques chirurgicaux, HAS, 2011.
(3) Évaluation des pansements primaires et secondaires, HAS, 2010.
*(M) signifie pansement à prédominance mannuronique et (G) à prédominance guluronique.
Mémento de la délivrance
→ Substitution de marque interdite, sauf autorisation du prescripteur.
→ S’assurer du format de la plaie ; la forme compresse doit déborder d’au moins 1 ou 2 cm des berges de la plaie.
→ Ne pas co-délivrer d’antiseptique, sinon rincer abondamment avec du NaCl avant ; pas d’eau stérile pour humidifier le pansement, au risque de contrecarrer son action.
→ Pas de film occlusif comme pansement secondaire, préférer une bande ou un film semi-occlusif.
→ Pas de dépassement sauf pour Coalgan mais encadré.
Info +
→ Utiliser Coalgan dans l’épistaxis : pencher la tête en avant ; se moucher pour éliminer les caillots ; torsader la mèche sans la couper, ni l’effilocher pour la rendre compacte ; si besoin, l’humidifier au préalable avec du NaCl pour faciliter son introduction dans la narine ; l’introduire et pincer les deux narines durant 10 minutes. Laisser en place au moins 30 minutes et au maximum 24 heures.
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