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« Evitez une attitude de fermeture totale »
Giorgio Siri est président de Federfarma, le syndicat des pharmaciens transalpins. Pour lui, le pire ce n’est pas tant la sortie du monopole mais la présence de pharmaciens dans d’autres circuits de distribution. Interview.
« Le Moniteur » : Comment ont réagi les pharmaciens à cette attaque sur leur monopole ?
Giorgio Siri : Lorsque le décret autorisant la vente des médicaments d’automédication en dehors des pharmacies a été promulgué, en juin 2006, nous avons tous été pris de court. S’ensuivirent des mois de grande tension pour notre profession, préoccupée par les conséquences qu’une telle mesure pouvait avoir à la fois sur la sécurité de la santé des citoyens mais aussi sur tout le système des pharmacies. Dès le départ, nous nous sommes pourtant montrés disposés à collaborer avec les institutions pour trouver une solution équilibrée, sans aspects négatifs, en impliquant aussi le ministère de la Santé.
Quelles étaient vos propositions ?
Notre fédération proposait notamment de consentir la vente à l’extérieur de la pharmacie d’une liste restreinte de produits ne nécessitant pas la présence d’un pharmacien. De cette manière, aurait pu être autorisée une plus ample diffusion sur le territoire, par exemple dans les stations-service sur les autoroutes, de produits utilisés pour soigner les maux les plus communs. Cela aurait en outre permis de garantir des prix plus bas pour le consommateur. Vu l’impossibilité de faire passer cette proposition, nous avons manifesté et fermé nos pharmacies à diverses reprises. En vain ! Federfarma a donc préféré mettre un terme aux discussions et accepter de signer un accord avec le ministère de la Santé. Mais à condition de le lier à une future valorisation du rôle des pharmacies dans le cadre du Service sanitaire nationale [NdlR : l’équivalent de notre Sécurité sociale].
Quel bilan faites-vous un an après la libéralisation du marché ?
Selon les derniers chiffres d’ACNielsen, datant de mai 2007, on compte actuellement près de 800 points de vente de médicaments d’automédication, entre parapharmacies, herboristeries et « corners » dans les supermarchés. Ces ouvertures n’ont guère pesé sur nos 17 500 pharmacies traditionnelles, qui offrent de toute façon une gamme de produits plus ample au public. Et puis les clients, surtout les plus âgés, ont tendance à se rendre toujours dans la même pharmacie, près de chez eux, avec laquelle se renforce jour après jour un lien fondé sur la confiance.
Quelles ont été les stratégies mises en place par les pharmaciens pour affronter cette concurrence ?
Ces ouvertures de nouveaux points de vente ont amené les pharmacies à pratiquer de manière plus générale des rabais sur ce type de produits. Et puis, dans cette perspective, Federfarma veut promouvoir l’élargissement des services offerts par les pharmacies, surtout vers les catégories les plus pauvres de la population. Les modalités pour mettre en place ces nouveaux services pourraient être fixées lors du renouvellement de la Convention pharmaceutique nationale, qui règle les rapports entre les pharmacies et le Service sanitaire national.
Quels conseils donneriez-vous aux pharmaciens français pour éviter que le médicament ne sorte pas également du monopole pharmaceutique ?
Pour éviter que la vente de médicaments d’automédication dans la grande distribution ne soit le prélude à une libéralisation à 360 degrés, il serait préférable d’éviter une attitude de fermeture totale. Il vaut mieux accepter l’idée que l’on peut vendre certains médicaments en dehors des pharmacies et sans le filtre du pharmacien. A condition bien sûr qu’ils soient facilement maniables et sans risques majeurs pour la santé. En Italie, c’est la séparation du pharmacien de la pharmacie qui risque de se transformer en tremplin pour mettre en route une libéralisation plus accentuée.
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