L’officine ne capitule pas
Le marché des pansements n’est pas aussi radieux que l’an passé. En 2006, il rentre dans le rang avec une croissance plus mesurée de 2,6 %. Mais certains segments réservent de bonnes surprises, tels les pansements actifs.
Il ne faut pas se fier à la tendance générale. A l’intérieur du marché des pansements, catégorie par catégorie, les évolutions sont plus contrastées et certaines, même, très satisfaisantes. Ainsi des pansements spéciaux pour ampoules, qui affichent les meilleures progressions 2006, tous segments confondus (+ 16,1 % en volume et + 25,7 % en valeur). Les pansements humides cicatrisants nouvelle technologie, largement utilisés dans les premiers soins des brûlures, réalisent également une bonne année (+ 13,7 %, à plus de 6 millions d’unités). Elles ont totalisé un CA de 284 MEuro(s), représentant 40 % du marché global des pansements. De son côté, le segment des pansements stériles secs cicatrisants affiche un + 5,8 % en volume, à 5,2 millions d’unités vendues, et un – 9,4 % en valeur. Il reste néanmoins le troisième marché en valeur (82 MEuro(s)).
Les pansements actifs en verve
Mois après mois, les ventes de pansements adhésifs protecteurs classiques diminuent et se font rattraper par les actifs (+ 2 % en valeur). Les sparadraps en sont une autre victime (- 1 % en volume, à 11 millions d’unités, + 8 % en valeur, à 36 millions). Les compresses et gazes progressent, eux, de 2 % en volume pour se rapprocher des 20 millions d’unités. Malgré cette hausse, le CA a régressé de 9,4 %, à 82 MEuro(s).
Alimenté par l’innovation, le marché des pansements bénéficie aussi du bon comportement des pansements liquides filmogènes : + 7,4 % en volume, à 7 millions d’unités, pour un CA de 35 MEuro(s) (+ 20,4 %).
Les bandes de maintien et les bandelettes adhésives, marchés plus restreints, progressent aussi en volume (+ 6,5 % et 5,5 %). A contrario, les bandes de contention, pourtant le quatrième marché en valeur, ne progressent que d’environ 2 %).
Comme les années précédentes, de nouveaux pansements ont investi l’officine. Toujours plus techniques et confortables, ils contribuent à renforcer la légitimité officinale sur le terrain des brûlures et plaies superficielles peu étendues. Forts d’un CA de 12 MEuro(s), les pansements liquides ont enregistré une forte progression (+ 50 %). Les croissances les plus remarquées sont celles d’Urgo (+ 68 %) et de Polivé (+ 82 %). Urgodermyl Crevasse s’adjuge à lui seul presque 5 MEuro(s). Le segment des pansements techniques pour crevasses et craquelures est en constante et forte évolution. 3 M (3 % des ventes du marché des actifs en valeur) n’entend pas donner sa part au lion et a aussi investi l’an dernier ce nouveau marché en expansion. La gamme est composée de deux produits avec la même formulation, Skin Crack, un vernis pour les crevasses et les craquelures des mains, et Foot Crack. Chez Tricostéril (14,4 % du marché des actifs), l’innovation dans le domaine du conseil prend sa source directement dans le développement technologique des pansements inscrits à la LPPR (lancement du premier pansement hydrogel grand public pour le soin des brûlures et des petites blessures).
Un marché à croquer à pleine bouche
Chez Compeed, Cécile Gasparian, chef de groupe, parle de 2006 comme d’une année exceptionnelle en termes de résultats : + 32 % de croissance du CA global, dont 20 % sur les pansements pour ampoules (un marché où le labo consolide son leadership avec 72,5 % de parts de marché), + 80 % sur le segment des petites blessures (16,5 % du segment de marché dominé par Urgo, avec 58 % de parts de marché), + 12 % sur les pansements pour cors et callosités.
En revanche, peu de succès pour Urgo Technologie Argent, un pansement destiné aux plaies superficielles nécessitant une surveillance, le bénéfice apporté par l’argent (rôle de barrière antimicrobienne) n’ayant probablement pas été suffisamment bien compris et expliqué.
Le pansement actif s’est trouvé un nouveau terrain à conquérir : la bouche. Le leader du pansement en officine, Urgo (19 000 clients), a lancé un gel précipitant au contact de la salive pour former un film protecteur et cicatrisant. Urgodermyl Aphtes inaugure une nouvelle façon de s’attaquer aux aphtes. Il a réalisé 3 MEuro(s) sur 2006 et est monté directement sur le podium à la troisième place (13,4 % de parts de marché) derrière Pansoral et Lyso 6. « Pour conforter cet acquis, nous engageons sur 2007 des actions auprès des chirurgiens-dentistes et lançons une campagne grand public », annonce Laure Niépce, chef des produits premiers soins Urgo Grand Public.
En janvier 2006, Compeed est parti à la conquête du bouton de fièvre par une approche originale. « Nous avons considéré le bouton de fièvre comme une plaie à cicatriser et à protéger pour éviter tout risque de contamination », explique Cécile Gasparian. Cette stratégie a payé : sur 12 mois, 380 000 unités de patchs invisibles boutons de fièvre sont sorties des officines.
Les laboratoires prennent leur pied !
En 2006, Epitact a continué de construire son succès sur la vente de produits haut de gamme, spécialisés dans le confort du pied, avec en portefeuille 40 produits biomécaniques et cosmétiques. «Toutes nos solutions pour les pieds sont validées par des podologues », indique Claire Mausmus, responsable de la communication.
Si Epitact figure à la troisième place du marché des pansements en valeur, c’est parce que le rayon des cors, callosités, durillons et oignons occupe à lui seul 30 % du marché des pansements en valeur. « Nous sommes leaders en chiffre d’affaires sur ce marché qui était en croissance de 22 % sur 2006 », signale Claire Mausmus. L’an dernier, Epitact a affiché une croissance de 86 % de son CA. Le secret de cette réussite tient à la capacité du laboratoire à innover en matière de traitement et de soulagement des maux des pieds. « 5 % de notre CA est réinvesti en recherche et développement », précise Claire Mausmus. Epitact s’attaque maintenant aux verrues et au pied du diabétique avec un pansement à base de teinture de thuya et d’épithélium, un gel de silicone auto-adhésif breveté. Le laboratoire se préoccupe aussi de construire sa notoriété en communiquant auprès du grand public (en 2006 : actions presse, pub TV sur France Télévisions, fil rouge sur TF1 avec l’émission Le Journal de la santé).
Une claque pour les pansements sprays
Pour continuer sur la lancée de 2006, Compeed accentue sa communication grand public sur ses trois marchés prioritaires (cors et callosités, ampoules, bouton de fièvre) et lance une nouvelle gamme pour la prévention des ampoules chez les femmes « urbaines » portant des chaussures à talon, composée de pansements protecteurs discrets et de demi-semelles à glisser dans la chaussure. Style SOS, c’est son nom, sera en concurrence directe avec les nouveaux pansements Urgo pour ampoules aux talons.
En revanche, service minimum l’an passé pour les pansements liquides en spray, en particulier pour le leader Urgo (60 % de parts de marché avec un CA de 1,6 MEuro(s), en progression seulement de 2 %). Maigre moisson pour le spray Tricostéril (- 2 %) et surtout pour Compeed Liquide (- 43 %), alors que ce secteur, au départ très dynamique, ouvrait de fructueuses perspectives. « On ne peut pas parler de contre-performance mais de déception par rapport à une croissance attendue », indique Florence de Méneval, chef de produit senior de la marque 3M Nexcare. Selon elle, ce bémol résulte d’une utilisation trop large des sprays liquides, compte tenu des inconvénients propres à certaines marques, comme la présence de dérivés alcooliques irritants, le caractère occlusif du pansement liquide qui empêche la cicatrisation ou plus simplement la difficulté d’utilisation. « Ils sont destinés à être pulvérisés sur les coupures et égratignures et non pas sur tous les types de plaies comme cela a pu se rencontrer. Il est donc normal que le consommateur s’en soit détourné, alors qu’il y avait une forte promesse sur ce produit. »
Lancé en 2006, le spray protecteur 3M Nexcare compte bien reconquérir les utilisateurs déçus par les produits de la concurrence. « A la différence d’autres sprays du marché, il est non irritant car sans alcool ni éthylacétate, son application se fait sans douleur et le film invisible laisse respirer la peau », précise Florence de Méneval. Il y a fort à parier que les fabricants trouveront de nouvelles formulations pour relancer un segment pourtant très prometteur.
+ 2,5 %
En 2006, les ventes officinales de pansements représentaient un CA de 713,3 millions d’euros (+ 2,6 % par rapport à 2005), correspondant à 88,4 millions d’unités vendues (+ 5,1 %).
TOP
Bons retours sur Epitact dont les ventes deviennent significatives en volume. Un pharmacien interrogé : « L’indice de satisfaction sur cette gamme est tel que le critère prix s’efface. »
FLOP
Les ventes de pansements liquides à pulvériser ont été poussives. « A leur lancement, ces sprays alcoolisés ont été majoritairement utilisés chez les enfants, lesquels les ont mal tolérés, ce qui a beaucoup porté préjudice à leur image par la suite », fait remarquer un autre pharmacien.
LE POIDS DE LA CONCURRENCE
Avec son offre de pansements actifs complétant ainsi une gamme premiers soins aujourd’hui très complète, la GMS draine une clientèle qui lui permet de récolter près de 40 MEuro(s) par an. Mais elle ne semble pas davantage que les années passées empiéter sur les plates-bandes de la pharmacie. Selon Cécile Gasparian (Compeed), les ventes en GMS ont progressé l’an dernier de 2 % en CA. « En 2002, nous avions des craintes que le marché se banalise avec l’offensive de la GMS sur les pansements techniques, confie Florence de Méneval (3M Nexcare). Le marché en pharmacie a bien réagi et a enrayé la fuite en commercialisant des produits qui ont besoin d’un conseil dispensé par un professionnel de santé et de la caution pharmaceutique. » A bon entendeur…
LES MEILLEURES VENTES
Pansements stériles humides cicatrisants
1 Urgotul 10 cm x 12 cm (10)
2 Urgotul S Argent 10 cm x 12 cm (10)
3 Comfeel Plus Trans. plaque stérile 10 cm (1)
Pansements stériles secs cicatrisants
1 Tulle gras 10 cm x 10 cm (1)
2 Mediset Pansement gras absorbant (10)
3 Jelonet 10 cm x 10 cm (10)
Bandes de contention
1 Elastoplaste HB 2,5 cm x 6 cm
2 Elastoplaste HB 2,5 cm x 3 cm
3 Profore Kit bandes de contention cheville
Pansements spéciaux
1 Compeed ampoules MM 7 cm x 4 cm (5)
2 Compeed patch invisible B FI
3 Compeed ampoules PM 2 cm x 46 cm (6)
Sparadraps
1 Omnifix 10 M x 10 cm
2 Urgoderm 10 M x 10 cm
3 Micropore géant
Pansements adhésifs
1 Urgodermyl crevasse
2 Urgodermyl aphtes
3 Sparaplaie 10 cm x 7 cm (10)
Bandes de maintien
1 Nylex 4 M x 10 cm
2 Stérilux 4 M x 10 cm
3 Velpeaunyl 4 M x 10 cm
Urgo toujours leader
Les laboratoires Urgo dominent toujours le marché, détenant 39 % de parts de marché en valeur sur l’année 2006. Compeed (22 %) lui emboîte le pas. Arrivé en 2004, Epitact (12 %) s’est hissé rapidement sur le podium grâce notamment à un positionnement prix supérieur à ses concurrents et à une implantation réussie dans plus de 8 000 pharmacies.
Polivé se maintient (8 %) tandis que la cinquième place est occupée par Scholl (4 %), une marque bien implantée en grande surface mais désireuse d’affirmer sa présence en officine.
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